Man Côte-d’Ivoire: Les trésors cachés au sommet du Tonkpi (reportage à 1200m d’altitude)

Si, un jour vous allez à Man, ne manquez que pas de vous rendre au sommet du mont Tonkpi pour y découvrir ses merveilles. Sa source naturelle qui ne tarit jamais, son micro-climat, sa flore et sa faune si particuliers. Sans oublier la résidence du gouverneur de la région de l’ancien Cercle de Man, pendant la période coloniale.

Partis de Gbépleu, un quartier de la commune de Man à 12 heures, nous atteignons le sommet du Tonkpi aux environs de 13 heures, après avoir traversé Zadépleu et Dainé-Tonkpi, et parcouru au total 25 km de piste villageoise régulièrement entretenus. Une piste villageoise bordée de bosquets de bambous de Chine, dont le rôle est d’éviter aux automobilistes de tomber dans les précipices en cas de mauvaises manœuvres.

Après Dainé-Tonkpi, nous nous enfonçons dans la forêt qui jalonne les flancs de la montagne. À l’entrée, nous sommes accueillis par une colonie de jolis papillons à la couleur jaune or ponctué par endroits de gris sur les ailes. Au fur et à mesure que nous nous avançons, nous sommes bercés par un véritable concert animé par des cigales et grillons cachés sous des feuilles mortes. Par moments, notre marche est brusquement interrompue par le passage éclair d’une tourterelle. Parvenus à la cime de la montagne, l’air que nous respirons est léger et frais. Mais aussi, nous sentons nos pores pénétrés par cet air.

Situé loin des bruits et de la pollution de la ville, le sommet du Tonkpi est un site naturel et paisible, propice au repos et à la détente. Mais, surtout un endroit idéal pour la pratique de l’écotourisme. Le sommet du Tonkpi offre aux visiteurs une très belle vue panoramique et impressionnante de la région. Au premier plan, la ville de Man dont les maisons d’habitation prennent l’allure d’une boîte d’allumettes. Un peu plus loin, se dressent les collines et chaînes de montagnes aux flancs recouverts de forêts vaguement exploitées par endroits qui ressemblent à un vaste champ parsemé de hautes buttes d’igname.

Sur place au sommet du Tonkpi, se trouve la gigantesque tour de la Radiodiffusion et Télévision ivoirienne (RTI), avec ses 15 étages sur 80 m de hauteur. Une tour construite en 1965 par l’État de Côte d’Ivoire. À quelques centaines de mètres de la station de la RTI est bâtie la résidence du gouverneur de la région de l’ancien Cercle de Man, Pierre Mesmin. C’était pendant la période coloniale (1925 à 1958). Une résidence appelée par la population la « Maison blanche » à cause de sa couleur blanche et de sa structure ovale. Construite en 1925 par Pierre Mesmin, la résidence des gouverneurs, au sommet du Tonkpi est un immeuble d’un niveau, comprenant trois chambres, deux salles de séjour, une esplanade et un sous-sol, le tout surmonté par une cheminée. Cette résidence a l’allure d’une forteresse, construite avec des rochers soigneusement polis à la main. Ces masses de rochers, selon des témoignages, ont été transportées sur la tête par les travailleurs, main d’œuvre locale fournie par les différentes localités qui composaient le grand Cercle de Man. Notamment : Danané, Toulepleu, Guiglo, Duekoué, Séguéla, Touba, Man…

Une température entre 5 et 15 degrés

L’autre élément caractéristique au sommet de cette montagne est le climat. D’octobre à février de chaque année, pendant les nuits la température varie entre 8 et 9 degrés Celsius. Contre 5 ou 6 degré Celsius, il y a une dizaine d’années. Pendant cette même période, dans la journée la température oscille entre 10 et 15 degrés. Lorsque nous y étions, dans la journée du 29 mars 2021, aux environs de 13 h 30 mn, elle était de 18 degrés Celsius.

Un air efficace contre les difficultés respiratoires

Il est bon de savoir que, dans la région de l’Ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, le sommet du Tonkpi est le seul endroit où, il tombe des grêles au début de chaque grande saison des pluies (juillet). Il y a également la qualité de l’air. L’air que l’on respire en ce lieu est pur, frais et léger. Selon des témoignages, il embellit la peau et serait un remède efficace contre les difficultés respiratoires. Pour cette raison, feu Mgr Bernard Agré, évêque du diocèse de Man, projetait les travaux de construction d’une « maison de repos » au sommet du Tonkpi. « Il est rare que nous qui travaillons ici, tombons malades. Nous pensons que l’air que nous respirons explique en partie cela. Plus intéressant, nous nous rendons compte que la peau de chacun des agents est lisse et bien belle », a fait observer Sadia Aimé, l’un des vigiles travaillant au sommet du Tonkpi.

