Labellisation de l’Attiéké: Le comble du ridicule, la honte de la Côte-d’Ivoire

La honte ivoirienne

La Côte d’Ivoire est bouche bée. Les Ivoiriens font les yeux ronds et ont le souffle coupé. L’État ivoirien, lui, rase les murs.

Le 22 novembre 2019, au 5è Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA), coup de tonnerre. Le « Faso Attiéké » a obtenu le meilleur label (photo).

C’est une belle claque et une honte économique et gastronomique pour la Côte d’Ivoire.

Le 3 août 2016, en Conseil des ministres, le Gouvernement a pris le pari de la labellisation de l’attiéké. S’inspirant de la campagne électorale du candidat KKB à la présidentielle de 2015 en faveur de l’attiéké, l’État promettait alors d' »assurer la protection juridique internationale de l’appellation ‘attiéké’ ainsi que du mode de production de cette denrée ».

Mais le Gouvernement a choisi de rester aux effets d’annonce, ne donnant aucun moyen à la structure technique chargée de l’opération, l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (OIPI), pour saisir l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).

Et ce qui devait arriver dans ce monde de concurrence sauvage est survenu. une ressortissante burkinabé, Mme Florence Kaboré épouse Bassono, est venu couper l’herbe sous les pieds des Ivoiriens et ironie du sort, sur le sol ivoirien.

La conséquence de cette double gifle est imparable.

L’appellation « attiéké » ne bénéficie plus d’une protection juridique internationale. Ce semoule de manioc bien ivoirien dont la notoriété a longtemps franchi les frontières du pays, n’est plus, comme le champagne ou le Bordeaux français, une marque déposée.

De ce fait, la Côte d’Ivoire perd le brevet (qu’il n’a jamais demandé) et ne peut plus revendiquer des droits. Sans compter que le pays ne sera plus la référence mondiale dans la conception et l’exportation de « sa denrée » maintenant fabriquée dans la sous-région (Burkina Faso, Mali…) et dans plusieurs autres pays dont la Chine.

Le comble du ridicule, c’est que le 23 novembre, c’est-à-dire le lendemain de la perte du droit de propriété, le ministère ivoirien du Commence et de l’Industrie a lancé le processus de la labellisation de … »l’attiéké des lagunes ».

Si elle ne trahit pas une collusion, cette réaction du médecin après la mort laisse penser à une complicité et une co-action dans la mise à mort de l’appellation « attiéké » tombée dans le domaine public.

Il va rester un autre produit très prisé: l’alloco, la friture de banane mûre. Qui risque encore de nous filer entre les doigts.

Bally Ferro

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1 réflexion au sujet de « Labellisation de l’Attiéké: Le comble du ridicule, la honte de la Côte-d’Ivoire »

  1. UN VRAI FAUX DEBAT ?
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    Cette affaire de « Faso Attiéké », un vrai-faux débat ? Certainement !
    On fait en vérité un mauvais procès au gouvernement dans un débat qui n’en vaut pas la peine.
    Allons pas à pas ! Pour trois raisons selon moi. Pour la forme et le fonds :
    1) Le Burkina Faso comptera 30 millions d’habitants en 2030, selon les résultats du rapport national 2014 sur la démographie du ministère en charge de l’économie et de la planification. Cette population burkinabé en 2050 est estimée à plus de 56,5 millions d’habitants pour le scénario haut, 45,8 millions d’habitants pour le scénario bas. Les prévisions de la Côte d’ivoire tourne autour de ces mêmes chiffres ! Il est important qu’il y ait localement d’autres produits pouvant garantir une sécurité alimentaire chez chacun ! Au risque d’une invasion des voisins quand nous serons tous surpeuplés. On ne peut pas souhaiter en même temps une chose et son contraire. Donc cette information est UNE TRES BONNE NOUVELLE !
    2) Pour l’exemple qu’elle donne aux jeunes africains et particulièrement à ceux de Côte d’Ivoire, la réussite de cette brave dame est à saluer. Simple secrétaire qui a perdu son emploi, Mme Wendlasida Florence Bassono née Kaboré a su relever le défi de la vie en créant depuis 2009, son entreprise dénommée Faso Attiéké, spécialisée dans la transformation et la commercialisation du manioc local…LE MANIOC DU FASO ! Voici un modèle de réussite à encourager. Donc depuis 2009, il y a 10 ans. Le gouvernement s’est réveillé bien après elle, et bien après les chinois !
    3) Que nous rapporterait le label Attiéké si on le verrouille ? Et comment pouvons-nous empêcher les chinois, les nigérians, les éthiopiens de fabriquer localement de l’attiéké pour nourrir leurs nombreuses populations à partir du manioc produit sur leur sol ? Que le produit final s’appelle Attiéké s’appelle Hong-fi, Cassava Couscous ou autres ? N’avons-nous pas intérêt à favoriser partout la consommation de l’attiéké et ensuite faire distinguer le label attiéké des Lagunes dans ce lot ?
    Je parie que beaucoup d’ivoiriens ne la savent pas. Depuis 2015 l’usine SANGAMI de mon ami Gohidé produit l’attiéké « DAN DE MAN ». Avec comme spécialité l’attiéké petits et moyens grains à la différence du ‘’gros grain’’ connu dans le Sud de la Côte d’Ivoire. Marque déposée (selon les consommateurs …). Bravo mon cher Tiemoko.
    Depuis 2016 donc, les revendeurs originaires des pays de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso, viennent régulièrement s’approvisionner à Man ! Le marché est florissant.
    Donc avant de faire la bataille contre l’attiéké du Faso, viens goutter d’abord l’Attiéké « DENT DE MAN ».
    Le type de manioc utilisé à Man est le « I.A.C » (Improved African Cassava) ou Yassé voire Yacé pour faire court et local ! Cette variété qui fut introduite en Côte d’Ivoire dans les années 70 est différente de la variété traditionnelle appelée Bonoua. Il y a d’autres variétés produites par la recherche agronomique Bocou 1, Bocou 2, Bocou 3 (CNRA), Yavo (TME07, introduite suite à une collaboration entre IITA au Nigéria, Nestlé et le Centre Suisse de Recherche Scientifique, CSRS), Olékanga, TMS etc.
    Pour la petite histoire, le manioc lui-même vient d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, a été introduit en Afrique au 16ème siècle, lors du commerce triangulaire par les européens…
    Nos frères angolais tirent aujourd’hui près de quatre millions de dollars dans la commercialisation du manioc et de ses dérivés ! Ils ont un manioc très bon du fait de la qualité de leurs terres !!!
    Ne faisons pas des batailles d’arrière-garde ! Seuls les travailleurs rafleront la vraie mise ! Avec ou sans label …

