Côte-d’Ivoire: KKB à Guézon, vers la fin de l’impunité pour les dozos assassins ?

« Les dozos de Guézon ont vraiment zaillé* cette fois », tels sont les propos d’un agent d’une ONG basé à Duékoué depuis plus de deux décennies. L’homme, la cinquantaine à peine passée, a vécu toutes les crises de cette région dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire depuis la guerre civile au Liberia à la crise post-électorale de 2011 en Côte-d’Ivoire. Sans oublier les attaques de la rébellion en 2002, les milices patriotes de Gbagbo et leurs supplétifs libériens, le massacre du quartier carrefour etc.
« Est-ce que pour une affaire de chapeau de dozo, il ne pouvait pas demander aux gendarmes d’aller le récupérer au lieu de se faire justice eux-mêmes ? Par deux fois, ils ont outrepassé les autorités avec pour bilan 7 morts dont six Guérés. Même après la mort de leur chef qui a succombé à ses blessures à Yamoussoukro, était-il besoin d’aller se venger et ainsi laisser 6 autres morts derrière eux ?», se demande notre interlocuteur, apeuré par un retour de la violence dans la région, avec les mauvais souvenir de 2002 à 2011. « Vraiment il faut que la justice agissent contre ces dozos car trop c’est trop maintenant », lance-t-il avant un nouveau sanglot de pleurs.

Hervé Coulibaly

Zailler*, faire une grosse gaffe, déconner, en Nouchi ivoirien

VIOLENCES MEURTRIÈRES, CE QUI S’EST VRAIMENT PASSÉ À GUÉZON

Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 décembre 2020, sept personnes ont trouvé la mort, plusieurs autres blessées, près de quarante habitations incendiées ou détruites et d’importants dégâts matériels, dont le camp des masques incendié. Pour une affaire de chapeau.

Après les heurts, Konan Kouadio Bertin, le ministre ivoirien en charge de la réconciliation est dépêché sur le terrain pour une mission de pacification.

Le laxisme, cause première du conflit

Selon de nombreuses personnes , tout a commencé le 22 décembre 2020. Un dozo barré d’une coiffe est pris à partie par un groupe de jeunes dont l’un finit par arracher, le chapeau. L’affaire est portée devant le chef du village et le sous-préfet. Plusieurs fois convoqué, le mis en cause ne présentera ni chez le chef, encore moins chez le sous-préfet. Et ce durant une semaine. Blessés dans leur amour propre, les dozos décident de laver l’affront. Dans la journée du dimanche 27 décembre, ils font une battue dans le village et retrouve celui qui a le chapeau d’un des leurs. Une bagarre éclate. L’un d’eux, abandonné, par ses gris-gris protecteurs, reçoit un coup de gourdin. Il est sonné et s’écroule de tout son poids. Il est transporté d’urgence à l’hôpital du village où il est demandé qu’il soit évacué à Yamoussoukro. Le chef de la communauté dont est issu le dozo et Diomandé Drissa dit Loss, cadre du village mettent tout en œuvre et l’infortuné est évacué sur Yamoussoukro. Malheureusement, il décède avant même d’accéder à la salle de soins. Informés de l’incident, le commandant de brigade, le corps préfectoral et Diomandé Drissa dit Loss aidés d’autres bonnes volontés essaient d’apaiser les dozos pour éviter des représailles. Des dispositifs de sécurité sont mis en place pour contrer toutes velléités d’attaque ou de revanche. Malgré tout, le pire arrive. Les dozos décident de venger leur frère mort. Ils font une expédition punitive dans le quartier Guéré en contournant le dispositif sécuritaire et laissant les autorités en négociations. « Pendant que nous étions entrain de parler, d’essayer de raisonner les uns et les autres afin de garder leur calme et que justice sera rendue, les choses ont dégénéré. Les gens ont commencé à mettre le feu aux maisons et c’était la débandade totale la nuit« , explique Diomandé Drissa dit Loss

Olivier Dan envoyé spécial à Guézon

7info.ci

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