La fermeture du stade olympique pour travaux pose-t-elle la question de la qualité des infrastructures livrées par la Chine ?

La fermeture du stade Olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé pour travaux sur la pelouse, moins d’un an après son inauguration, met de nouveau sur la table la question de la qualité des infrastructures livrées par la Chine.

Tout d’abord c’est totalement inadmissible que la Côte-d’Ivoire soit condamnée à jouer ses deux prochains matchs de qualification du Mondial 2022 à l’extérieur. La dégradation de la pelouse, aussi précoce soit-elle, ne s’est pas faite en un jour. Sur les trois dernières rencontres avant le match contre le Cameroun, on pouvait noter une pelouse moins verte par endroits. Il fallait réagir à ce moment-là.
L’ONS, le Ministère des Sports, la FIF, quelqu’un a fait preuve de laxisme. Aujourd’hui cette situation dégrade considérablement l’image du pays.

Il faut aussi nuancer cette question de  » don  » au sujet de ce stade. La Côte-d’Ivoire avait lancé un appel d’offres pour la construction d’un stade olympique qui devait s’inscrire dans le cadre d’une cité olympique. Ainsi l’appel d’offres ne concernait pas la cité mais le stade en premier lieu. Les Chinois ont proposé de construire l’ensemble de la cité olympique à 143 milliards de FCFA. Dans ce montant, le stade olympique était construit gracieusement à 67 milliards, et les autres composantes de la cité facturées à 76 milliards. La CI a choisi cette offre parmi d’autres. Ainsi la construction du stade fait partie d’une offre globale. Le stade n’est pas un don unilatéral de la Chine. Il condamne la Côte-d’Ivoire à recourir à la Chine pour le reste de la cité olympique.

Concernant le problème de fond, c’est à dire la qualité des infrastructures construites par la Chine, le stade olympique n’est pas un cas isolé. La mise en service du barrage de Soubré, livré le 2 novembre 2017 et construit par la Chine, a entraîné une gigantesque panne de 08 heures qui a affecté le réseau électrique de tout le pays. Ce barrage connaît des avaries fréquentes. La dernière en date est un grave incendie dans l’une de ses turbines dans la nuit du 13 au 14 septembre dernier.

Ailleurs en Afrique, le 26 juin 2017, un pont livré par la Chine au Kenya s’effondrait seulement 6 jours après son inspection finale. Fort heureusement il n’avait pas encore été mis en service. La corniche de Brazzaville, inaugurée en janvier 2016, s’est effondrée en partie le 9 février 2020 après une semaine de pluies abondantes, suscitant des inquiétudes sur la solidité du pont à haubans qui se situe dans son prolongement. Toujours au Congo Brazzaville, le complexe olympique livré par la Chine en 2014 est aujourd’hui en ruines. En cause le manque d’entretien, mais aussi la qualité des matériaux.

Lorsque les Chinois financent une infrastructure, ils bouclent le projet de bout en bout, les États ne décident de rien. Tout est validé en Chine. Les bureaux de contrôle censés certifier que les infrastructures sont construites selon le cahier de charges viennent aussi de Chine. Malheureusement, après réception des infrastructures, pour ne pas froisser les Chinois, les États africains ne font pas certifier la fiabilité des installations par une expertise indépendante. Si tel avait été le cas au stade olympique d’Ebimpé, on aurait su que la pelouse n’était pas aux normes et on aurait pu anticiper les travaux actuels.

D’ailleurs, il n’est pas exclu que d’autres parties de ce stade, notamment le système d’éclairage, les installations électriques, les canalisations etc…subissent aussi une dégradation précoce. Le 28 novembre 2018, la Côte-d’Ivoire annonçait la mise sur pied d’une agence chargée de suivre les infrastructures construites par la Chine dans le pays. Cette annonce avait fait grand bruit dans la presse africaine, et même au-delà. Mais elle ne s’est jamais concrétisée car les Chinois ont vu cela d’un mauvais œil.

Aujourd’hui les quatrième et cinquième ponts d’Abidjan sont encore construits par la Chine. Toutefois on peut se rassurer. Les financements n’étant pas chinois, les bureaux de contrôle sont indépendants. Et on peut espérer qu’ils veilleront au respect du cahier des charges dans la construction de ces deux infrastructures.

Douglas Mountain oceanpremier4@gmail.com

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2 réflexions au sujet de “La fermeture du stade olympique pour travaux pose-t-elle la question de la qualité des infrastructures livrées par la Chine ?”