    LA POSITION DU DEBAT AUJOURD’HUI
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    Depuis 2015 ici même chez nous et par l’entremise du Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) installé à Yopougon, la question de la labélisation suit son cours sous la supervision de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) et avec l’assistance financière de l’Agence Française de Développement (AFD) et de différentes ONG. Désormais on est dans la phase 2 du Projet d’Appui à la Mise en Place des Indications Géographiques (PAMPIG).

    La labélisation sera circonscrite certaine à une Indication Géographique (IG) adossée à une « zone géographique délimitée dans laquelle les communautés ont développé une histoire, un savoir-faire, basé sur l’environnement physique, biologique et le facteur humain. Et le lien avec le terroir, un aspect central du débat justifiera et légitimera une indication géographique » !

    Et l’Accord international de Bangui indique que « ce sont des indications qui serviront à identifier un produit comme étant originaire du territoire, ou d’une région, ou localité de ce territoire, dans les cas où une qualité, réputation ou autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée ESSENTIELLEMENT à cette origine géographique ».

    Dès 2014, seuls le Poivre de Penja, le miel d’Oku au Cameroun et le café de Ziama-Macenta en Guinée étaient reconnus comme les 3 premières IG en Afrique sub-saharienne !

    Comme quoi même si l’intention du Gouvernement Ivoirien est louable, il y avait déjà du sable dans l’attiéké de ce projet de labélisation !

    « L’attiéké des Lagunes » entre tous les attiékés du monde sera l’un des meilleurs si nous arrivons à lui garder sa saveur originelle de Dabou par des techniques de conservation de longue durée. Et là c’est un autre débat !

    Je vais terminer par une note de bonne humeur tirée des mémoires de feu HIEN Solo.

    HOUPHOUET ET MOBUTU A PROPOS DU CAFE !
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    « Un jour, Houphouët reçoit Mobutu pour une visite officielle. On va visiter ses exploitations agricoles de Kpoussoussou où il avait, hormis les agrumes, de très jolis caféiers que surplombait une colline sur laquelle Houphouët aimait se percher pour admirer ses plantations. Mobutu, qui visitait ce site pour la première fois, n’a pas résisté à la tentation de solliciter l’expertise de son hôte en vue d’en faire autant à Gbadolité son village natal au Zaïre. Balla Kéita, alors directeur de la recherche scientifique qui y était, souffle à l’oreille du président : « trouvez le moyen de ne pas aider ce pays à faire du café et du cacao. Les zaïrois ont les meilleurs terres et ils risquent si vous les y aidez, d’être en l’espace de quelques années de grands producteurs qui vont déstabiliser le marché mondial…» Houphouët profite de l’inattention de Mobutu et répond à Balla : «ne vous en faites pas. Jamais ces gens là ne vont laisser la musique pour s’adonner à l’agriculture. Aidons-les, ils ne feront rien avec…»

    (Hien SOLO – Mémoires d’un journaliste au service de l’Agriculture).
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    Vous avez compris la leçon. Comprendre Houphouet au 21ème siècle c’est s’ouvrir aux autres en essayant toujours LE MEILLEUR PAR LE TRAVAIL. On ne peut être inventeur de Coupé Décalé et vouloir défendre l’attiéké universellement !

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