Mise en circulation de la monnaie Ouest-africaine: La France tient fermement à son franc cfa

Par connectionivoirienne

Les propos de Bruno Le Maire qui torpillent l’Eco

Entre ‘’réforme ambitieuse’’ et abandon du Fcfa, les pays francophones d’Afrique de l’Ouest qui utilisent la monnaie née pendant la colonisation auront-ils le choix ? Le débat vient d’être relancé par les autorités françaises qui ont organisé une réunion à laquelle étaient invités gouverneurs de banques, ministres et hauts fonctionnaires intéressés par la question du CFA. Ce, à un an de l’entrée en vigueur de l’Eco, la monnaie ouest-africaine.

Lors de sa conférence de presse à la fin de cette réunion, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire a laissé entendre la position de la France sur l’avènement de l’Eco sans vraiment évoquer cette future monnaie africaine. Le ministre français a plutôt fait de la communication en faveur du franc CFA. Lisons-le dans cet extrait :

«  Nous sommes ouverts, avec le président de la République, à une réforme ambitieuse de la zone franc… Nous sommes disponibles et nous sommes prêts… Ensuite, c’est aux États membres de décider ce qu’ils souhaitent. C’est à eux et à eux seuls ».

Vantant la vieille monnaie, il ajoute sans sourciller : «  La zone franc est un espace de stabilité et de prospérité. Elle permet à tous les États membres de travailler ensemble, d’être solidaires, de faire converger davantage les économies. Être ensemble, ça protège ! C’est vrai pour les États de la zone franc et c’est vrai pour les États de la zone euro ». Une arlésienne.

Pour sûr Paris n’entend pas baisser la garde face à l’audace des pays ouest-africains qui se dessine, poussés par la plupart des pays anglophones qui ont fait l’expérience de leurs propres monnaies et donc outillés à conduire une monnaie. C’est un combat de survie économique pour la France et son Trésor public qui garde jusque-là 50 % des réserves de change des pays de la zone franc. Le fameux compte d’opérations. Là où les africains parlent d’une monnaie typiquement africaine qui coupe le cordon colonial, la France parle de réforme ambitieuse et conditionne les chefs d’Etats africains qui ont la responsabilité de la décision depuis des accords des années 60. Même si les autorités françaises affirment au grand jour que la décision leur revient, ils savent qu’ils ne pourront pas pousser l’outrecuidance plus loin. Et ils comprennent très bien le langage des autorités françaises.

La seule inconnue reste l’opinion publique africaine. Il y a une société civile de plus en plus défavorable au franc CFA.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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1 réflexion au sujet de « Mise en circulation de la monnaie Ouest-africaine: La France tient fermement à son franc cfa »

  1. Mamadou Koulibaly appelait à un référendum à l’intérieur de chacun des Etats membres de la CEDEAO pour l’acceptation ou le rejet de la nouvelle monnaie. Il n’avait pas tors, dans la mesure où cela rendrait légitime la question au regard de la réalité terrible face à la question de la survie du FCFA : la France joue là une question vitale pour son avenir. Et le propre de tout organisme dont la survie est menacé, c’est de se défendre bec et ongles avec toutes les armes dont il dispose. Il ne faut donc pas attendre de cette puissance qu’elle accepte de se faire hara-kiri avec le sourire.

    Quid de notre projet de monnaie commune ? Là encore et comme de coutume, les Africains ce comportent avec une naïveté et une désinvolture étonnantes : à moins d’un an de la création d’une nouvelle monnaie, pas de critère de convergence, pas de modalités de mise en circulation, pas de communication, pas de siège, pas de taux de conversion, pas de… le chapelet serait trop long à égrener. Tout se passe dans une impréparation de cour commune à l’annonce de l’orage comme si on souhaitait arriver au constat d’impossibilité (disons plutôt d’incapacité), qui hypothèquera fortement et durablement la foi en cette perspective. Et sans compter la présence au cœur du système de présidents qui les jours pair annoncent leur attachement indéfectible au FCFA et les jours impairs, participent à des réunion pour la mise à mort de cette monnaie. Du grand n’importe quoi !

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