  1. ===== UN CALENDRIER EXCEPTIONNEL ========
    Sans les contraintes du calendrier de la CAN2023 il était facile à la Côte d’Ivoire de libérer et rendre fonctionnel un stade en attendant que EBIMPE soit remis à flots. Cette lecture est essentielle pour recadrer la question de « honte » ou pas ! A la fin de la CAN2023, nous aurons sur l’étendue du territoire assez d’infrastructures sportives pour faire pâlir de jalousie plusieurs pays !

    ====== RESPECTONS LA CHINE =======
    Si nous ne nous respectons pas nous mêmes.

    Quel est le stade choisi pour accueillir les Éléphants hors de notre pays ? Le Stade de l’amitié de Cotonou rebaptisé Stade Général Mathieu KEREKOU. Et qui a construit ce stade ? A quelle époque ?

    « La construction du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou est entièrement financée par la République populaire de Chine. Inauguré en novembre 1982, le coût final du projet est de dix millions de dollars »…EBIMPE au passage c’est 100 milliards de dollars US….

    En avril 2016, un second lifting dans le cadre d’une convention signée avec la Chine est entreprise pour rénover le stade et le remettre aux NOUVELLES normes. Une première mise aux normes ayant eu lieu en 2007 après sa fermeture pour non conformité !

    Donc c’est un problème global de management. La CAPACITÉ de maintenance doit être intégrée dans la CONCEPTION du projet. Naturellement il faut y penser depuis cette étape et rendre cet aspect de la gestion de l’infrastructure possible. Beaucoup de projets chinois de qualité ont souffert effectivement de cette capacité locale à prendre la relève.

    Dans la Cabine de Presse en 1990, je voyais le technicien ivoirien dépêché avec les journalistes pour le match ASEC MOGAS 90, se débattre pour déchiffrer la documentation …chinoise des installations alors neuves !

    ==== LA MAIN QUI REÇOIT…=====

    On ne demande pas un tabouret à une grenouille assise par terre. La main qui reçoit ne peut être au-dessus de la main qui donne…

    On connaît les proverbes du vieux sage de Yamoussoukro ! Peut on recevoir une infrastructures offerte et faire la fine bouche lors des missions de « contrôle » du projet ? On se consolera en disant « Au moins eux ils nous ont donné ça. Et les autres ? »

    Depuis 1930, on avait le « stade » Georges Yvan « Géo » André. Qui deviendra Stade Félix Houphouët-Boigny. Retapé à coups de milliards par les différents ministres des sports des différents gouvernements depuis l’indépendance. Les stades des villes de l’indépendance sont tombés en ruines. Il a fallu FANTA GBÊ pour faire parler son cœur et offrir à Gozo une pelouse moderne !

    ==== QUI A PEUR DE 2023 ? ======

    Après la CAN2023, notre pays aura plusieurs villes dotées d’infrastructures dites de dernière génération.

    Voici pourquoi je dis attention aux saboteurs de notre CAN tapis dans l’ombre !!!

    Question : QUI A PEUR DE 2023 ?

    Réponse : Celui qui n’aime pas aujourd’hui les Chinois !

  2. ====== AFFAIRES DE BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES ======÷

    Si c’était les Chinois qui en 1969-70 avaient construit à la place du consortium Américains et Italiens, le grand barrage de Kossou, on leur aurait reproché LA SÉCHERESSE des années 70 qui ont mitigé le bilan de ce projet.

    On les aurait maudit pour avoir dynamité le pont de Beoumi… alors que le niveau réel des eaux n’avait jamais posé problème !

    Mais comme ce sont les américains et les italiens pendant 40 ans, on a avalé le python !

    Si c’était les Chinois qui avaient piloté l’AVB, l’implantation ou la réinstallation des villages Baoulé vers le sud, qui ouvrira la voie de l’incitation à l’invasion des forêts par les allochtones, ce serait eux les coupables tout trouvés !

    Qui a construit le splendide barrage de la Renaissance en Éthiopie ? Les chinois bâtisseurs du grand barrage des Trois Gorges.

    A qui la RDC a-t’elle confié définitivement le projet du barrage INGA III ? Les chinois pour mettre à flot une infrastructure qui résoudra des questions essentielles dans ce pays continent ! Depuis 1920…on tourne en rond !

    Célébrons les réussites. Recherchons ensemble les causes des difficultés des projets qui prennent du retard.

    Grâce aux infrastructures chinoises notamment routières et ferroviaires, l’Éthiopie hier pays très pauvre, incarnation de la faim dans le monde, est aujourd’hui un géant régional ! Avec ses 100 millions d’habitants !

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