(Agence Ecofin) – Le Nigeria fait face au défi de la relance de son économie, après une année 2020 marquée par la covid-19. Le FMI lui a fait des suggestions sur la question de sa monnaie, mais les autorités ne peuvent les suivre aussi facilement.
Les autorités du Nigeria s’opposent au Fonds monétaire international (FMI) dont les experts suggèrent de dévaluer le naira, la monnaie de la première économie d’Afrique en termes de population et de produit intérieur brut.
« La part importante des ajustements à effectuer sur le plan macroéconomique n’a pas besoin que soit touchée la parité monétaire. Les pressions actuelles ne sont pas liées au taux de change en soi, mais reflètent plutôt les évolutions de la conjoncture mondiale », ont-elles fait savoir.
Elles défendent le fait que les taux de change maintenus à un niveau stable par la Banque centrale du pays ont largement contribué à la stabilité des prix, qu’elles considèrent comme l’un des objectifs les plus durables de leur politique macroéconomique. « Permettre une dépréciation supplémentaire de la monnaie ajouterait à la hausse de l’inflation déjà existante », ont fait savoir les autorités nigérianes.
Pourtant, insistent les experts du FMI, le Nigeria ne peut véritablement réussir sa relance économique post-covid-19 s’il ne dévalue pas sa monnaie jugée sous-évaluée d’au moins 18,6%. Ils prennent pour base d’analyse le fait que les actions de la Banque centrale en termes d’assouplissement des règles bancaires et les dépenses engagées par le gouvernement n’ont pas suffi à relancer la machine économique de manière efficace.
« Un taux de change correctement évalué favoriserait l’industrialisation nationale plus efficacement qu’un système de rationnement des devises où les gagnants sont choisis et protégés, et les prix relatifs ne bougent pas. Une politique de taux de change claire aiderait également à attirer des entrées de capitaux plus importantes, y compris les investissements directs étrangers qui ont considérablement diminué, ces dernières années », ont-ils fait savoir.
Le FMI reconnaît pourtant qu’une dévaluation du naira de l’ordre de 10% rajouterait près de 2,5% sur le taux d’inflation. Mais il précise que cela ne serait qu’un effet de court terme.
Mais le Nigeria ne peut se le permettre. Les autorités ont raison sur le point selon lequel leur pays n’est pas directement une grosse cible des investisseurs du marché international des capitaux. Ils y interviennent via des portefeuilles dédiés aux marchés émergents ou frontières. Aussi, l’inflation à la fin décembre 2020 avait atteint son plus haut niveau des trois dernières années, avec un pic à 18,5% pour les prix des aliments.
Les conséquences sur le plan financier se font déjà sentir. Comme sur les marchés développés, les investisseurs locaux ont cherché à se réfugier sur les titres d’emprunts du gouvernement à moins d’un an. Cela a entraîné une baisse des taux. Or, avec des taux bas et une inflation galopante, ces investisseurs ont cherché d’autres opportunités, gonflant les actifs boursiers plus vite que la croissance économique du pays.
Le Nigeria peut encore pourtant réduire ses besoins de liquidité extérieurs, en ayant recours au marché international de la dette. Il a un poids dette sur PIB qui est assez faible. Aussi on ne voit pas le FMI donner les mêmes conseils aux Etats-Unis, où le gros déficit commercial indique clairement que le pays ne produit pas tout.
Mais là aussi, les politiques de la Banque centrale et du gouvernement ont montré des limites, malgré un engagement qui en septembre 2020 avait déjà atteint les 4000 milliards $ contre seulement 6,5 milliards $ pour le Nigeria.
Idriss Linge
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