Quelle destination pour Damiba ? Abidjan, comme Compaoré ou Dakar comme Zida ? Ou tout simplement rester au pays comme Kaboré ?
Après le coup de force d’Ibrahim Traoré et de ses hommes, le président de la transition burkinabè, lui-même arrivé au pouvoir par les armes en janvier dernier, a finalement renoncé à ses fonctions. L’annonce est imminente.
Sous la pression d’une partie de l’armée, et après 48 heures de confusion, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est finalement résolu à démissionner de ses fonctions de président de la transition, ce dimanche 2 octobre au matin. Selon nos informations, le document a été signé en début de matinée, à 9h heure locale, à la base aérienne de Ouagadougou. Une annonce officielle doit maintenant être faite dans les minutes qui viennent.
Arrivé au sommet de l’État par les armes, après avoir renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, il sera resté à peine plus de huit mois au pouvoir. Le capitaine Ibrahim Traoré, chef du 10e Régiment de commandement d’appui et de soutien (10e RCAS) basé à Kaya, lui succède à la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).
Hier encore, et alors qu’une frange de l’armée s’était soulevée pour réclamer le versement de primes impayées d’abord, puis tout bonnement le départ de Damiba, dont la destitution a été annoncée vendredi soir sur les ondes de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), l’équilibre des forces avait paru incertain.
Mais les négociations, en partie menées sous l’égide des religieux, d’un représentant du Mogho Naaba, le plus influent chef traditionnel du pays, n’ont pas permis aux deux camps de trouver un compromis. Ce dimanche matin, une large partie de l’armée a fini par apporter son soutien à l’unité Cobra, à l’origine de la mutinerie, ne laissant d’autre choix à Damiba que d’accepter sa défaite.
« Éviter une guerre fratricide »
Samedi 1er octobre, il s’était pourtant exprimé sur la page Facebook de la présidence, appelant les putschistes « à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n’a pas besoin dans ce contexte ». Affirmant qu’il n’avait pas quitté le pouvoir, il avait formellement démenti s’être réfugié dans la base française de Kamboinsin.
« Ce n’est qu’une intoxication pour manipuler l’opinion », avait-t-il ajouté, répondant ainsi aux accusations des putschistes qui, dans une allocution télévisée, avaient affirmé qu’il « planifi[ait] une contre-offensive » depuis une « base française » près de Ouagadougou.
Paris avait rapidement démenti, mais cela n’avait pas empêché les manifestants de prendre pour cible l’ambassade de France à Ouagadougou et l’Institut français de Bobo-Dioulasso. Quelques heures plus tard, dans la soirée du samedi 1er octobre, le capitaine Traoré avait tenté de calmer le jeu.
L’ombre des Russes
« Il y a une base qu’on appelle Kamboinsin, où il y a une base française, a-t-il expliqué à France 24. Lorsqu’on exfiltre quelqu’un vers cette base, on dit la base militaire française de Kamboinsin. Je sais que la France ne peut pas s’ingérer directement dans nos affaires. Si on a d’autres partenaires aujourd’hui, qui peuvent nous soutenir, ne voyez pas forcément la Russie. Les Américains sont nos partenaires actuellement, on peut avoir aussi la Russie comme partenaire, donc il ne s’agit pas de la France ou d’un problème de Russie et de Wagner. »
Avec AFP et Jeune-Afrique
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