Le nouveau parti de Gbagbo en Côte-d’Ivoire franchit un nouveau cap avec la nomination de son président exécutif

Le lundi 25 octobre, le nouveau parti de Gbagbo va franchir un nouveau cap avec la nomination d’un président exécutif et la publication des organes de direction ainsi que les hommes qui vont les animer. Autant dire que c’est la veillée d’armes.

Fini le congrès, cette nouvelle étape est d’autant plus importante qu’elle va impacter la suite de la marche du dernier ne des partis politiques de Côte d’ivoire, le PPA-CI. Selon un communiqué du directeur de cabinet de Laurent Gbagbo, l’ambassadeur Emmanuel Aka, c’est ce lundi que seront connus les organes de direction du PPA-CI. Une autre nomination attendue. Il s’agit de celle d’un président exécutif qui devrait ce même jour animer un point de presse selon le même communiqué.

En attendant ce jour, l’on conjecture déjà sur le nom de celui que va oindre Laurent Gbagbo pour conduire les destinées du parti sous sa vision éclairée.

Pour les observateurs, cela ne fait l’objet d’aucun doute. L’homme le plus en vue, celui qui mérite de porter les aspirations gbagboistes est Justin Kone Katinan, le nouveau chouchou des Gors. L’homme est administrateur de service financier et a été longtemps été dans l’ombre avant d’être révélé par la crise postélectorale à la tête du ministère du budget. Durant son long exil au Ghana, Katinan aura été un martyr et faisait office de l’homme le plus recherché par le régime Ouattara. Par deux fois, ce régime a annoncé son extradition en Côte d’ivoire sous des airs triomphateurs. Échec et mat. Katinan a toujours échappé aux pièges. Tout s’est accéléré pour lui avec la libération de Laurent Gbagbo le 31 mars 2020. Des négociations menées avec le régime facilitent son retour en Côte d’ivoire. Il prend vite de l’ascendant dans les préparatifs du retour de Laurent Gbagbo en conduisant avec maestria la commission communication du comité d’organisation mis en place. Les militants retiendront de lui, la stature d’un homme habile quoique n’ayant pas été formé au métier de la communication. Depuis lors,il est devenu l’homme des grands débats. Katinan jouit d’une bonne réputation à l’international avec une connaissance peaufinée de l’anglais.

Si Katinan demeure le favori, il n’en demeure pas moins que d’autres personnalités peuvent toujours être préférées à lui. Parmi celles-ci, il y a l’endurant camarade de lutte, Ahoua Don Melo, rentré d’exil, ancien ministre, ancien Dg du bureau d’études techniques et de développement (Bnetd). Docteur ingénieur des travaux publics, mathématicien, Ahoua Don Melo est un homme du sérail de Laurent Gbagbo. Il fut d’ailleurs le porte-parole de son éphémère gouvernement de 2010/2011 durant la crise postélectorale. Il s’était ensuite réfugié au Ghana puis en Guinée où il a occupé le poste de conseiller du président Alpha Condé avec qui il partage les valeurs du socialisme. Ahoua Don Melo fait office de favori pour être l’exécutif du PPA-CI même si sa proximité de Simone Gbagbo peut lui jouer des tours.

S’il y a un homme que les pro-Gbagbo portent en estime pour son charisme et pour sa fidélité à la ligne idéologique de Laurent Gbagbo, c’est sans contexte Hubert Oulaï. L’actuel député de Guiglo est un universitaire qui a très tôt rejoint le Fpi dont il fut jusqu’au congrès du PPA-CI, le président du comité de contrôle, l’organe chargé de la conformité des actes. Homme d’expérience mais surtout modéré et affable, Hubert Oulaï a la chance d’être un homme transgenerationnel qui peut parler aux aînés comme aux jeunes. Il avait dirigé le département déblaiement Fonction publique sous Laurent Gbagbo. En technicien averti du droit il avait souvent réussi à calmer les syndicats de fonctionnaires avec son calme olympien et son sang froid. Pour certains afficionados de Laurent Gbagbo, nommer Hubert Oulaï serait une sorte de justice rendue à un peuple martyr qui continue de se mobiliser pour Gbagbo. Le peuple Wê dont il est devenu une icône, un cadre incontournable après la disparition de Gossio. Sa nomination sera alors un choix géopolitique gagnant pour Laurent Gbagbo dont la coalition (Eds) a gagné presque tous les sièges de la région excepté Duékoué. Seul bémol pour ce sexagénaire, Hubert Oulaï n’est pas un friand des Tics. Homme de l’ancienne école, l’ancien ministre de la Fonction publique avait du mal à manier un ordinateur. Il s’y est toutefois mis ces derniers temps s’offrant même un compte Facebook assez dynamique. Cela compte pour des dirigeants modernes à l’ère de l’internet et des réseaux sociaux.

Que dire de Stéphane Kipré que ses fans appellent Psk (président Stéphane Kipré). Gendre de Gbagbo, ce n’est pas vraiment ce statut qui lui vaut de la sympathie. L’ancien président de l’Ung a le mérite d’avoir été le seul président de parti à mettre à exécution l’appel de Gbagbo à le rejoindre. D’abord par la dissolution de son parti ensuite par sa disponibilité à participer à l’organisation du congrès. Stéphane Kipré jouit d’une réputation d’homme généreux qui s’est fait un réseau de relations surtout à l’international ces dernières années. Il a joué en quelque sorte le minci dominici de Laurent Gbagbo alors incarcéré à La Haye. Il aura travaillé dans l’ombre comme à la lumière dans la libération de Gbagbo. Il a l’expérience politique nécessaire, ayant été président de parti. Sa loyauté devrait être récompensée à la juste mesure.

