Par T. Briga
S’unir pour chasser les tenants de la politique du rattrapage ethnique, demeure une nécessité pour la Côte d’Ivoire. L’union fait la force, mais elle doit se faire dans la clarté pour une réconciliation vraie et réelle.
Les responsabilités des actes passés doivent être recherchées pour situer la part qui incombe à chacun des acteurs. Tenter de s’abriter derrière le mur de la responsabilité collective par des formules lapidaires dont use abusivement Kigbafori Soro, « Je ne suis pas le seul coupable », n’aide pas à poser les jalons d’une véritable et sincère union donc de réconciliation. Il a conduit une rébellion. Il faut l’assumer au lieu de vouloir mettre un cautère sur ses graves errements fautifs dans le chaos actuel du pays.
L’autoproclamé, le naguère courageux chef de guerre Kigbafori Soro, paraît avoir perdu de sa superbe. Après l’avoir manipulé et armé, la communauté dite internationale, grâce à laquelle il gonflait ses biceps et exhibait sa puissance de frappe, semble l’avoir abandonné. Délaissé par ceux qui ont profité de son ignorance naïve pour l’utiliser, le presser tel un citron, il sent le poids de la solitude et mesure son insignifiance sans les armes et l’appui issus de l’extérieur. Pour se protéger il a fui. Et une fois hors du pays, pour ne pas se faire oublier, orchestre un tapage autour de sa personne. Quand il n’entend pas parler de lui, l’ancien chef rebelle croit être devenu sourd. Il invente pour ce, des situations ubuesques dans lesquelles il se met en scène.
Les espions de Soro au coeur du pouvoir rhdp.
Grâce aux espions qu’il aurait, selon lui, introduits dans le coeur même du pouvoir d’Abidjan, il sait ce qui s’y trame. Sur la foi de ses espions, il accuse le régime rhdp d’avoir annulé son visa pour les Etats-Unis, de refuser le renouvellement de ses différents passeports. Il ajoute que sur ordre du pouvoir, Interpol aurait reçu mandat pour l’arrêter, le menotter et le présenter devant les télévisions du monde entier. Le but, anéantir sa supposée grandeur et sa renommée planétaires. Il s’est opposé en intimant l’ordre aux agents d’Interpol d’aller voir ailleurs s’il y était. L’ignorance des procédures judiciaires autorise ce type de dérapage. Il pleurniche sur son sort, car les indemnités de ses fonctions antérieures ne lui seraient pas versées.
Cette comédie de victimisation s’apparente chez lui, à un délire de persécution et à une volonté de tout ramener à lui. L’ex-rebelle se prend pour le nombril du monde. Son insolite candidature aux présidentielles de 2020, lui l’adepte des rébellions armées, tend à faire oublier les actes odieux qui lui pendent sur la conscience.
Il croit ainsi sauver sa peau et surtout échapper à la traque de ses amis d’hier avec lesquels il ourdissait les complots contre la mère patrie. Ces derniers veulent le punir de s’être éloigné d’eux, de les avoir abandonnés.
Traqué de toutes parts, Soro découvre le sens caché des propos du Président Gbagbo.
Il a été chassé sans gloire du trône de l’assemblée nationale. Il n’a opposé aucune résistance. Humilié de partout dont la présidence de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), Soro semble être devenu un sans domicile fixe. Il voit des attaques, des dangers partout. De traqueur, Soro est devenu un homme traqué et apeuré. Un gibier de potence.
Ses anciens amis dont il n’ignore pas la cruauté et les méthodes brutales pour éliminer ceux qui les gênent dans leur pillage du pays, veulent lui faire entendre raison à leurs manières. Par quelques signes, ils lui ont fait comprendre qu’il ne représentait plus rien, qu’il était un homme fini. Ses sbires dans « l’armée » sont passés à l’ennemi. Certains de ses proches ont été déchus, renvoyés mis en quarantaine voire emprisonnés sous divers prétextes. Dépouillé militairement, courant à la recherche d’une gloire passée, le téméraire Soro réalise et comprend soudain la portée de la phrase prémonitoire du Président Gbagbo.
« C’est aux armes que Guillaume Soro doit sa place. Il devra s’inquiéter si un jour il ne les a plus avec lui. »
La réalité l’a rattrapé. Son destin vacille et lui échappe par manque d’armes. Les commandants de zone, son bras séculier du temps de sa grandeur, auraient succombé au plus offrant. Esseulé, l’inquiétude l’assaille. Pour échapper aux conséquences de cette traque, s’est réfugié en Europe pour y pleurnicher. Il est traqué, en d’autres termes il connaît la peur.
Ses nervis l’ont très bien compris, surtout le plus zélé d’entre eux, le roquet, le griot Niamsy. Ses colistiers d’hier, Tiburce Koffi et Alain Toussaint ont tourné casaque pour diverses raisons, peut-être qu’ils ont compris que s’acoquiner avec Soro nuisait à leur réputation et constituait une insulte à la mémoire des nombreuses victimes imputables à l’action de l’ancien chef rebelle.
Chassé de la table du festin, Nyamsi vomit le régime rhdp.
Niamsy est aveugle et sourd à tout raisonnement quand il entend le nom Soro. Surtout quand ce dernier est interpellé dans le cadre du débat sur ses actions d’ex chef rebelle, notamment sur qui a financé sa rébellion. Nyamsi craignant que son maître ne donne des réponses inappropriées, le devance pour attaquer, rabaisser et insulter les personnes qui l’interrogent. Ainsi M. Oupoh Gnaoulé ne serait pas digne car il ne maîtrise guère la langue française. Adjoumani c’est un petit professeur, quant à Bictogo, il n’aurait pas son bac. Nyamsi oublie que le français est une langue d’emprunt et non la langue maternelle de ceux qu’il met au pilori.
