Audace Institut Afrique, le think tank dirigé par Gisèle Dutheuil vient de rendre les premières conclusions de son projet « Acteur Communau’ Terre ». C’était au cours d’une conférence de presse organisée vendredi 17 décembre à Friedrich Naumann, la fondation allemande sise à Cocody Danga. Friedrich Naumann est l’organisme qui a financé le programme développé par Aia dans 7 villages de Côte d’Ivoire. Des villages de production cacaoyère mais qui ont chacun leur particularité.
Selon les conférenciers Gisèle Dutheuil et Sosthène Koffi, chargé des programmes du foncier rural à Friedrich Naumann, le projet vise à clarifier les droits fonciers pour améliorer la gestion des terres dans les villages choisis. Le tout en favorisant le programme national de sécurisation foncière mené par l’Agence foncière rurale ( Afor).
Sur cette base, 7 villages ont été visités. Ce sont : Goya 1 et Yaoudé dans la région du Cavally, Barata et Manoufla dans la Marahoué, Gnondrou dans le Guémon, Kacoubroukro dans la région des Lacs et Odoguié dans l’Agnéby-Tiassa. Ces localités ont la particularité d’être soit des zones à forte migration étrangère, soit des zones à faible migration étrangère, soit proches de villes à forte urbanisation, soit des zones anciennement occupées par la rébellion. On y produit du cacao et la pression foncière y est manifeste, produisant souvent des tensions communautaires et des conflits.
Pour Audace Institut Afrique (Aia), il fallait clarifier les droits fonciers des uns et des autres : propriétaires terriens, tuteurs et planteurs migrants. Ceci paraissait au départ comme un saut dans l’inconnu assez risqué vu que la gestion de la terre est souvent confligène. Mais à l’arrivée, avec l’introduction des nouvelles technologies comme le GPS dans la délimitation des terroirs villageois, tout le monde est tombé d’accord sur le bien-fondé de cette mission jugée salvatrice et source de cohésion par tous, dans les endroits visités.
L’approche consistait à former des comités villageois de gestion foncière rurale à l’usage du GPS pour délimiter les parcelles, informer les exploitants des terres sur leurs droits, améliorer les pratiques en matière de passation de contrats agraires, archiver les informations foncières contenues sur une carte géographique du village.
La méthodologie mise en œuvre a permis de délimiter 7 territoires villageois, soit un peu plus de 37.000 ha de terre. En plus, les 7 comités villageois de gestion foncière rurale ont été recomposés de manière à y inclure toutes les parties prenantes. 30.000 personnes ont été touchées pour 1887 exploitants agricoles enregistrés. Le projet aura également permis de créer de nouveaux emplois locaux soit 35 arpenteurs ou opérateurs Gps. Ils sont aujourd’hui des références dans leurs zones de compétence et sont même sollicités par l’administration préfectorale pour régler techniquement des litiges fonciers.
Dans le film institutionnel projeté, tous les intervenants y compris des chefs de villages et de communautés ont reconnu que ce projet leur a apporté la paix en réduisant la méfiance entre planteurs migrants et leurs tuteurs. Des migrants ont même témoigné à visage découvert pour saluer ce travail qui leur a permis de se rapprocher de leurs tuteurs, ayant été rassurés sur leurs droits et devoirs.
Selon Audace Institut Afrique, environ 1,2 % seulement des terres rurales sont enregistrées légalement. Des solutions sont donc à rechercher en vue de faciliter la certification foncière et la contractualisation sur les terres.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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