Une flopée de lobbyistes pour faire fléchir les autorités ivoiriennes
Avec des pertes évaluées à plusieurs milliards de Fcfa rien que pour le tabac et les produits dérivés, la contrebande des produits constitue une problématique majeure pour les autorités ivoiriennes. A l’instar des autres pays du monde, la Côte d’Ivoire a décidé de se doter d’une expertise efficiente pour mettre en œuvre des technologies digitales de marquage, de traçabilité et d’interopérabilité des produits à ses frontières. Et si plusieurs opérateurs du domaine frappent déjà à la porte de la Côte d’Ivoire, il en est un dont l’évocation du nom fait déjà grincer des dents.
Notamment l’entreprise suisse Sicpa, spécialiste en solution d’authentification.
Quand bien même l’appel d’offre n’est pas encore ouvert, les démarches de cette entreprise auprès des autorités ivoiriennes ne suscitent pas que de l’enthousiasme dans la sphère socioéconomique ivoirienne. Et pour cause.
Les coûts proposés par le géant suisse sont, selon plusieurs acteurs, excessifs frôlant le triple des tarifs des entreprises concurrentes sur d’autres marchés comparables. De plus, l’entreprise, depuis 2015, est sous le coup d’une procédure pénale initiée par le ministère public de la confédération suisse pour des soupçons de pratiques illégales. Cela, dans pas moins de 14 pays. Et l’implication active de lobbyistes de renom dont Dominique Strauss Kahn, les anciens ambassadeurs français en Côte d’Ivoire Gilles Huberson ou Jean-Marc Simon, et Eric Besson, ancien ministre chargé de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique de Nicolas Sarkozy, désormais aux commandes du département Afrique de Sicpa, pour l’implantation de l’entreprise sur le continent, ne semblent pas avoir redoré le blason de l’entreprise encore moins fait évoluer les avis.
Privilégier plutôt le plus offrant
La viabilité et l’efficacité des solutions de traçabilité et de suivi doivent être des critères importants à prendre en compte par l’Etat ivoirien, dans le choix du prestataire. Ce qui a été le cas en Europe. Avec l’appui de Dentsu Tracking, une marque de Dentsu Aegis Network, la Commission européenne et 27 États membres de l’Union sont en effet parvenus, fin 2019, au suivi de plus de 22 milliards de produits provenant de plus de 1,4 million d’installations et de plus de 700 000 opérateurs économiques.
Une performance saluée par les différentes parties. Cela, d’autant plus que ladite solution garantit que le système de suivi et de traçabilité demeure sous le contrôle total des autorités publiques, y compris l’accès aux données collectées.
Lors du Brexit, Her Majesty’s Revenue & Customs (HMRC), le ministère des Finances britannique avait désigné un autre opérateur à savoir la société britannique De La Rue. Par la suite, il était revenu sur sa décision en novembre 2021 dans le cadre d’une procédure de marché public où le choix a finalement été de revenir à la solution européenne, Dentsu Tracking.
Ce système a effectivement été remis en place le 1er juillet 2022 et fournit au gouvernement britannique une fonctionnalité de traçabilité numérique, fondée sur des données, pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du tabac.
C’est une voie toute tracée pour l’Etat ivoirien, pour privilégier l’opérateur le plus efficace, ayant déjà fait ses preuves, et surtout, irréprochable à l’aune de critères de moralité et de transparence. Toute chose qui devrait soutenir les efforts de promotion de la bonne gouvernance dans laquelle le pays s’est fortement engagé.
KB, correspondance particulière
Commentaires Facebook