(Agence Ecofin) – Frappé par le terrorisme et le grand banditisme, le Nigeria connaît l’une des pires crises sécuritaires d’Afrique. Pour faire face à cette situation, Abuja veut désormais s’appuyer sur la Russie, déjà présente sur d’autres théâtres de conflits en Afrique.
Les gouvernements russe et nigérian ont signé un nouvel accord de coopération militaire. L’annonce a été faite par l’ambassade du Nigeria à Moscou, dans un communiqué publié le mercredi 25 août.
L’accord couvre essentiellement les secteurs de la vente d’armes et d’équipements militaires ainsi que la formation des troupes, apprend-on. Selon le communiqué de l’ambassade nigériane, il « fournit un cadre juridique pour […] la prestation de services après-vente, la formation du personnel […] et le transfert de technologie, entre autres ».
La signature de cet accord intervient dans un contexte sécuritaire difficile pour le Nigeria, frappé depuis plusieurs années par des attaques terroristes et des enlèvements répétitifs qui ont exacerbé les critiques envers la gestion du pays par le président Muhammadu Buhari. Ce dernier multiplie les accords d’acquisition d’armement, notamment avec les USA, mais peine à mettre fin à une menace terroriste qu’il avait pourtant promis d’éradiquer lors de son premier mandat.
Du côté de Moscou, ce nouvel accord offre une nouvelle opportunité d’élargir son influence sur le continent, en devenant un partenaire de référence de la première puissance économique du continent en matière de PIB. En effet, le secteur sécuritaire a été ces dernières années le principal axe de progression du Kremlin en Afrique, qui a notamment fini par s’imposer comme un acteur incontournable pour la résolution des crises en Libye et en République centrafricaine.
D’après le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), la Russie est depuis 2014 le principal fournisseur d’armes du continent africain avec 49% de part de marché en 2019 contre seulement 14% pour les USA, 13% pour la Chine et 6,1% pour la France. Et encore, ces estimations ne prennent en compte que les chiffres officiels.
En raison des guerres d’influence qui les opposent, les pays occidentaux ont souvent montré leur inquiétude quant à cet accroissement de l’implication russe dans les crises sécuritaires africaines. Malgré cette méfiance, plusieurs pays africains apparaissent de plus en plus favorables à un renforcement de leurs relations avec Moscou, comme en témoigne la présence d’une quarantaine de chefs d’Etats du continent au sommet Afrique-Russie de 2019 à Sotchi.
Pour l’heure Muhammadu Buhari semble vouloir diversifier ses alliances sécuritaires, et ne plus compter uniquement sur les Etats-Unis, alliés traditionnels d’Abuja, qui avaient d’ailleurs suspendu une opération de vente d’armes en raison d’allégations de violation de droits humains. Un scénario qui a de très faibles chances de se répéter avec le nouveau partenaire russe qui a toujours préconisé la non-ingérence dans les modes de gouvernance de ses alliés.
Moutiou Adjibi Nourou
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