Londres, lundi 11 octobre – Alors que les 2021 réunions annuelles du Groupe de la Banque mondiale débutent cette semaine, le Dr Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim, a fait la déclaration suivante.
Le bras de fer géopolitique entre les États-Unis, la superpuissance dominante actuelle, et la Chine, la superpuissance émergente, constitue une menace existentielle pour le multilatéralisme et les institutions mondiales.
L’assaut actuel contre Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, est un exemple édifiant. Elle est accusée d’avoir interféré avec les classements du rapport annuel Doing Business de la Banque mondiale en 2018, alors qu’elle était la directrice générale de cette institution, afin d’aider à améliorer les performances de la Chine. Cela laisse perplexe étant donné que le responsable de ce rapport, le professeur Shantayanan Devarajan, affirme qu’elle n’a rien fait de tel. En réalité, en 2018, la progression de la Chine dans le classement annuel a marqué le pas. Après le départ de Kristalina Georgieva de la Banque, la Chine a repris sa progression dans le classement, gagnant 15 places entre 2019 et 2020.
Kristalina Georgieva n’est pas le seul haut fonctionnaire international pris dans l’hostilité entre les États-Unis et la Chine. Le Dr Tedros Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, a été savonné par le président Trump et accusé d’être un fan de la Chine. Les États-Unis ont par la suite suspendu leur adhésion à l’OMS en plein milieu d’une pandémie mondiale. Aujourd’hui, le Dr Ghebreyesus se retrouve sous le feu de la Chine à propos de l’enquête de l’OMS sur l’origine du COVID-19.
Kristalina Georgieva a fait preuve d’un leadership engagé et d’un soutien essentiel aux pays en développement qui luttent contre les retombées économiques de la pandémie. Elle a joué un rôle essentiel dans l’allocation sans précédent de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) et dans l’annulation de la dette des nations les plus pauvres du monde par le biais de la facilité de crédit rapide. Ce soutien est vital pour les nations africaines qui, sans les leviers fiscaux et monétaires dont disposent les nations plus riches, n’ont pu mobiliser que moins de 1 % de leur PIB pour répondre à la crise.
La pandémie a mis en évidence l’importance du multilatéralisme. Les défis mondiaux se multiplient et exigent une réponse collective. Il serait très dommage que Kristalina Georgieva, une dirigeante très compétente sur la scène mondiale, soit victime d’accusations fallacieuses de favoriser la Chine. Ce sera encore plus dommage si cette affaire ajoute une nouvelle fissure à la fracture des institutions mondiales, affaiblissant notre capacité collective à relever les défis mondiaux croissants.
Mo Ibrahim
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