L’opposition ivoirienne : Le défi d’une unité à préserver malgré une série de questions sans réponse doublée d’une incohérence révélatrice.
Comment du fait de l’inconséquence de certains acteurs politiques dont le manque de pédagogie
peut être perçu comme de l’arrogance et l’incapacité de montrer cohérence et transparence posent
une équation à plusieurs inconnues ? Cette fragilité apparente ne doit pas faire un point de
satisfaction au chef d’état autoproclamé qui, avec ses mandants, n’attendent qu’une énième déchirure
de l’opposition pour s’y engouffrer, puisqu’ils y ont œuvré en envoyant des chancelleries en mission
auprès de quelques acteurs clés du CNT défunt.
Le combat contre le troisième mandat anticonstitutionnel, malgré sa justesse porte une certaine
complexité à cause de ses enjeux. Mais ce combat ne saurait s’éteindre vu que le troisième mandat
anticonstitutionnel n’est pas acceptable en cela qu’il est illégal et illégitime.
Monsieur Alassane Dramane Ouattara gagne du répit. Mais son infraction à la loi organique qui est
le fondement même d’un Etat (de droit), l’expose à la rigueur de tout ce qui est susceptible de
frapper tout délinquant. De toute évidence, l’acte posé par Monsieur Ouattara est grossièrement
délictueux qui a été condamné unanimement par des observateurs nationaux et internationaux. La
Constitution ivoirienne ne permet aucune effraction même « par devoir » au risque de déplaire à Le
Drian et à Macron. Les démocrates doivent donc poursuivre leur mobilisation qu’aucune
intimidation ne saurait venir éteindre. C’est le lieu de féliciter le peuple de Côte d’Ivoire qui a su
engager une bataille ; laquelle avait ébranlé le pouvoir du dictateur. Ceux qui s’en tiennent au
niveau de la mobilisation à Abidjan font une lecture réductrice. Quand l’arrière-pays était bloqué et
que des sources d’approvisionnements de la capitale économique étaient sérieusement touchées, que
fallait-il de mieux au regard d’une logistique de l’opposition qui n’était pas tout à fait au point ?
Il faut donc retenir que plusieurs atouts sont là, au sein de ce qui constitue l’opposition pour donner
des espoirs et montrer une espérance. En fait, il y a parmi les Ivoiriens des politiques et des non politiques :
Des personnages pour partie qui ont créé des partis politiques pour conquérir le pouvoir
et une société civile qui veut désormais donner de la voix parce que, ceux qui originellement (partis
d’opposition), sont sensés incarner le baromètre de la conscience (sociale) du peuple ne semblent
pas faire une autocritique de toutes leurs entreprises depuis des décennies.
On peut s’arrêter sur les violences inqualifiables du pouvoir et gloser sur des considérations
partisanes. Mais ce qu’on appelle l’opposition et qui doit incarner les espoirs et des aspirations du
peuple a-t-elle été à la hauteur des enjeux, entre le 10 octobre 2020 et le 4 novembre 2020 ? Autant
la question ne manque pas de pertinence, autant, il ne faut pas s’y arrêter au point de se bloquer .
Mais comment, parce qu’il y a des questions sans réponses et le fait que pour l’instant le pays porte
un chef d’état de fait, il faut trouver un équilibre sur une crête pour ne pas briser l’unité du peuple en
opposition à la forfaiture ?
La subtilité qu’il faut cultiver et d’autres atouts dont cette opposition peut être le siège, doivent être
un sujet qui, parce qu’il est central ne gagnera rien avec des cristallisations d’ordre partisan si ce
n’est d’étouffer des ressources dont l’éclosion des idées peuvent enrichir le débat politique d’une
part et de l’autre, doper une pensée qui, insidieusement devient unique. Car ce qui est ici en cause
au-delà des injustices criantes et les violences inqualifiables qui constituent depuis 2011 le mode de
gouvernance d’un pouvoir putschiste porté par un clan psychopathe et mythomane, c’est le pays ;
c’est la patrie ; c’est la vie de millions de gens.
Une partie de l’opposition va aux élections législatives. Il y a dans cette partie, des partis qui visent
des moyens de subsistance et/ou d’autres qui veulent démontrer à l’opinion publique la mauvaise
foi du pouvoir en place. Dans un cas comme dans l’autre, il y a un défi d’ordre communicationnel
qu’il convient de relever. Car Monsieur Ouattara depuis des années mais surtout à l’occasion du
scrutin du 31 octobre, a étalé de façon éclatante sa mauvaise foi et sa volonté de ne respecter aucune
loi dont celle qui constitue la norme. Celle qu’on appelle « opposition ivoirienne » doit plus s’en
prendre à son manque de communication, d’organisation interne, de son incapacité à organiser ses
ressources humaines pour les déployer sur les différents fronts et de sa frilosité à revoir sa praxis
politique.
Si le rapprochement des deux grands partis d’opposition a donné un coup d’accélérateur à la
dynamique de l’opposition, les contradictions que leurs positionnements engendrent, pointent
quelques difficultés à les suivre. Dans l’un, on évoque des résolutions de son dernier Congrès qui
disent qu’il faut participer à toutes les élections, sans lever qu’il y a une ouverture dans les textes
qui prévoient une Convention entre deux Congrès pour apprécier les données en fonction de
l’évolution de la situation politique. Alors, on pourrait évoquer le Comité central dont il vaudrait
mieux ne rien en dire ici. Pour l’autre grand parti, on a oublié les municipalités gagnées par lui et
arrachées de force par le pouvoir .
Il y a cependant un point d’accord – et c’est fondamental – entre ceux qui ont décidé de participer
aux élections législatives sans satisfaction des préalables par le pouvoir et les autres qui ont une
position lisible sans acrobaties oratoires.
Le découpage électoral est fait d’une façon « technologique » qui octroie des sièges d’avance au
pouvoir . En effet, plusieurs sièges de députés sont affectés à des communes (du Nord) favorables au
pouvoir malgré leur faible densité de populations en proportion à celles de plusieurs autres localités
du pays. C’est pour le pouvoir un artifice pour s’assurer une majorité des sièges. Aussi, avec le
fonctionnement qu’a le pouvoir législatif sous Ouattara, l’incompréhension reste-t-elle dominante.
Le paradoxe est que le pouvoir n’a montré aucun geste de fléchissement. Mais certains opposants
espèrent attendrir un monstre. L ’attente d’une telle prouesse est très grande. Mais on ne sait jamais !
Au total, toutes ces questions peuvent être posées sans qu’elles constituent un crime de lèsemajesté. En démocratie, ce n’est pas une tare d’avoir des débats contradictoires entre acteurs d’un
même bord. Pourquoi penser que l’on ne devrait pas demander à comprendre parce que cela serait
des éléments gênants. En réalité, c’est la tentation d’éluder le débat contradictoire qui est un
problème.
Enfin, il faut dire que la bataille contre le troisième mandat anticonstitutionnel, parce que juste et
noble, doit être mené jusqu’à son terme. Des indices nous font penser que le peuple est encore
mobilisé même s’il se montre apparemment endormi. En fait, ce peuple a besoin d’être dirigé dans
la clarté.
Dr Claude Koudou
haa Claude koudou @dabakala @popcornnnnn ! @bonmaïspérimé! courage le frère! 15 ans d’analyse anti-ouattara! courage!