On avance également des noms comme Dano Djédjé, président du récent congrès et ancien ministre de la réconciliation de Gbagbo. C’est un vieux compagnon de lutte et un homme loyal qui se distingue par sa pondération et son humilité. Mais des considérations géopolitiques pourraient le desservir, étant de la même région que Laurent Gbagbo. L’enfant de Gagnoa pourrait être un pion pour diriger le secrétariat général.

Assoa Adou. Il fait office de outsider. Si Assoa peut compter sur l’estime de Gbagbo dont il fût un compagnon depuis les années étudiant, il est tout de même défavorisé par son propre management. Assoa Adou n’est pas un bon meneur d’hommes, selon plusieurs témoignages. Avec lui au secrétariat général, les conflits de personnes s’étaient multipliés. On a encore en mémoire la sortie moins diplomatique de l’ambassadeur Koné Boubakar, son camarade du secrétariat général qui l’avait déshabillé en public à Yopougon. Le reconduire donnerait le sentiment de la poursuite de l’ancien management.

L’on pense dès lors à Damana Adia Pickass, le jeune loup, adulé par les jeunes qui l’appellent affectueusement Don Picky. Il est une sorte de courroie de transmission entre la jeune et la vieille génération de militants. Son opiniâtreté, sa hargne, son pragmatisme sont ses armes maîtresses. Diplômé de droit, il a fait l’administration ivoirienne sous Désiré Tagro. Longtemps ostracisé par l’aura de Charles Blé Goudé, Pickass reste un confident de Laurent Gbagbo qui l’a toujours préféré aux autres leaders de jeunesse de sa génération. Mais après son exil au Ghana, Don Picky est toujours marqué par une tâche indélébile dans l’opinion pour son geste filmé devant les caméras du monde en 2010. Dans une rare colère, il avait violemment arraché les résultats non consolidés de l’élection présidentielle que s’apprêtait à lire le porte-parole de la CEI de l’époque. Ce geste avait été un élément déterminant de la crise.

Lida Kouassi, Marie Odette Lorougnon, Odette Sauyet, à l’absence d’une certaine Simone Gbagbo ont aussi leur chance de ravir le poste. Tout comme Georges Armand Ouégnin, celui qui a dirigé la coalition Eds et gagné 18 sièges de députés aux dernières élections législatives.

Dans 24 heures on saura bien qui a les faveurs de Gbagbo qui donne le sentiment à travers ce poste quilqu’il songe vraiment à se retirer ainsi qu’il l’avait annoncé au congrès le 17 octobre 2021.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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1 réflexion au sujet de « Le nouveau parti de Gbagbo en Côte-d’Ivoire franchit un nouveau cap avec la nomination de son président exécutif »

  1. ====== FAITES VOS JEUX ! ======

    Entre la Short List de Hervé Coulibaly et la Galaxie du Grand Nuage de Magellan proposée par SD, les congressistes retiennent le souffle !

    Quand s’est voulu bien introduit, l’autre a manifestement ratissé large pour ne pas faire de jaloux. Ou diront certains, ne pas se faire des inimitiés demain… il y avait suffisamment de pommade pour tous et chacun !

    ====== FAUTE D’INSTITUTIONS FORTES ======

    “Africa does not need strong men. It needs strong institutions,”

    Les mots de Barack OBAMA en Juillet 2009 au Parlement Ghaneen, sonneront longtemps dans nos oreilles !

    En Afrique on court derrière les postes avant de lire et de comprendre le contenu des attributions et les textes qui les encadrent. Pour la bonne et simple raison qu’on est convaincu que c’est l’homme qui fait le poste ! Et pour que n’importe qui, ne fasse pas n’importe quoi du poste, on préférera choisir celui qui sera commode pour la fonction ! Dans cet exercice, c’est le « ZERO RISQUE » !

    ====== QUELLE MARGE DE MANŒUVRE POUR UN Président Exécutif ? =======

    Regardez autour de vous !

    Secrétaire Exécutif, Président Délégué, Délégué Général etc… Les terminologies ne manquent pas mais quelle réalité recouvre cette délégation de pouvoir ? Haut Parleur, microphone, amplificateur de pensée ?

    Les militants qui pour la plupart n’ont lu ni les statuts ni le Manifeste du Parti, en seront encore à se satisfaire de  » Gbagbo a dit » ou « Bédié n’a encore rien dit » !

    A propos de Manifeste du Parti, pourquoi le Président du Comité d’élaboration du Projet ne serait pas dans la course ? De même que celui de l’élaboration des statuts et règlement intérieur, de la proposition de la dénomination du Parti et de son sigle ?

    Au passage avez vous lu le Manifeste ?

    Une méchante langue a maugré non loin de moi que cette fonction ne sera au propre comme au figuré qu’un poste béquille pour le Président Gbagbo ! Une sorte de « Président Agent d’Exécution » !

    Vous y croyez ?

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