A quelques encablures de la fin des assises de la COP26 à Glasgow, force est de reconnaître que la question relative à la place qu’occuperont désormais les ressources fossiles dans le contexte nouveau du mixte énergétique mondial n’a toujours pas fini d’être tamisée par les parties prenantes.
Faudra-il carrément les abandonner de manière immédiate et radicale, au regard de l’urgence climatique actuelle, ou plutôt les réduire à des quotas ? Faudra-t-il envisager de les utiliser différemment, par le biais d’autres filières industrielles non nécessairement pétrolières ni gazières ? Ou faudra-t-il tout simplement continuer avec des procédés oil & gas innovants qui répondent à un paradigme opérationnel nouveau ?
A ces questionnements, les avis semblent plus que clairs à présent même si aucun consensus n’a encore pu germer du fait qu’il s’agit certes d’avis clairs mais d’avis contradictoires.
Pour l’Australie et la Chine par exemple, il n’est pas question de sortir du charbon. Et donc, leurs mines et leurs centrales à charbon sont censées rester en activité pour des décennies à venir, ont-ils fait savoir en ce début de semaine. A l’opposé, d’autres ont annoncé devoir arrêter leurs investissements fossiles à l’étranger d’ici la fin de la prochaine année 2022.
A l’unanimité au demeurant, tous reconnaissent le grand intérêt d’accorder plus de visibilité contributives aux énergies renouvelables et sont d’ailleurs favorables à continuer à les implémenter jusqu’à hauteur des objectifs fixés par la COP21.
A l’instar donc des autres intervenants ayant eu à s’exprimer au sujet du charbon, du pétrole et du gaz, la vision africaine est tout aussi claire. Bien vrai qu’elle soit abondamment dotée de potentialités en termes d’énergies renouvelables exploitables, l’Afrique bute sur des difficultés de financement.
Cette problématique persistante demeure une préoccupation majeure pour plusieurs pays soumis à d’autres urgences et priorités. Au nombre donc des solutions d’autofinancement possibles, beaucoup prévoient de continuer à exploiter leurs ressources fossiles pour se donner les moyens de constituer le capital nécessaire à la réalisation de ces projets.
Dans une sorte de péréquation, pour ainsi dire, cela revient à envisager qu’une part de la rente issue de l’exploitation des ressources fossiles puisse en un mot contribuer à financer la transition énergétique. Bien avant l’entame de cette COP26 de la dernière chance pour le climat, nous l’évoquions déjà comme une éventualité tout de même intéressante et ce, au regard des réalités, des moyens et des intérêts propres à chaque Etat plus ou moins industrialisés.
Plusieurs pays africains abondent dans ce même sens avec donc la ferme conviction qu’il est pour l’instant trop tôt pour eux de tirer un trait final sur leurs ressources pétrolières et gazières. Celles-ci constituent des postes stratégiques de premiers rangs dans leur plan de développement national et un soutien de taille pour leur croissance. Ce n’est donc pas la COP26 qui sonnera la fin de l’ère pétrolière en Afrique.
D’une part, la production continentale africaine reste encore globalement modeste vis à vis de l’offre mondiale, arrondie à 100 millions de barils produits par jour. Et d’autre part, la contribution effective aux émissions de gaz à effet de serre directement imputable au continent est bien aussi modeste. Même s’il ne convient pas d’évoquer ces sujets en des termes non appropriés de grands et petits pollueurs, force est de reconnaître que l’Afrique est loin de ceux qui sont à indexer.
Autant utiles que nécessaires, des plates-formes de production offshore et onshore, des sites pétrochimiques, des raffineries pétrolières, etc. verront encore le jour pour consolider la filière oil & gas en Afrique. En Lybie, au Nigeria, etc. des ouvrages en constructions sont en cours. Ce sont des fleurons industriels et économiques à bien d’égards.
Alors, pourquoi pas la Côte d’Ivoire qui est d’ailleurs assise sur des bassins sédimentaires très prometteurs et qui dispose d’une activité pétrolière à faible externalité négative?
La poursuite de l’exploration pour la découverte d’autres gisements majeurs, la construction d’une 3ème raffinerie pétrolière, etc. sont des axes de progrès porteurs pour le pays qui, tout en poursuivant par ailleurs la hausse de son patrimoine énergétique renouvelable pour viser les 45% requis au minimum, continue à œuvrer dans le sens avantageux de la diversification énergétique.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies.
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