Ce n’est donc pas fortuit que régulièrement et annuellement des oiseaux migrateurs et des papillons en provenance d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique du Nord et du Sud se donnent rendez-vous au sommet du Tonkpi pour leur régénération. Il est par ailleurs bon de savoir que depuis deux années (2018), certains de ces oiseaux migrateurs ne sont plus vus sur le Tonkpi, a fait remarquer notre guide Sadia Aimé.

La source qui ne tarit jamais

De curiosité en curiosité, nous découvrons, au milieu des rochers, au cœur de cette forêt, une source aux eaux limpides qui, dit on ne tarit jamais en toute saison de l’année. Cette source, aménagée, sert d’abreuvoir aux humains, aux animaux sauvages, aux oiseaux et divers insectes qui pullulent dans la zone. Sur le bas-côté de la margelle de la source l’on peut lire cette inscription : « 1925 ».

Par endroits, les eaux de cette source irriguent les flancs de la montagne. De façon régulière, chaque jour de l’année, tous les matins il monte des profondeurs des précipices une épaisse couche de brume de couleur bleuâtre qui enveloppe le Tonkpi, rendant inoffensif les rayons du soleil de 6 heures du matin à parfois 16 heures l’après-midi. À Man, pour plusieurs personnes rencontrées ici et là, la cime du Tonkpi est « un monde à part » à cause de ses curiosités touristiques atypiques et variées. Toujours à Man, dans l’Ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, pour la population, sans exagération le Tonkpi est ce qu’est la tour Eiffel à Paris en France.

Honoré Droh 
Correspondant régional à Man
Source: Lebanco.net

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4 réflexions au sujet de “Man Côte-d’Ivoire: Les trésors cachés au sommet du Tonkpi (reportage à 1200m d’altitude)”

  1. ==== BELLE PAGE DE PUBLICITÉ ======

    J’ai tout simplement cru retrouver les meilleurs moments de ballade de mon enfance dans les 18 Montagnes.

    Merci mon cher Droh pour cette lucarne sur un des plus beaux paysages de notre pays.

    Dans les contreforts montagneux du grand ouest ivoirien des sites de ce genre ne manquent pas.

    Mais quelle gestion en est faite ? Questions !!!

    Il est curieux que l’article de Droh dans Lebanco soit publié au même moment oû un autre organe (Le Nouveau Reveil) fait également un beau reportage sur l’ouest :

    Côte d’Ivoire : Le pont de lianes de Zadepleu et la forêt sacrée des singes de Gbèpleu agonisent (Reportage).

    Le contre-pied véritable du second article est une forte interpellation pour que les gestionnaires de CI TOURISME remontent les bretelles à qui de droit !

    En attendant ou à défaut que les acteurs du développement local se rendent compte qu’il s’agit ni plus ni moins ici de leur PROPRE affaire et non celle du gouvernement ! On se bat au propre comme au figuré pour des postes électifs mais une fois assis sur le tabouret, on oublie L’ESSENTIEL ! Parce que très souvent il est loisible de constater que hélas les mêmes fesses ne peuvent être assises EN MEME TEMPS sur 3 voire 4 tabourets !

    ===== UNE AFFAIRE DE GOUVERNEUR ! ====

    Il faut donc remonter à l’ancien Premier ministre français Pierre MESSMER qui fut Gouverneur de notre pays dans les années 50 pour voir donc une première et unique valorisation de ce site du Mont Tonkpi.

    Le futur Gouverneur des Montagnes devra donc avoir une résidence secondaire de ce côté-ci pour promouvoir le site. Et sentir au passage sa toute puissance d’Aigle Royal de Man. Moi même j’y habiterai trois à six mois dans l’année ! Il ne sera pas donc seul ! Il réactivera ce faisant cette route du Tonkpi qui héberge les meilleurs sites touristiques de Man.

    ===== UNE STATION DE CURE THERMALE ET DES OBSERVATOIRES ====

    Ce ne sont pas les idées de valorisation qui manquent.

    La comparaison que DROH aurait pu faire c’est aussi et surtout les conditions de cure thermale idéales des 18 montages et particulièrement du Mont Tonkpi avec celles des stations thermales françaises.

    Et le Gouverneur Messmer mais aussi Léon ROBERT dont le stade de Man et l’amphithéâtre C de l’université de Cocody portent le nom, l’avaient si bien compris.

    On a chez nous LE MÉDICAMENT qu’on va chercher chez le voisin !

    En sillonnant le monde, on voit des milliers de sites abritant des observatoires astronomiques érigées ça et là. Et les montagnes dégagées constituent des promontoires privilégiés pour accueillir ces sites très fréquentés par…LES TOURISTES !

