L’année scolaire 2020-2021 sera-t-elle perdue à Daoukro ? Nul ne le sait. Mais l’inquiétude grandit, vu les agissements de certaines personnes pour empêcher le bon déroulement de l’école dans cette ville. En effet, depuis l’ouverture officielle de l’année scolaire, les élèves de Daoukro n’ont pas encore pu véritablement se rendre en classe.
De la mi-septembre à début octobre, période consacrée aux révisions, la majorité des élèves sont revenus des vacances, mais ils se sont contentés de s’inscrire ou de se trouver un logis.
C’est dans ce contexte que l’opposition a lancé son mot d’ordre de désobéissance civile qui a impacté négativement la vie dans la localité, débouchant sur un conflit inter-communautaire. Depuis octobre, le fonctionnement normal de l’école est perturbé à Daoukro.
La preuve, après les congés de Toussaint le lundi 16 novembre, les portes des lycées, collèges et écoles primaires sont restées fermées.
Face à cette situation, Taregue Marie-Chantal, directrice régionale de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle ( Drenet-Fp), a porté la préoccupation au préfet de région, préfet du département de Daoukro, Aka Julie. Qui a convié tous les acteurs du système éducatif à une réunion le 19 novembre. A cette rencontre, elle a donné instruction pour la réouverture de l’école le 24 novembre.
Ce qui a été fait, à la satisfaction des parents d’élèves. Malheureusement, cette joie a été de courte durée, car le mercredi 25 novembre, les partisans de la fermeture des établissements scolaires ont remis le couvert.
Aux environs de 7h30, soit 25 minutes après le début des cours, huit individus en civil ont escaladé la clôture des lycées modernes Henri Konan Bédié 1 et 2 ( les plus grands établissements de la ville situés sur le même site) et ont chassé les élèves des classes.
Ils ont eu recours au même procédé dans les autres établissements primaires et secondaires de la localité. Du coup, ceux-ci ont refermé leurs portes, au grand dam des élèves et de leurs parents.
Selon certaines sources, cette action de perturbation s’inscrit dans la stratégie de désobéissance civile. Pour certaines personnes, les cours ne doivent pas reprendre à Daoukro, tant que le dialogue politique initié par le Chef de l’État entre l’opposition et le pouvoir n’aboutit pas.
Les élèves et leurs parents sont exaspérés face à cette situation. Ils ont exprimé leur mécontentement hier, lors d’une réunion de crise convoquée par la Drenet-Fp au lycée, dès la fermeture des classes. Les chefs de classe des classes d’examen présents à cette rencontre se sont dit inquiets pour leur avenir. «Nous sommes impuissants et nous voulons passer nos examens. Nous allons sensibiliser nos camarades afin qu’ils se désolidarisent de ces fauteurs de troubles», a indiqué Kouakou Hermann en Tle D.
Quant à N’Cho Eudoxie en 3e, elle souhaite que des mesures soient prises pour leur permettre de poursuivre l’année scolaire.
Du côté des parents d’élèves, la colère est également grande. «C’est inadmissible que huit personnes perturbent l’école dans une ville. Il faut prendre des mesures vigoureuses pour mettre aux arrêts tous les fauteurs de troubles et les traduire devant les tribunaux. Il faut laisser nos enfants continuer leur apprentissage sereinement», a souhaité Gogoua Christophe, président de Coges.
La Drenet-Fp multiplie les réunions de sensibilisation depuis le 16 novembre. Taregue Marie-Chantal ne cesse de rencontrer les populations de la localité pour leur faire comprendre la nécessité de favoriser un environnement sain pour l’école.
Elle répète à tous que l’année scolaire risque d’être menacée à Daoukro si la situation perdure. Car moins de 10 % des élèves se sont inscrits et la quasi-totalité de ceux en classe d’examen ne sont pas à jour, en ce qui concerne les dossiers à fournir. Alors que la date butoir est fixée au 11 décembre.
Taregue Marie-Chantal compte rencontrer les chefs de toutes les communautés et leurs membres pour poser le problème, afin de sauver l’année scolaire à Daoukro.
Par ailleurs, deux problèmes majeurs sont posés par des leaders communautaires. Premièrement, certains membres de la communauté malinké s’inquiètent du fait que leurs enfants doivent se rendre au lycée qui se trouve dans le quartier Baoulékro. Car, pour eux, ils peuvent faire les frais de représailles. De même, certains membres de la communauté baoulé vivant dans les villages sont inquiets pour leurs enfants qui louent des maisons dans le quartier des Malinké ou doivent traverser ce quartier pour se rendre à l’école.
Edgar Yeboue
Fratmat
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