«Renvoi abusif» à FratMat en Côte-d’Ivoire: Et si le Président Ouattara était mal informé ? La preuve

Le procès des 86 travailleurs s’ouvre le 17 décembre prochain, convaincus que quel que soit alpha, Fraternité Matin n’aura plus de choix que de payer leurs droits, un jour.

A propos du plan de restructuration de Fraternité Matin, ‘’je voudrais dire à tous ceux qui ont dû partir dans le cadre de l’application de ce plan, que ceci était une nécessité. Toutefois, nous avons pris des dispositions afin que cela se fasse dans des conditions acceptables. Je leur adresse mes encouragements et je leur souhaite plein succès dans leur nouvelle vie’’. Ces propos d’Alassane Ouattara, Président de la Côte d’Ivoire, tenus lundi 09 Décembre 2019, à l’occasion de la célébration du 55è anniversaire du quotidien pro-gouvernemental, Fraternité Matin, montre bien que le N°1 ivoirien a été trompé sur toute la ligne en ce qui concerne ce dossier de restructuration qui a nécessité le renvoi abusif, pour bien des cas ; de 123 travailleurs de cette entreprise au bord de l’infarctus financier, depuis que Venance Konan, Directeur général, a pris les rênes de Fraternité Matin, en 2011. L’audit commandité par le gouvernement avait mis le doigt sur sa mauvaise gestion. Il mentionne : ‘’

– l’absence d’une vision stratégique clairement définie et acceptée par tous ;

– la gestion de l’entreprise en dehors des recommandations et plans d’actions arrêtés au titre du plan stratégique 2011-2015 ;

– la dégradation de son outil de production,

– le niveau pléthorique de son effectif avec 339 agents dont 51 temporaires ;

– les charges de personnel représentent 60% du chiffre d’affaires de l’entreprise et plus du tiers des charges d’exploitation…’’ Pour y remédier, deux Directeurs généraux adjoints chargés des finances se sont succédés sans succès, parce que le tout puissant Venance Konan les empêchait de mener à bien leurs missions. De plus, ce dernier entretenait des relations exécrables avec la présidente du Conseil d’administration, Mme Zunon Kipré et même l’actuel le Professeur Séga SANGARE. De guerre lasse, Mme Zunon a dû partir de force, de l’entreprise. Plutôt que de démettre l’auteur des ‘’Catapila, ces ingrats’’ pour mauvaise gestion, l’éditorialiste et insulteur public a réussi à faire avaler la pilule du dégraissage à Alassane Ouattara et à son gouvernement. L’occasion rêvée pour lui, de couper les têtes de ceux qui décrient, depuis des années, sa mauvaise gestion ; laquelle a poussé cette entreprise, qui faisait la fierté des Ivoiriens, dans le précipice. Pourtant les trois critères édictés par la direction générale de Fraternité Matin, pour faire partie des lots de renvoyés pour ‘’motifs économiques’’, sont les suivants :

– il s’agit d’emplois ne correspondant plus au nouveau modèle économique de la Snpeci. Ce sont des emplois à faible valeur ajoutée ; c’est-à-dire qui ne participent pas au cœur-métier qui est la presse et l’imprimerie (sécurité, maintenance, entretien…), médecine du travail, les chauffeurs…

– il s’agit également des travailleurs faiblement qualifiés. Ils sont pour la plupart dépourvus de prérequis qui devaient permettre, si besoin en étaient d’être reconvertis. Seulement l’analyse de leur profil individuel n’autorise pas une reconversion, par la formation, le coaching ou le tutorat sur de nouveaux emplois.

– il s’agit enfin, des salariés en situation particulière (congé maladie de longue durée) ou tout autre cas d’indisponibilité.

Abusivement renvoyés alors qu’ils n’ont rien à voir avec ces critères de renvoi ci-dessus, 05 journalistes qui sont, en outre, des travailleurs protégés (syndicalistes et délégués de personnel), décident faire un recours hiérarchique en saisissant le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale. Celui-ci donne raison à quatre d’entre eux (reconnait donc que c’est un renvoi abusif, surtout que ce sont des travailleurs protégés) et ordonne leur réintégration à Fraternité Matin. Mais le Dg de cette boîte, Venance Konan, certainement au-dessus des ministres de la République, refuse toute injonction. Au dernier moment, il consent à réintégrer deux journalistes sur quatre. Quant au 5è, son dossier, déposé le 28 décembre 2018, au même moment que les quatre autres, a curieusement disparu de ce ministère dirigé par Pascal Kouakou Abinan. Moins d’un an après le renvoi des 123 travailleurs dont 11 travailleurs protégés, intervenu la 18 décembre 2019, Venance Konan continue de narguer toute la République. Il a décidé de recruter certains collaborateurs notamment Beugré Djeketou Marlaine (Audit interne), Koné Ahmed Cheick (direction financière et comptable), Assémien Soko Jean (moyens généraux), Coulibaly P. Hermann (Chef du service stratégie marketing et communication) et à la Rédaction :

Gonto Édouard, Secrétaire de rédaction en chef, Didi Serge Armand, Secrétaire de rédaction, Coulibaly Mariam, Secrétaire de rédaction. L’Article 18.9 DU CODE DU TRAVAIL de la Loi N°2015-532 du 20 juillet 2015, stipule pourtant : ‘’Constitue un licenciement pour motif économique, le licenciement opéré par un employeur en raison d’une suppression ou transformation d’emploi, consécutive notamment à des mutations technologiques, à une restructuration ou à des difficultés économiques de nature à compromettre l’équilibre financier de l’entreprise. Le travailleur congédié par suite de licenciement pour motif économique bénéficie pendant deux ans d’une priorité d’embauche dans la même catégorie d’emploi.

Le travailleur bénéficiant d’une priorité d’embauche est tenu de communiquer à son employeur tout changement d’adresse survenu après son départ de l’établissement. L’employeur est alors tenu, en cas de vacance d’emploi, d’aviser le travailleur intéressé par tout moyen laissant trace écrite’’. Ouattara doit donc savoir que ceux qui ont été renvoyés ne l’ont pas été dans les ‘’conditions acceptables’’. Pire, malgré les procès perdus par Fraternité Matin, son Dg et son adjoint, Serges Nouho, qui fait la pluie et le beau temps actuellement, refusent de payer les droits des travailleurs. Outre les journalistes, le responsable des vigiles, le médecin de l’entreprise et un collectif de 86 agents ont décidé d’ester en justice. Fraternité Matin est condamnée par la justice ivoirienne à payer plusieurs centaines de millions de Fcfa pour dommages et intérêts à ses ex-employés. Mais ses dirigeants refusent de s’exécuter. Le procès des 86 travailleurs, lui, s’ouvre le 17 décembre prochain, convaincus que quel que soit alpha, Fraternité Matin n’aura plus de choix que de payer, un jour, ce qu’il doit, malgré le statut social de l’actuel Dg, Venance Konan.

‘’Fraternité Matin a toujours bénéficié de l’attention du gouvernement. Outre l’aide publique à la presse dont votre maison de presse bénéficie, nous avons consacré d’importants financements publics, pour moderniser les outils de production et faciliter la transition digitale indispensable de nos jours, pour ne pas disparaître’’, à en croire le Chef de l’Etat ivoirien. Comment dans ce cas, arrive-t-on à un dégraissage de 123 pères et mères de famille pour des ‘’motifs économiques’’ ? Pourquoi ce sont eux qui sont dégommés alors que ce ne sont pas eux qui ont géré les ‘’importants financements publics, pour moderniser les outils de production’’ ?

Source : http://www.cotedivoire-today.net

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