    En attendant que suite à des réformes acceptées enfin par les Oulémas on reconnaisse ENFIN l’usage des instruments modernes pour observer la nouvelle lune avant le démarrage du Ramadan…le futur observatoire spatial de Man pourrait donc favoriser L’ECOTOURISME ciblant la clientèle locale !

    Il ne faut pas toujours attendre que les français inventent TOUT chez nous comme la station LAMTO, issue de la recherche dans le Mont Nimba et les jardins botaniques pour qu’on soit sensible à nos richesses et centres d’innovations scientifiques.

    Bonne rupture du jeûne à tous mes frères et sœurs musulmans en particulier ceux du côté des 18 montagnes de Man.

    ============ (info Wikipedia)

    La station de Lamto a été fondée en 1962 par deux scientifiques français, Maxime Lamotte et Jean-Luc Tournier – d’où l’acronyme Lam-To – pour poursuivre les recherches menées auparavant au Mont Nimba sur la structure et le fonctionnement des biocénoses herbacées.

    Dépendant du CNRS puis rattaché à l’université d’Abidjan, Lamto a été depuis sa fondation un centre actif d’étude et de formation pluridisiciplinaires en écologie tropicale, sous l’égide du laboratoire de Zoologie puis d’Écologie de l’École normale supérieure, et un des lieux fondateurs de l’écologie en Côte d’Ivoire. Pendant quarante ans, les nombreux chercheurs qui s’y sont succédé ont consacré d’importants travaux aux biocénoses et au fonctionnement des écosystèmes de la savane, notamment dans le cadre de programmes de recherche internationaux (Programme Biologique International…).

    ========

    Au passage, Wara dans une vie antérieure a été un des installateurs de la première véritable Station SCADA HP du laboratoire LAMTO à Toumodi. (SCADA = Système de Contrôle et d’Acquisition de Données en temps réel ou Supervisory Control And Data Acquisition).

    Wara c’est du Waraba !!! Du très grand…

    Wa Salam !!!

  2. Je ferai un effort pour visiter ce sommet du mont Tonkpi. Nous connaissons tous Man, mais pas « son sommet ». L’ivoirien en général, est réticent en matière de tourisme local qui reste moins couteux. Peut-être le problème de sécurité serait la principale cause ces 10 dernières années.

  3. ===== AU TEMPS D’HOUPHOUET =====

    Au temps du Président Félix Houphouët-Boigny….Ah que les choses étaient bien !

    Pour la dernière fête tournante de l’indépendance à Marcory en 1981, nous les étudiants, avions eu droit à des tenues de défilé et à des paires de souliers déversés sur le campus par cartons entiers. Toutes tailles toutes pointures…

    Les temps sont désormais « coagulés »…pour reprendre la savante formule de Menekré.

    Cette hibernation galactique dont parle le vieux de Menekre, s’étend certainement à la sphère culturelle qui était sous Houphouët-Boigny le levier vivant du Tourisme Ivoirien particulièrement à Man.

    Bienvenue à Srika Blah au pays des mille merveilles de la Nature et des Arts.

    Au temps d’Houphouët-Boigny la Côte d’Ivoire au plan des Arts et de la Culture faisait face à une concurrence très élevée de ses voisins notamment la Guinée de Sékou TOURE et le Mali de Modibo KEITA qui avaient conféré une place de choix à la culture et aux arts pour vendre l’image de leur pays respectifs. Et de grands moyens étaient mobilisés au sommet de l’Etat. Ils organisaient des biennales des arts. Ils avaient des orchestres nationaux… Quand Sékou Touré voyageait il se déplaçait avec les Ballets Africains de Guinée ou l’orchestre Bembeya Jazz et parfois en compagnie de Miriam MAKEBA en exil en Guinée.

    Houphouët-Boigny ne pouvait rester en marge de cet élan artistique. Conscient que la région du Tonkpi recelait de merveilles, chaque Président en visite en Côte d’Ivoire faisait un tour à Man. Seul ou en sa compagnie. Et on vit alors défiler sur les terres des 18 montagnes les sommités du monde.

    Cette politique de villégiature étatique savamment organisée a contribué à soutenir et à booster le tourisme et la culture de l’ouest. Au passage vous remarquerez que j’associe intimement Tourisme, Culture et Arts. Le gouvernement est déjà formé. On ferme la parenthèse !

    J’ai connu un village de Man qui avait l’art de la danse et du tam-tam dans les veines. Houphouët-Boigny les avait intégrés aux tournées internationales du Ballet National de Côte d’Ivoire réactivé parallèlement à un plan de formation d’une élite à Paris sous l’impulsiondu Ministre Bernard DADIÉ et dont sont issus les BOUBA, GUEDEBA MARTIN ou KWAHULE KOFFI….

