Cartel du cacao: L’Initiative Côte d’Ivoire – Ghana officiellement lancée

En matière de commercialisation du cacao sur le marché mondial, la Côte d’Ivoire et le Ghana parlent depuis un moment d’une seule voix !

Les deux pays, qui revendiquent à eux seuls plus de 60% de la production mondiale des fèves de cacao, ont en effet créé un cadre de réflexions et d’actions bilatérales dénommé Initiative Côte d’Ivoire – Ghana dans le secteur du cacao (Iccig – sigle anglais Ndlr), qui a été officiellement mis en place, le 21 juin, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire.

Cet événement marquait la première réunion du Comité de pilotage, qui est l’organe suprême de cette institution régionale. Elle a été présidée par le ministre d’État ivoirien, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, en présence de son homologue ghanéen Owusu Afryie-Akoto, ainsi que plusieurs autres personnalités des secteurs agricoles et industriels ivoiriens et ghanéens.

L’Iccig constitue ainsi pour la Côte d’Ivoire et le Ghana le cadre d’échanges officiel qui permettra de coordonner de façon conjointe une politique cacaoyère aux fins de promouvoir, de favoriser et de défendre les intérêts collectifs des deux pays sur le marché international, ainsi que dans tous les fora internationaux.

« Cette initiative marque la concrétisation de la volonté de nos deux Chefs d’État Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo de raffermir, de façon continue, la coopération et l’harmonisation de leurs politiques et initiatives dans divers domaines stratégiques et plus spécifiquement dans la filière cacao. C’est donc l’occasion pour moi de leur traduire notre infinie gratitude et celle du monde paysan », s’est félicité Kobenan Kouassi Adjoumani.

Le secrétariat exécutif à la Côte d’Ivoire, le siège permanent au Ghana !

D’importantes décisions ont été prises concernant l’Iccig. En effet, l’organe suprême de cette institution sera présidé annuellement de façon tournante par l’un des ministres en charge de l’agriculture des deux pays.

Pour cette année, il est présidé par le ministre ghanéen de l’Alimentation et de l’Agriculture, Owusu Afryie-Akoto. Aussi, a-t-il été décidé que le siège permanent de l’Iccig soit au Ghana et que le secrétariat exécutif soit toujours assuré par un Ivoirien. Dans ce sens, Alex Arnaud Assanvo a été nommé secrétaire exécutif pour un mandat de cinq ans.

Les plus hautes autorités ivoiriennes et ghanéennes du secteur agricole ont réaffirmé leur engagement à travailler main dans la main. (Photo : Sébastien Kouassi)
Les plus hautes autorités ivoiriennes et ghanéennes du secteur agricole ont réaffirmé leur engagement à travailler main dans la main. (Photo : Sébastien Kouassi)

Owusu Afryie-Akoto s’est félicité de cette coopération entre son pays et la Côte d’Ivoire. « C’est la première fois que nos deux pays collaborent aussi étroitement pour leur avenir. En effet, cette initiative conjointe touche le cœur de nos économies et impactera la vie de millions de personnes car les décisions qui seront prises ici sont très importantes. Au Ghana, nous sommes très motivés ; tous les bureaux sont prêts pour accueillir le personnel », s’est-il réjoui.

Défis

En effet, face aux contraintes structurelles et conjoncturelles qui pèsent sur le secteur du cacao ces dernières années, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont convenu à travers la Déclaration d’Abidjan faite en mars 2018 par les Présidents Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo de définir une stratégie commune en vue de trouver une solution durable à l’amélioration des prix perçus par les producteurs de cacao de nos pays respectifs.

Les négociations avec les différents partenaires, notamment les chocolatiers, ont abouti à l’obtention d’un Différentiel de revenu décent (Drd) de 400 Dollars la tonne de fèves de cacao, destinés exclusivement aux producteurs. Ce Drd est entré en vigueur en Côte d’Ivoire et au Ghana au cours de la campagne 2020-2021, ce qui a permis à la Côte d’Ivoire de fixer le prix aux producteurs de cacao à 1 000 FCfa le kilogramme de fèves.

Cependant, pour Kobenan Adjoumani, si ces efforts sont salutaires, il reste encore beaucoup à faire pour la durabilité de la filière cacao et l’amélioration des conditions de vie des producteurs.

En effet, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont décidé, à travers le Conseil du café-cacao et le Ghana cocoa board, de s’approprier la Norme internationale ISO 34101-4 sur le cacao durable et traçable afin d’apporter des solutions qui tiennent compte des intérêts de l’ensemble des acteurs face à la problématique de production de cacao durable.

Ainsi, les travaux entre les deux pays ont permis d’aboutir à la publication récente, par l’Organisation africaine de normalisation (Arso), de la Norme africaine pour le cacao durable série ARS 1000. Cette norme vise la production de cacao durable sur la base des trois piliers de la durabilité que sont : la dimension économique, la dimension sociale et la dimension environnementale.

Par Faustin Ehouman
Fraternité Matin

Commentaires Facebook