Le Denguélé est l’une de ces régions de la Côte d’Ivoire qui compte un très grand nombre de cadres. Mais au lieu que cet état de choses soit un atout, il s’est, à cause des guerres de personnes et de leadership, vite transformé en problème pour une région qui a pourtant la sympathie du président Alassane Ouattara.
Le Denguélé est l’une de ces régions les plus prospères et les plus riches de notre pays. Si Odienné en est le chef-lieu et par ricochet la principale ville, Samatiguila qui fut longtemps sous-préfecture émerge. L’élection de son maire actuel et député élu de la 124e circonscription a accentué son émergence et donné une certaine impulsion développementale à cette ville proche de la frontière malienne. Alors que fin juillet, les sénatoriales partielles devraient avoir lieu pour trouver un successeur à Arouna Ndao, décédé au lendemain des législatives, l’idéal aurait été que les principaux cadres en vue actuellement se choisissent un seul et même candidat, dans la discipline du parti.
Une ville de cadres
C’est à la fois dû aux compétences des cadres de la région mais aussi et surtout à l’attachement du chef de l’état. Alassane Ouattara a toujours voué une forte sympathie pour cette région de son pays et a donc, favorisé, grâce à la confiance qu’il leur porte, des ressortissants de cette province. On peut y compter des cadres-doyens comme le très grand Lamine Diabaté, époux de la grande Chancelière de Côte d’Ivoire, l’un des principaux mentors politiques du président de la République mais aussi très respecté membre fondateur du Rassemblement des Républicains, Rdr. Diakité Coti Souleymane est aussi un membre fondateur du Rdr, originaire de la région du Denguélé ainsi que Gaoussou Touré qui connu une prolifique carrière, allant de ministre de la riziculture à celle de ministre gouverneur du District Autonome du Denguélé. Ou encore, Adama Toungara, Grand médiateur d’Etat ou Moussa Konaté. A ceux-là, il faudrait ajouter la nouvelle vague de cadres notamment Lanciné Diaby, Directeur général du Fonds d’entretien routier (Fer), maire de Samatiguila et député mais aussi Nassénéba Touré, ministre de la femme et de l’enfant mais aussi maire d’Odienné, Adama Kamara, ministre de l’Emploi et de la protection sociale mais aussi député d’Odiénné. C’est d’ailleurs à cette nouvelle génération que revient, à priori, les indications pour que la région s’unisse derrière un et même candidat.
Trop de manipulations
Les manipulations ont commencé dès le début. Selon plusieurs sources, il y a une sorte de conflit de personnes entre les cadres de la nouvelle génération. Ceux d’Odiénné ne supporteraient pas une ascendance supposée de Lanciné Diaby qui, par son implication au sein du parti et les grandes innovations au niveau de sa commune dérangent. L’intéressé l’a d’ailleurs compris et recommandé le choix d’un candidat unique, qu’il soit de Samatiguila ou non, une manière de privilégier la discipline du parti. Alors que Lanciné Diaby est d’Odienné par sa mère, il lui est, semble-t-il, égal que le candidat sorte de sa ville ou du chef-lieu. Les ficelles de la discorde, tirée notamment depuis Odienné ont abouti finalement à trois malencontreuses candidatures et il a fallu, du côté de Lanciné Diaby mettre la pression et là pour converger la dynamique vers le seul et officiel candidat désigné par le parti. Au départ, Vassiriki Diaby, Nabi Touré ou Cissé Dramane voulaient tous être candidats. Finalement, un vote des sages a préféré Vassiriki Diaby aux autres. Cela ne dérange point le Dg du fer d’autant qu’il y a une décennie que ce jeune travaille avec lui, qu’il lui a fait gravir tous les échelons. Il est actuellement en poste au Fer, comme l’un des principaux collaborateurs du Dg, poste qu’il cumule avec celui de conseiller régional du Kabadougou. S’il se dit que ce dernier s’agace de la montée d’autres jeunes autour de Lanciné Diaby, il y a toujours sa place. « Sauf qu’en, tant que cadre du parti, Lanciné Diaby doit continuer à aider tous les jeunes qui peuvent servir le parti » insiste un collaborateur du patron du Fer qui comprend la volonté de Diaby d’équilibrer son assistance aux jeunes des 5 cantons de la région, afin d’éviter qu’il y en ait qui soient lésés.
Vassiriki Diaby, le choix du parti
Vassiriki Diaby est finalement le candidat. Le Conseil des sages a tranché et Vassiriki Diaby est retenu. Consignes sont données immédiatement par Lanciné Diaby de le soutenir, au détriment des deux autres. Il est donc à ce jour, le seul et unique candidat pour ces sénatoriales partielles et le maire de Samatiguila lui apporte toutes sortes de soutiens, matériels et organisationnels. Mais, plusieurs observateurs ont été surpris de voir Vassiriki Diaby se rendre chez certains leaders d’Odiénné prendre la « bénédiction » pour sa campagne au lieu de poser cet acte chez son père politique, Diaby Lanciné. La soumission de Cissé Dramane qui a fait un post facebook pour annoncer ne pas dérober à la discipline est un atout de plus à la candidature de Vassiriki. Mais des cadres d’Odienné qui ont suscité au départ les trois candidatures insistent auprès de Nabi Touré pour qu’il ne se retire pas, semant une zizanie inutile. Dans l’ombre, Lanciné Diaby dont l’image dépend de la réussite du scrutin fait des pieds et les mains auprès des électeurs pour que seul, le candidat officiel ait leurs soutiens d’autant qu’il s’agit de « grands électeurs », c’est-à-dire des élus locaux auprès desquels il a une très forte influence. Et même si, pour donner l’impression d’une pagaille locale dans le Denguélé, Nabi Touré se maintient en indépendant, il pourrait créer la surprise mais au-delà, certains crient déjà pour qu’il soit sanctionné après le scrutin d’autant qu’il a toujours été identifié comme membre du parti présidentiel.
Nabi Touré, le candidat Rhdp dissident
Finalement, alors que Lanciné Diaby a réussi à faire désister, dans son fief, un des trois postulants à la candidature, en la personne de leur doyen Cissé Dramane, et que Vassiriki est retenu par le parti, Nabi Touré tient la tête. Le jeune indiscipliné clame partout « être le candidat » de certains leaders de la région du Denguélé et sème le doute du fait de sa proximité avec eux. Il semble être motivé par le réseaux impressionnant dont il dispose dans la région du fait de sa précédente candidature aux élections sénatoriales face à feu Arouna Ndao. Militant rigoureux il peut créer la surprise mais n’est ni le candidat du Dg de Fer, ni celui du parti étant donné que le Dg du Fer insiste auprès de lui mais aussi de toutes les instances régionales du parti pour que seul, le candidat retenu officiellement soit soutenu. Il s’agit donc de Vassiriki Diaby. Malheureusement, il s’avère que d’autres cadres soutiennent en cachette Nabi Touré, histoire de maintenir et d’entretenir une fausse tension dans une région qui est restée jusque-là dans la discipline nationale du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et le développement (Rhdp).
Le 31 juillet, le scrutin aura lieu. Après les petits conflits de personnes, il serait bien que tous les cadres du Denguélé, qu’ils soient de Odienné ou de Samatiguila, se mettent ensemble, dans la loyauté à Alassane Ouattara, pour le grand défi du développement, c’est en tout cas l’obsession de Lanciné Diaby.
CISSE Bangaly (Odienné)
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