    Ces villageois abandonnaient durant six mois dans l’année, champs et houes. Ils étaient soit en tournées soit en répétitions intenses de retour au pays. De temps en temps au village ils produisaient un spectacle haut en couleurs pour les vieux et les enfants n’ayant pas participé aux tournées à Vienne, aux Pays Bas ou à Marseille. La politique culturelle était alors une réalité palpable.

    Et les touristes affluaient par vagues entières au pays des 18 montagnes.

    ====== CONNAISSEZ HUGO ZEMP ? ======

    Houphouët-Boigny quand il rentrait fâché du pays des blancs où des négociations avaient été difficiles, répétait un proverbe qui lui était cher :  » on ne demande pas à un e grenouille accroupie un tabouret pour s’asseoir ! ». Cela voulait dire que la crise du pétrole frappait aussi l’occident et que nous devions apprendre à compter sur nos propres forces !

    Je ne vais pas apprendre que vous me répondiez à cette question ! Comment voulez vous en effet que celui qui ne connaît même pas son frère Georges Momboye, pourtant mondialement reconnu, ait entendu parler de Hugo Zemp ? Soyons sérieux quand même !!!

    =======
    « Hugo Zemp a étudié l’anthropologie et la musicologie. Hugo Zemp rejoint le CNRS et enseigne l’ethnomusicologie à l’université de Paris-Nanterre.
    Il a beaucoup enregistré de musique, en particulier en Suisse, Océanie (par exemple chez les ’Aré’aré des Îles Salomon), Afrique (par exemple chez les Dan en Côte-d’Ivoire), et beaucoup écrit sur ce sujet… »

    =====

    Voici que vous lirez très vite grâce à GOOGLE le meilleur des moteurs de recherche. L’internet rend tout le monde savant désormais…

    A propos de la musique DAN improprement appelée YACOUBA, Hugo a écrit ce livre

    Musique Dan
    La musique dans la pensée et la vie sociale d’une société africaine.

    L’ouvrage fait à peu près 300 pages. A lire !

    PREMIÈRE PARTIE: INSTRUMENTS DE MUSIQUE
    DEUXIÈME PARTIE: CONCEPTIONS ET VERBALISATIONS
    TROISIÈME PARTIE: CONTEXTE SOCIAL
    APPENDICE

    Dans l’appendice III consacré aux « Textes originaux des chants », il a par exemple détaillé le texte d’une musique sacrée dédiée aux Génies de la Divination !

    Le blanc est fort ! Pour être sûr et certain de ce que les traducteurs pourraient lui raconter, Hugo Zemp s’est donné le temps d’acquérir un rudiment du YACOUBA ! Il a d’abord appris la langue locale pour éviter les biais des traductions. Ce n’était pas un « chercheur pressé » ! D’ailleurs le Directeur de Cabinet du Ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche, Monsieur KOBEA T. Arsène, pourrait vous dire qu’un chercheur trop pressé suscité de la méfiance ! Lui qui m’a donné, dans une vie antérieure, l’opportunité de travailler avec lui dans le cadre de son mémoire de DEA sur une modélisation SCADA lors de son Projet EPAL (Études des Phénomènes ALéatoires…) associé à l’étude des premiers programmes SAFIR. Un SCADA expérimental dans la broussaille d’Anoumabo qui abritait un champ d’antennes de CI TÉLÉCOM. On n’est plus jeune mon cher Arsène, il y a 43 ans, on ne parlait pas encore de projet de Géomagnétisme et d’Aéronomie chez nous. Il n’y avait pas même pas de Laboratoire de Physique de l’Atmosphère et de mécanique des Fluides dédié…il y a 43 ans

    Revenons à notre HUGO ZEMP !

    Le meilleur cadeau que HUGO a laissé à la postérité est un CD complet des plus grands Masques Yacouba des années 60 ! Vous le trouverez à coup sûr dans les rayons Musique du Monde en France. A l’origine il était gravé au Format Vinyle 33T puis il est passé au format CD

    A côté de ce patrimoine mémoriel, Hugo Zemp a également laissé un autre CD contenant tous les échantillons du répertoire de la musique Yacouba. Tout un répertoire complet !

    Monsieur Le Gouverneur FLINDE y retrouvera par exemple les premiers chants des Courses de Masques qu’il affectionne tant, lui qui adore valoriser avec la spontanéité qu’on lui reconnaît, la riche culture de son terroir.

    Un travail ESSENTIEL réalisé bien avant les belles compilations de DIOMANDÉ Tia qui a désormais mis en ligne sur la toile un répertoire riche dont les Souli de Man ou les belles mélodies des voix d’or du Gouetemba…

    Venez à Man ! Vous aurez pour votre argent ou JE VOUS REMBOURSE ! Moi Wara.

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