«La situation est devenue explosive…»
L’ancien ministre des Affaires étrangères, désormais candidat déclaré à la présidentielle de 2020 s’est longuement étendu sur la situation sociopolitique de son pays à deux mois d’une élection présidentielle qui attise toutes les passions. Marcel Amon-Tanoh, de son ton placide mais direct n’a pas mâché ses mots pour tirer la sonnette d’alarme sur les risques de déflagration qui pourraient émailler ce scrutin du 31 octobre.
Dans les colonnes de Jeune Afrique, MAT explique que le climat préélectoral est délétère au regard des violences qui entraînent des morts alors que la campagne n’est pas lancée. Il donne ses recettes pour une élection apaisée, toute chose qui passe selon lui, par un dialogue des acteurs politiques, parties prenantes au scrutin à venir. Entre autres confidences, Amon Tanoh révèle ce qui l’a séparé de son leader et ami de plus de trente ans, le président Alassane Ouattara.
« L’atmosphère autour du processus électoral était très tendue et j’étais déjà inquiet alors même que le chef de l’Etat n’avait pas encore annoncé sa décision de se représenter. Alors vous imaginez aujourd’hui ? La situation est devenue explosive et oui, je suis très préoccupé. Nous sommes dans un pays divisé qui ne s’est pas encore réconcilié avec lui-même et il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu. A mon sens, le plus important est d’arrêter cette violence et de faire en sorte qu’il n’y ait plus de mort. La seule façon d’y arriver est d’asseoir les différentes parties autour d’une table et de faire en sorte qu’elles se parlent », analyse l’ancien ministre qui essaie à son niveau de prendre des initiatives en allant à la rencontre des leaders politiques de tout bord dont le président du Pdci, Henri Konan Bédié et en attendant Simone Gbagbo pour échanger sur la situation du pays.
Marcel Amon Tanoh est candidat mais face à la situation explosive qu’il décrit, il refuse d’être prisonnier du fétichisme des dates. L’élection, de son avis, peut être reportée si tant est qu’on nourrit le désir d’apaiser la situation avant les hostilités. « Il n’est pas trop tard pour s’asseoir, dialoguer et tenir l’élection à bonne date. Mais mieux vaut la reporter si les conditions ne sont pas réunies plutôt que risquer d’entrainer le pays dans une crise et de porter la responsabilité de nouveaux morts », suggère l’interlocuteur de JA quand on lui demande son avis sur un éventuel report de l’élection. Reporte des élections, une arlésienne entonnée depuis un temps par des observateurs et des acteurs politiques concernés au premier plan par le processus électoral en cours. Sur le même sujet, il n’est pas opposé à un retour de Gbagbo et de guillaume Soro en Côte d’Ivoire afin qu’ils participent eux aussi à l’apaisement « Laurent Gbagbo et Guillaume Soro font partie de ceux qui peuvent aider à la réconciliation », s’est-il exprimé.
Pour l’ancien compagnon d’Alassane Ouattara, la rupture qui est intervenue en mars dernier entre les deux personnalités, s’est faite sur la base de divergence de vue sur certaines questions de fond. Sans trop rentrer dans les détails il dit avoir exprimé ses préoccupations par écrit au chef de l’Etat, son ancien patron qui ne les a pas prises en considération. Notamment le processus qui devait conduire au choix du candidat du Rhdp. « Le Rhdp aurait gagné à avoir un processus inclusif et démocratique. Les primaires étaient une évidence. C’est parce qu’il n’y en a pas eu que j’ai dit que je n’impliquerai pas dans le processus », révèle-t-il avant de glisser cette phrase sibylline quand on lui demande s’il est un homme déçu de son ex-chef : « S’il n’y avait pas eu de déception, je ne serais pas parti ».
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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