FPI/Côte-d’Ivoire: De « petite maman » Nady au divorce en passant par le culte de la personnalité de Gbagbo, un parti ennemi de l’autocritique rationnelle

Cet audio de 2015 nous rappelle, ou nous indique, que ce qui se vit aujourd’hui au sein de la galaxie Gbagbo ne relève pas de la vie privée mais de la controverse politique. Car « la femme de l’ombre » Nady Bamba est d’abord et avant tout une femme d’influence, une femme de réseaux. Et les choix qu’on l’accuse d’avoir inspiré après la signature des accords de Ouaga, notamment la tolérance infinie vis-à-vis de Guillaume Soro font l’objet dans les « milieux autorisés » de mille et une critiques depuis très longtemps. La « femme de l’ombre » est aussi celle de l’absence de vigilance vis-à-vis de Youssouf Bakayoko, ancien boss de la CEI. Elle est celle qui a cogéré la campagne avec Euro RSCG de Bolloré, qui a eu ses comptes dégélés en 2011 grâce à Pierre Haïk, un avocat de la galaxie Bolloré. Celle dont Jeune Afrique disait à l’époque qu’elle était ‘l’une des rares personnes à avoir essayé de convaincre l’ancien président ivoirien de quitter le pouvoir » en 2010. Celle qui revient avec dans son avion une équipe de Paris Match, du groupe Lagardère, qui a au sein de son Conseil d’administration… Nicolas Sarkozy, le super poto de Bolloré.

Le camp Gbagbo a refusé de faire son autocritique de manière rationnelle sur « ce qui n’a pas marché » en 2010-2011 pendant 10 ans. Et du coup, le retour de LG au pays le ramène aux contradictions qui l’ont fait conduit à la déroute de 2011.
PS : Bien entendu, les propos de Pascal Affi N’Guessan sont un plaidoyer pro domo.
Il ne s’agit pas pour nous observateurs de les endosser, mais d’admettre que les tensions et les échanges rapportés sur l’avant élection de 2010 ne sont pas inventés.
TK

Côte d’Ivoire : Nady Bamba, au bénéfice du doute…

Par Pascal Airault/Jeune-Afrique

Nady Bamba oeuvrait à la réélection de son mari Laurent Gbagbo avant de fuir la Côte d’Ivoire.

La Cour de justice européenne a annulé les sanctions adoptées par Bruxelles contre la seconde épouse de Laurent Gbagbo, Nady Bamba. L’une des rares personnes à avoir essayé de convaincre l’ancien président ivoirien de quitter le pouvoir.

Nady Bamba [ou Nadiana Bamba] a vu son interdiction de voyager en Europe et le gel de ses avoirs sur le Vieux Continent levés. La seconde épouse de Laurent Gbagbo, directrice du groupe de presse Cyclone et éditrice du quotidien Le Temps, avait été sanctionnée par le Conseil de l’Union européenne (UE) pour « obstruction au processus de paix et de réconciliation par l’incitation publique à la haine et à la violence et par la participation à des campagnes de désinformation en rapport avec l’élection présidentielle de 2010 ». Mais Me Pierre Haïk, son avocat parisien, vient de remporter une première victoire devant la Cour de justice européenne.

Plaidant l’absence de possibilité de recours de sa cliente et le défaut de preuve motivant ces sanctions « injustes et lourdes de conséquences », il a obtenu gain de cause. La cour a annulé la procédure engagée par le Conseil, qui peut néanmoins contester sa décision, à charge pour lui d’apporter les preuves de ses allégations. « C’est un soulagement pour elle, confie Me Haïk. Je ne vois pas le Conseil aller plus loin. »

Presque sauvée sur la scène européenne, celle que ses compatriotes appellent Petite Maman reste néanmoins dans le collimateur de la justice ivoirienne. Le procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, l’a en effet inscrite sur la liste des personnes interdites de mouvements financiers dans les banques du pays.

Nady Bamba, 40 ans, a quitté Abidjan le 31 mars, au moment où les forces pro-Ouattara entraient dans la capitale économique. Elle a embarqué sur un vol d’Emirates avec Rais Koudou Gbagbo, le fils qu’elle a eu avec le chef de l’État déchu. Annoncée un temps à Dakar, puis à Dubaï, elle serait actuellement au Ghana.

Dircom

Cette ancienne journaliste d’Africa n°1 est entrée dans la vie de Laurent Gbagbo à la fin des années 1990. D’abord petite amie de l’ex-président, elle va rapidement s’imposer comme sa seconde épouse – un mariage traditionnel sera même célébré en 2001 –, au grand dam de Simone Gbagbo, qui fera tout pour l’évincer dans une « guerre des dames » qui divisera tout le clan. Au fil du temps, elle réussit l’exploit de diriger presque toute la com’ de campagne de son mari en étroite collaboration avec les équipes d’Euro RSCG. Et multiplie les déplacements dans le Nord, dont elle est originaire, et dans l’Ouest pour obtenir le ralliement de ses coreligionnaires musulmans.

Pragmatique, Laurent Gbagbo l’écartera après le mauvais score du premier tour, redonnant les clés de la campagne à Simone. Se faisant alors discrète, Nady est l’une des rares à avoir essayé de convaincre Laurent Gbagbo d’accepter sa défaite. Au nom de leur amour et de leur avenir commun.

12 juin 2011 à 17h04 | Par Pascal Airault

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