Bon nombre de pays en voie de développement n’ont que les ressources fossiles pour entretenir un certain niveau de croissance et autofinancer leurs projets de développement. ll est d’office manifeste que leur demander de s’en débarrasser brusquement risquerait de leur être plus préjudiciable que bénéfique à terme.
S’ils n’ont en fait d’autres choix stratégiques que de continuer à les exploiter alors, mieux vaudrait aller sur des compromis plutôt qu’ériger des blocages qui créeraient des frustrations.
A cet effet, une idée serait de les accompagner à poursuivre leur production mais autrement. En leur faisant par exemple des propositions idoines en terme d’innovation et ce, sans compter qu’un appui financier et technologique à leur égard ne viendrait pas de trop, l’on pourrait y arriver.
En effet, la COP26 de Glasgow est la conférence climatique où l’on vient pour présenter, à la face du monde, sa feuille de route bas-carbone, une feuille de route en principe censée tenir compte des réalités et des moyens effectifs de chacun.
C’est pourquoi avant tout, elle se doit d’être une cathédrale de rencontres d’idées et de compromis où l’on se prédispose par avance donc à écouter, apprendre et recevoir des autres.
Mais si l’on y va juste dans l’intention de « dire ce qu’on à dire et rentrer chez soi », il est certain que l’échec pointe déjà à l’horizon. Car il n’y a pas de vérité absolue qui tienne sans gage de flexibilité quand l’intérêt communautaire est engagé.
Et ici en l’occurrence, notre intérêt à tous est de garantir la quiétude climatique de la planète en œuvrant collectivement dans le sens des transitions écologiques et énergétiques dûment établies en congruence avec les consignes de la COP.
Plus un pays s’industrialise et plus sa propension à émettre des gaz à effet de serre s’accroît proportionnellement. Vu de ce postulat en effet, les pays les moins industrialisés du monde se rangeraient dans la frange des petits pollueurs.
C’est bien le cas actuellement de plusieurs pays africains affichant un faible taux d’industrialisation nationale.
Ils n’ont pas nécessairement tort si l’on reste dans le sens du modèle ancien de l’industrie. Celle qui émet à outrance des panaches de polluants dans l’atmosphère et qui pollue en outre les divers milieux terrestres et aquatiques.
Aujourd’hui toutefois, beaucoup d’industries sont en capacité d’exercer leurs activités autrement, c’est à dire sous un label nouveau d’industries dites vertes. Le taux d’industrialisation ne sert donc plus comme un critère déterminant en matière de classification des pollueurs.
En pratique, l’on tient compte désormais en plus de l’impact direct qu’a la pollution sur les populations et l’écosystème immédiat où nous vivons. A ce exercice, nous sommes tous de grands pollueurs car nous sommes directement victimes de nos émissions. Il n’y a qu’à le constater.
Raison pour laquelle, à la différence de la COP3 de Kyoto énonçant en décembre 1997 un engagement des seuls pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, la COP21 de 2015 à Paris s’est conclue par un accord universel de tous en faveur des stratégies bas-carbone.
Depuis lors donc en réalité, il ne convient plus de parler de petits ni de grands pollueurs. A cet effet, la présente COP26 n’a pas vocation à être une conférence de petits ni de grands pollueurs. Elle ne regroupera que des partenaires climatiques.
Il n’est donc pas opportun d’aller à Glasgow pour faire du blocus au prétexte d’être un petit pollueur. La transition énergétique ayant été actée, la mouvance actuelle est de tous contribuer à l’évitement irréversible du dérèglement climatique, chacun à la mesure de ses moyens mais sans ramer à contre-courant des autres.
Pour certains donc, il s’agira d’arrêter la production de voitures à moteurs thermiques d’ici 2035.
Ils n’auront plus que des véhicules électriques en circulation sauf que s’ils sont dans une logique dite de zéro-pétrole, ils devraient également songer à comment produire des pneus ou même ériger des routes à bitumer sans recourir à des intrants d’origines pétrolières.
Par ailleurs, ceux qui militent pour le zéro-pétrole, sans se soucier de proposer des solutions de substitution durables, devront se rendre à l’évidence que la fin de l’ère pétrolière n’est pas pour demain.
Car à n’en point douter, l’industrie pétrolière est à l’écoute et souventes fois même à l’initiative d’inédites directives climatiques et environnementales à l’égard desquelles sont sans cesse et sans ménagement aucun engagés des programmes d’investissements visant à réduire l’impact carbone et les rejets pouvant nuire à l’environnement.
Les carburants essence sans plomb, essence sans matières aromatiques, gasoil routier à faible teneur en soufre, etc. associés à l’essor du bio-carburant de même qu’au contrôle rigoureux des rejets d’effluents pour éviter la pollution des sols, des eaux et de l’air sont aujourd’hui des résultats de la volonté clairement affichée des pétroliers d’être des acteurs de la COP.
Utilisé à bon, le pétrole et le gaz ne sont nécessairement pas donc incompatibles aux objectifs de développement durable.
Dans ce contexte transitionnel donc, autant il ne faudrait pas aller à Glasgow pour annoncer qu’on entend se braquer sur nos propres objectifs, sans se soucier des autres, autant il ne faudrait pas y prédire des objectifs irréalistes que l’on n’est pas capable d’assumer.
Car n’oublions pas en effet que la présente crise énergétique que nous vivons tire son origine première d’une exécution non contrôlée et hasardeuse de certaines initiatives censées être en faveur de la transition énergétique.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies
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