Le village de Sassako Bégnini, commune de Jacqueville, était en fête le jeudi 24 octobre 2019, à l’occasion de l’inauguration d’un sanctuaire marial. Une statue géante de plus de 15 m a été érigée dans ce village de bord de mer par l’un de ses fils, le maire Joachim Beugré, témoignant ainsi foi et dévotion à Dieu. L’événement a mobilisé du beau monde dont des sommités de l’Etat, le vice-président Kablan Duncan et trois ministres. L’Eglise catholique était représentée par Mgr Jean Salomon Lézoutié, Evêque du diocèse de Yopougon. L’heure était au recueillement, à la réjouissance et à la fraternité chrétienne.
Invité à dire un mot après une avalanche de dons aux différentes communautés s’élevant à huit millions de FCFA, le vice-président a parlé aux consciences de ses concitoyens sur le ton d’un prêche comme l’aurait dit un prélat. Alignant versets bibliques et interpellations, Daniel Kablan Duncan a invité les Ivoiriens à l’apaisement, à la cohésion, à la fraternité. On eut dit qu’il se démarquait des discours incendiaires de ces temps de précampagne de la future présidentielle.
Duncan a eu des mots doux à l’endroit de ses hôtes du jour et a vivement félicité le donateur Beugré tout en encensant l’Evêque Lézoutié dont il a invité à suivre l’exemple. « Nous devons être attentifs aux alertes et aux problèmes de notre société. Nous devons être des artisans de paix », a-t-il déclaré. Puis de poursuivre sur cet autre morceau : « Les nombreux actes de violence, l’expression des haines qui enflamment le monde ne peuvent être sans nous interroger sur les religions ». Mais comme porte de sortie, Duncan a appelé le peuple de Dieu à faire sien cette boutade du pape Jean Paul 2, du haut d’une tribune en 1978 : « N’ayez pas peur ». Il soutient que non seulement cette phrase doit continuer de résonner en nous mais également elle doit nous amener à nous réfugier dans la prière qui délivre. « Il n’est pas de trop d’avoir recours à la prière. Elle permet de régler les problèmes qui semblent inextricables… J’invite à faire en toute humilité notre prière » de sorte que « là où est l’offense, je mette le pardon, là où est le doute je mette l’espoir et là où est le désespoir je mette l’espérance », a poursuivi Duncan citant ainsi un passage biblique.
Tout au long de son discours qui a duré un peu plus de 20 mn, Duncan, une fois n’est pas coutume, a dérogé à son habitude. Il n’y avait ni place pour les louanges des mérites du président Ouattara encore moins un clin d’œil au premier ministre Amadou Gon. Ceci est pourtant une litanie, disons une leçon de psychopédagogie passe-partout, embouchée par tous les ministres, Pca, Dg, présidents d’institution et même le vice-président quel que soit le lieu et le discours à dire. Ce jeudi à Sassako, on a beau dresser les oreilles, point de ‘’Son excellence monsieur le président de la République Alassane Ouattara’’, sur ce ton charmeur qu’on lui connaît. On a beau approcher les appareils de sonorisation pour mieux entendre, point d’Amadou Gon, on a regardé en direction des membres du cabinet pour venir le lui souffler à l’oreille, rien.
Par contre M. Duncan qui a commencé par une anecdote s’est souvenu d’un épisode quand il était premier ministre de ‘’son excellence Henri Konan Bédié’’. C’est Joachim Beugré qui dans son discours lui a prêté le flanc en faisant des confidences sur la veille dans les rédactions avant tous les remaniements ministériels, moments de grande spéculation. Et Duncan de reconnaître que Bédié l’avait défendu devant un groupe de députés qui mettaient pression pour qu’il reste à son poste en ce temps-là. ‘’Mais qui vous a dit qu’il part ?’’, aurait coupé court Bédié face aux députés. Il était finalement resté à son poste.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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