Attaquer Adjoumani sur le recrutement des étrangers pour accroître l’électorat de son parti le rhdp et dénoncer les contrats sans appel d’offres dont aurait bénéficié Bictogo participe du débat public. Mais pour quelqu’un qui aime tant la pureté de la langue française, on comprend difficilement son soutien à une rébellion qui a permis à des dozos analphabètes et incultes d’occuper aujourd’hui les plus hautes fonctions à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Nyamsi n’est pas à une contradiction près. Ainsi quand Soro est attaqué sur son niveau d’études, il évoque celui du Président Houphouët. Dans la même veine il pousse le vice au delà du raisonnable et place la lutte noble du Général De Gaulle préparant le combat contre le nazisme à Londres, sur les mêmes plans d’avec la fuite de l’ancien chef rebelle, venu se cacher en France pour éviter de subir, qui sait, le supplice d’Abélard. Quel sacrilège, il faut être Nyamsi pour oser comparer l’ex-chef rebelle à Houphouet et à De Gaulle. Comparons ce qui peut l’être, Monsieur l’agrégé universel.
Hier soutien inconditionnel du pouvoir rhdp, aujourd’hui chassé de la table du festin, il n’a pas de mots assez durs pour le brûler et le vomir. Demain, quand soro, désargenté, viendra supplier pour se rallier à Dramane Ouattara, le même Nyamsi chantera les louanges de celui qu’il méprise aujourd’hui.
Nyamsi enjolive le C.V de son patron Soro.
Complexé par le mythe des diplômes, il crée un curriculum vitae surréaliste à Soro pour lui fabriquer une réputation surfaite. Soro après une licence d’anglais obtenue en Côte d’Ivoire, serait diplômé de science politique des universités européennes, (lesquelles et en quelles années), obtenu un Master à l’Ecole Supérieure de commerce de Lyon (laquelle). Selon l’activiste Nyamsi, Soro aurait étudié et maîtrisé tous les courants de la pensée politique. Il posséderait de ce fait une formation idéologique diversifiée et complète. Les théories du marxisme léninisme, celles de la sociale démocratie, de la pensée libérale, néo-libérale, keynésienne, néo keynésienne, schumpétérienne, etc., n’auraient aucun secret pour Soro selon Nyamsi.
Toutefois son ancien compagnon Doumbia Major raconte une autre histoire qui contredit les propos de Nyamsi chez qui tout est approximation.
« Une bande de petits imposteurs, à l’image de leur mentor Guillaume Soro qui fait écrire dans son dossier administratif de recensement qu’il est politologue, alors qu’il s’est fait chasser de Paris 8, après un mois de cours pour niveau insuffisant, et il prétend être enseignant alors qu’il n’a jamais validé le concours d’E.N.S, ni enseigné quoi que ce soit de toute sa vie, même dans un lycée ».
Soro et ses suiveurs dont Nyamsi, le premier aboyeur de la meute, semblent tétanisés par ces graves accusations. Leur mutisme équivaut à un acquiescement. Et pourtant exhiber ces titres universitaires aurait suffi à calmer l’impudent Doumbia.
Qui a bu boira. Le futur retour de Soro auprès de Dramane Ouattara n’est pas à exclure !
Soro s’est entouré d’une batterie d’avocats selon ses déclarations. Américains. Espagnols Français. Ivoiriens on en oublie. Il dispose d’avocats dans la quasi totalité des pays du monde. Que Soro ne fasse pas appel à eux pour attaquer son compagnon rebelle Doumbia Major pour diffamation, quand ce dernier dénigre la réalité de ses diplômes et souligne son insuffisance de niveau, mais préfère les bavardages inutiles de Nyamsi comme caution pour sa défense, Soro donne raison à son ancien acolyte.
Hier il se réjouissait de la déchéance du Président Bédié, qu’il qualifiait d’ivoiritaires, qui selon lui, maintenait la jeunesse ivoirienne sous le joug de sa dictature. Aujourd’hui, il lui lape dans les mains.
Après la chute du régime du Président Gbagbo, il déclare « Si c’était nous qui avions perdu on ne serait même pas là, pour parler de réconciliation nos têtes seraient brandies comme des trophées devant le palais, nos bras à Yopougon, les pieds à Koumassi… » Aujourd’hui il fait des pieds et des mains pour aller à Bruxelles le rencontrer.
Rien ne dit donc que sa brouille actuelle avec son ancien patron ne soit pas une mise en scène pour tromper encore le peuple. L’histoire récente nous a appris que l’ex chef rebelle ne privilégie que ses propres intérêts avant ceux de la nation. Vu sous cet angle, il ne paraît pas inopportun de craindre qu’il ne résiste pas longtemps dans sa posture actuelle, avant de faire volte face pour aller implorer le pardon de son ancien mentor afin qu’il mette fin à sa fuite et à son calvaire.
L’avenir nous situera certainement s’il retourne en Côte d’Ivoire au vu de l’accueil qu’il recevra. Mais pour l’heure il ne peut être vu que comme un fugitif et ses engagements dans des alliances politiques doivent être pris avec des réserves et circonspection, car qui a déjà bu boira.
T. Briga
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