« Au secours » Côte-d’Ivoire, les mêmes sont de retour, «leur parole donnée ne vaut vraiment rien»

« Au secours, ils sont de retour.

Par Assalé Tiemoko Antoine

Quand on tirera tous les conséquences de nos inconséquences, nos enfants vivront mieux, demain.

Cela fait plus de deux ans, que j’ai appelé les trois grands, constitution ou pas, à tirer les conséquences du drame dans lequel s’est installé ce pays depuis bientôt 30 ans, et à ne plus se sentir concernés par l’élection présidentielle de 2020.
Plusieurs milliers de morts plus tard, nous voilà de nouveau, au bord du passage à l’acte.

Je l’ai écrit et je l’ai affirmé sur des plateaux de télé, de vive voix. Tant qu’un seul parmi les trois grands continuera à vouloir être président, les autres ne prendront pas leur retraite. Le schéma est sous nos yeux et nous revoilà dans le débat de toujours.

« Ouattara est éligible, car la nouvelle constitition, à travers l’article 55 qui limite les mandats à deux, a créé une troisième république et par conséquent les compteurs ont été remis à zéro et il est candidat non pas pour un troisième mandat mais pour un premier mandat dans la 3e république », disent ses partisans et un groupe de juristes proches du parti au pouvoir.
« Ouattara n’est plus éligible parce que la constitution n’accorde pas de 3e mandat et l’article 55 est un obstacle infranchissable » , s’indignent les opposants et des juristes proches d’eux.

Après Tia Koné et ses errements en 2000 (il s’est confessé plus tard), après Yao Ndre et sa relation incestueuse avec le « diable », voilà le nouveau président du conseil constitutionnel, Kone Mamadou, remis dans la même situation que les deux précédents.

Je l’ai écrit déjà et les écrits sont disponibles. Si Ouattara veut être candidat, « seul Ouattara peut arrêter Ouattara ». Parce que le conseil constitutionnel ne dira pas autre chose et que ce peuple profondément divisé en trois blocs antagonistes, n’est capable d’aucune revolution solidaire sinon qu’à basculer dans la guerre civile par des affrontements, pour la grande joie des politiciens, toujours les mêmes, entre populations déjà appauvries et traumatisées par 30 années de crises et d’instabilité.
Dans quelques jours, les matamors vont surgir de partout pour appeler leur peuple à eux, puisqu’il y a désormais plusieurs peuples dans ce pays et non un peuple homogène, à descendre dans les rues, tout en restant bien au chaud eux-mêmes, hors du pays.

Ah la parole donnée, qu’est ce qu’on en fait ? Elle est valable pour les uns, elle ne l’est pas pour les autres.

Le président Ouattara a déclaré publiquement qu’il ne se présentera pas. Exit désormais cette parole, il dit que son retour est un cas de « force majeur ». Et il a le soutien ferme de son parti et des militants.

Le président Bédié a déclaré que lui ne fera jamais comme ceux qui se présentent à la présidentielle au-delà de 80 ans parce que la fonction présidentielle exige des ressources physiques et intellectuelles. Le voilà de nouveau candidat à 86 ans, au motif que la nouvelle constitution n’a pas prévu de limite d’âge. Et il a le soutien ferme de son parti et des militants.

Le président Gbagbo a déclaré publiquement que lorsqu’on a 75 ans, on ne doit plus se présenter à la présidentielle, parce que, à cet âge, on est fréquemment malade. Il n’a rien dit encore mais la branche du FPI qui se reconnaît en lui, l’a choisi comme son candidat à la présidentielle.

Ce n’est donc pas la faute, au final, aux trois. C’est nous les Ivoiriens, le vrai problème.

Parce que, la vieille classe politique ivoirienne n’a jamais voulu réellement passer la main et s’est toujours vautrée dans la fuite en avant, assurée d’avoir à sa disposition, des militants captifs pour leur passer tous leurs caprices et à trouver des arguments pour soutenir toutes leurs pirouettes.

Le président Ouattara a déclaré sa candidature à la présidentielle, le vin est tiré, nous allons le boire. Depuis 1993, il n’ya jamais eu de passation de pouvoir à la tête du pays entre un président entrant et un président sortant.

La seule chance qu’on a aujourd’hui, est de savoir que tout ça, est du déjà vu.

Ouattara et Gbagbo contre le dictateur Bédié. Plusieurs morts et un coup d’Etat.

Bédié et Ouattara contre le dictateur Gabgbo, plusieurs milliers de morts, une rébellion, le pays coupé en deux et une crise post électorale meurtrière.

Bédié et Gbagbo contre le dictateur Ouattara, on verra la suite.

Ôte toi de là que je m’y installe pour prendre ma revanche, c’est tout, ça n’a jamais été autre chose.

Que va-t-il se passer ? Des troubles, le pays bloqué, des morts encore, la chute ou non de Ouattara, et le jour d’après ? Une transition dirigée par qui et au nom de quoi ? Et ce président sans légitimité, il sort d’où et pour faire quoi pendant combien de temps avant d’organiser de nouvelles élections avec qui comme candidats, les mêmes ou de nouveaux ?

Et l’armée qui, on le sait, tomberait dans la désorganisation et ne serait plus, notamment au nord et à l’ouest , capable de défendre le territoire au risque de laisser les terroristes qui en rêvent, prendre pieds sur le sol ivoirien, on y pense ?
ET nos experts en droit, nourris à la sève de la pirouette selon qu’ils viennent de gauche ou de droite, pourquoi n’ont ils pas été clairs comme ceux du Bénin dans la dernière constitution de 2019 ?

« Le président de la République (au Benin ndlr), est élu au suffrage universel direct, pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de présidents de la République ». Article 42 nouveau de la constitution du Benin.

Il y a des peuples qui tirent des leçons de leur histoire. Et il y en a qui confient leur conscience à des individus.
Comme il avait raison, Einstein: « La folie, c’est de répéter toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent ».
Nos vies, la vie et l’avenir de nos enfants, la paix dans notre pays, sont plus importants que tout. »

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