L’orientation sexuelle: Un universitaire s’invite au débat/ à la polémique créée par le gouvernement en Côte-d’Ivoire

L’orientation sexuelle, d’après le principe de Jogjakarta, « fait référence à la capacité de chacun à ressentir une profonde attirance émotionnelle, affective et sexuelle envers des individus du sexe opposé, de même sexe ou de plus d’un sexe ». Ce qui permet de diviser l’orientation sexuelle en termes d’homosexuel, d’hétérosexuel et de bisexuel.

Au regard de cette définition, l’opposition ivoirienne avait raison de s’inquiéter quant à la perspective d’une introduction de ce concept dans la législation ivoirienne.

Au niveau mondial, il existe des réactions farouchement opposées à ces pratiques sexuelles sus-évoquées, allant de la privation de liberté à l’élimination physique des personnes concernées, parce qu’elles sont jugées contre-nature, immorales, infectes, déshumanisantes par 76 pays du monde dont 33 en Afrique (Carroll, 2016).

En effet, sur le continent, la question de l’orientation sexuelle fait débat. Gueboguo (2006), dans son article scientifique intitulé « L’homosexualité en Afrique : sens et variation d’hier à nos jours », pour faire comprendre aux africains que l’homosexualité a toujours fait partie de leur vie. A ce jeu, s’est également prêté l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui a produit plusieurs articles notamment « L’Afrique est-elle homophobe ? en 2010 ; Homosexualité, politique, religion : l’Afrique, le continent homophobe ? en 2014 ; La lutte contre l’homophobie et la transphobie fait partie de l’histoire de la résistance africaine, en 2017 » pour pousser les africains à reconnaître cette partie de leur histoire non attrayante. Seulement comme a indiqué Gueboguo (op.cit), ces pratiques sexuelles, précisément l’homosexualité était pratiquée en catimini, au sein de certains groupes de pairs ou lors de rites initiatiques.

L’objectivité scientifique a poussé Gueboguo à reconnaître indirectement que l’homosexualité n’était pas pratiquée sur tout le continent et que ce n’était pas une valeur admise et partagée par tous comme un pacte social pour paraphraser Rousseau, là où elle se pratiquait.

Le bon sens étant la chose la mieux partagée ; en Côte d’Ivoire, le bon sens n’admet pas encore l’introduction du concept d’orientation sexuelle dans sa législation, désirant mettre au même niveau l’homosexualité et l’hétérosexualité. Ou encore, ce que le bon sens ivoirien admet, c’est l’hétérosexualité sans pour autant dénigrer, discriminer, tuer ceux qui osent d’autres pratiques sexuelles. Ce que confirme l’article de Jeune Afrique du 21 janvier 2014 qualifiant la Côte d’Ivoire « d’îlot de tolérance ». Plantant le décor d’homosexuels bien intégrés à travers ces extraits : « Murs rouges, plafonds noirs, sono qui crache du coupé décalé, trois hommes souriants qui se déhanchent en rythme sous le regard amusé d’une clientèle à 95% masculine : à Abidjan, les homosexuels ont aussi leurs bars où ils peuvent vivre leur différence » ; il faut dire qu’en Côte d’Ivoire, RIEN NE PRESSE en termes d’évolution des perceptions sur les pratiques sexuelles diverses. Ce qui presse, c’est trouver des solutions durables pour lutter contre le phénomène des microbes, des gnambros, la tontine sexuelle au secondaire, les grossesses précoces au primaire et le viol des enseignantes par exemple.

En France, lorsque le Président François Hollande promulguait la loi sur le mariage homosexuel, la société française, pourtant évoluée sur les questions de droit de l’homme ; et athée (4ième place derrière la Chine, le Japon et la République Tchèque) selon le journal Le Monde (https://www.lemonde.fr//les-decodeurs/article/2015/05/07/une -grande-majorite-de-francais-ne-se-reclament-d-aucune-religion vu le 11/11/2021 à 15h32), a manifesté sa désapprobation vis-à-vis de cette loi sans récuser aux homosexuels leurs droits de citoyens français. Mais, ce que la France indignée n’acceptait pas, c’était qu’on la force à concevoir désormais l’homosexualité comme une pratique sexuelle naturelle. Or, une valeur s’impose d’elle-même dans la conscience collective sans que l’on use de décret, d’arrêté, de loi, de forcing, de violence.

Il est vrai que certains gouvernants africains veuillent montrer aux occidentaux qu’ils ont un peuple très assimilé à leurs mœurs, mode de vie, en vue de profiter de leur largesse et protection ; mais, il faut lors d’introduction de tel concept dans la législation, une approche multidisciplinaire en phase avec la réalité sous leur tropique afin d’éviter de heurter des sensibilités africaines toujours marquées par une culture, des croyances, des us et coutumes légués par les ancêtres.

D’où l’importance, pour les jeunes Etats comme la Côte d’Ivoire, de docteurs en Anthropologie, pour étudier l’ivoirien du passé comme du présent pour comprendre culturellement l’orientation sexuelle chez les peuples du nord, du sud, de l’est, de l’ouest et du centre ; en Sociologie, pour comprendre la dynamique sociale donc les relations, actions et représentations sociales par lesquelles se constituent la société ivoirienne afin de voir comment elle fonctionne et se transforme avec ce genre de concept ; en Criminologie, pour analyser les interactions conflictuelles nées des transformations sociales engendrées par l’introduction de tel concept et les prévenir ; pour ne citer que ces opportunités qu’offrent les sciences sociales à un Etat.

Bref, pour revenir à ce qui fait l’actualité, pour élaborer donc de tel projet de loi, il importe à l’Etat de recourir par exemple à ses Unités de Formation et Recherches afin qu’elles se prononcent sur l’utilité de telles dispositions avant qu’elles ne soient débattues à la table des rois. Ou encore, fait appel au peuple souverain de Côte d’Ivoire, lors d’un référendum, pour se prononcer sur des questions cruciales, délicates qui touchent à la morale, aux valeurs, aux mœurs, aux croyances, aux us et coutumes.

OINDJI Koré Charles

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