Déclaration: 20/10/2020 ICC/CPI
Déclaration de Fatou Bensouda, Procureur de la Cour pénale internationale, lors d’une conférence de presse à Khartoum (Soudan): «Il est urgent que justice soit faite au Soudan. Pour obtenir une paix et une réconciliation durables, il est indispensable de s’appuyer sur le socle stable de la justice.»
Le Procureur de la CPI, Fatou Bensouda, rencontre des dirigeants soudanais, hauts responsables du Gouvernement et de l’appareil judiciaire, à Khartoum.
Mesdames et messieurs, merci d’être venus aujourd’hui à cette conférence de presse. Je vous remercie de me donner l’occasion, par votre truchement, de m’adresser au peuple soudanais.
Je m’appelle Fatou Bensouda et je suis le Procureur de la Cour pénale internationale (la CPI ou la «Cour »).
Les victimes du Darfour n’ont que trop attendu que justice leur soit rendue. Par cette visite historique, nous espérons marquer une nouvelle ère de coopération entre mon Bureau et le Soudan pour que les responsabilités pour les atrocités commises soient établies. La CPI a mis en place une cour internationale indépendante et impartiale chargée de juger les atrocités, à savoir les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le génocide et le crime d’agression.
Mon rôle de Procureur est de traduire en justice les responsables de ces atrocités et, ce faisant, leur demander des comptes et empêcher que d’autres crimes ne soient commis.
La CPI est au cœur de ce que nous appelons le système de justice pénale internationale prévu par le Statut de Rome. Elle constitue une juridiction de dernier ressort. Cela signifie qu’il incombe en premier lieu aux systèmes judiciaires nationaux d’enquêter sur de tels crimes et d’en poursuivre les auteurs. À défaut, c’est à la CPI d’intervenir en tant que mécanisme judiciaire de sécurité.
Ainsi, mon Bureau mène des enquêtes et des poursuites sur des crimes atroces commis de par le monde. La politique n’a pas d’influence sur mes décisions prises en toute indépendance et impartialité. Toutes mes actions se fondent sur le droit – le Statut de Rome de la CPI – et sur les preuves objectives recueillies par mes enquêteurs. J’irai partout où le droit me permettra d’aller et suivrai les preuves partout où elles me mèneront dans la quête de justice pour les victimes. L’objectif de la CPI est donc de contribuer à mettre fin à l’impunité ou, en d’autres termes, à veiller à ce que personne, quel que soit son statut ou son rang social, ne puisse échapper à son obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises, quel que soit le temps qu’il faudra pour y parvenir.
C’est de cette manière que la justice peut contribuer à protéger les futures générations du fléau des guerres et des conflits menés sans foi ni loi, et à prévenir la souffrance humaine.
Mon Bureau enquête sur la situation au Darfour, au Soudan, depuis 2005, lorsque le Conseil de sécurité des Nations Unies, par la résolution 1593 (2005), a déclenché l’exercice de notre compétence en déférant cette situation au Procureur de la CPI.
Depuis, il s’est passé beaucoup de choses. Aujourd’hui, alors que nous poursuivons nos enquêtes, il est important que les autorités soudanaises apportent concrètement et sans fléchir leur entière coopération à mon Bureau, non seulement pour le travail que nous effectuons à la CPI mais aussi et surtout pour les communautés touchées au Darfour.
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