À Yopougon la surprenante réaction du révérend Dion après le pardon de Gbagbo aux églises évangéliques pour les torts subis

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Revenu en Côte d’ivoire depuis le 17 juin 2021, c’est ce dimanche 13 février 2022 que Laurent Gbagbo remet pied à Yopougon. Cette commune qui était autrefois acquise à sa cause et qui a payé un lourd tribut à la guerre postélectorale de ce fait. Mais ce retour sur « ses terres » n’est pas celui qu’il espère et qu’il prépare. Ce fût une visite fraternelle aux chrétiens évangéliques et surtout à leurs leaders, le pasteur Robert Dion en tête et qui auront pris fait et cause pour lui pendant la longue crise qui s’est conclue ce triste 11 avril 2011.

Et pour faire corps avec ses hôtes rassemblés ce jour à l’Eglise protestante baptiste œuvres et missions internationales ( Epbomi) de Yopougon, il commence son adresse par : « Je connais cette maison, je connais ces bâtiments où je suis venu discuter pour chercher la paix du cœur ». Non sans tresser des lauriers au maître des lieux, le guide Robert Dion qui selon Laurent Gbagbo, est aussi un « bon conseiller ».

« Chers frères, ma première parole c’est « yako » (compassion, ndlr) à l’église évangélique. Quand j’ai été arrêté en 2011, certaines personnes pas trop cultivées ont estimé qu’il fallait attaquer et décimer les évangéliques parce que j’étais leur fruit », lâche-t-il entre deux raclements de gorge dans une salle suspendue à ses lèvres.

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Laurent Gbagbo s’est par la suite lancé dans un développement qui a duré près de 45 mn d’horloge avec des airs de pasteur puisant dans sa culture livresque et dans sa connaissance de la bible, le tout avec un humour apprécié par son auditoire. Il dépeint un sombre tableau, cette mésaventure de l’église dans son ensemble au lendemain de sa chute faite de brimades, de vandalisation de lieux de culte, de tuerie, de traque et d’exil forcé d’hommes de Dieu. « Au nom de ceux qui ont fait ça, je voudrais dire pardon aux églises évangéliques et je voudrais leur demander de faire comme Jésus », lance-t-il. Ici, il fait référence à l’amour du Christ qui malgré sa capacité à changer la situation en sa faveur s’est laissé arrêter, juger, crucifier et enterrer avant sa résurrection le troisième jour. Pour Laurent Gbagbo, il a fallu ce geste de Jésus pour que le christianisme soit. Il fait également référence à sa propre situation arguant qu’il a fallu ce 11 avril 2011 pour que son monde se retrouve aujourd’hui. « Quand on m’a arrêté, c’était au cri de Gbagbo, c’est fini ! 10 ans après Gbagbo parle. Donc Gbagbo ne peut pas finir. Il y a des leçons comme ça que Dieu donne », relève Laurent Gbagbo.

Entre autres morceaux, il a tenu à remercier le pasteur Dion et ses pairs pour leur attitude qui a empêché une guerre inter-religieuse en Côte d’ivoire. Et que tout ce qui a été fait contre l’église l’a été en vain. Inspiré et optimiste, Laurent Gbagbo a dit pour clore son propos : « Pasteur Dion, je te prie d’être le pilier et le socle des évangéliques ».
Le Réverend Dion, prenant la parole en dernier lieu, a été bref. Tout a été dit, fait-il savoir avant de lancer un appel à faire séance tenante une offrande au frère, au père, au grand-père Gbagbo « qui est privé de son droit pour manger », allusion faite à sa rente viagère qui reste gelée.

Dans son discours d’ouverture Dr Djaman au nom du consistoire évangélique, la nouvelle faîtière des eglises présidée par Robert Dion, a donné quelques nouvelles. Il a fait savoir que l’église n’a cessé de prier depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo pour obtenir sa libération. Il rappelle les agressions subies après avril 2011 mais rassure que les chrétiens ont tout pardonné. Mieux ils ont mis en place leur nouvelle organisation, le consistoire sur les cendres de l’ancienne organisation emportée par la crise postélectorale.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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