Des gens se disant socialistes (Abdou Diouf, par exemple) se sont affichés avec le “voyou et assassin” Sarkozy et ont prononcé les paroles les plus méchantes sur Laurent Gbagbo. D’autres comme Moustapha Niasse ne se sont pas gênés pour dérouler le tapis rouge à ceux qui avaient tué gendarmes et civils désarmés dans un pays qu’ils accusaient de les traiter comme des citoyens de seconde zone. D’autres encore comme feu Ousmane Tanor Dieng étaient devenus aphones.
Et on se demandait ce que tous avaient fait des valeurs socialistes telles que la solidarité, la passion pour la justice et la vérité, pourquoi ils se comportaient de la sorte ; on cherchait à savoir si c’est la peur de provoquer l’ire de l’ancien colonisateur qui les poussait à mettre leur dignité et honneur dans la poche. Amath Dansokho, décédé le 23 août 2019 à 82 ans, ne faisait pas partie de ces socialistes étranges, n’appartenait pas à cette caste de camarades prétendant être de gauche mais jubilant et festoyant avec les criminels et colonialistes françafricains que la droite et la gauche ont produits de façon ininterrompue sous la Ve République.
Non, le président d’honneur du Parti de l’Indépendance et du Travail ne mangeait pas de ce pain-là, le pain trempé dans le sang de l’Afrique. Lui, à qui l’honneur et la dignité étaient si chères comme le plat de riz l’est à un bon Bhété, était fidèle en amitié. Alors que certains avaient adopté un profil bas ou rasaient les murs, Amath était en effet au pied de la croix du fils de Koudou Zèpè et continuait de croire dur comme fer que Chirac et Sarkozy avaient fait la guerre au camarade Laurent Gbagbo parce que celui-ci refusait d’agir comme un sous-préfet de la France. Jamais ne le quitta l’intime conviction que l’auteur de “ Côte d’Ivoire : Pour une alternative démocratique” serait acquitté et le temps lui donna raison. Jusqu’au bout, il demeura le frère et ami de Laurent Gbagbo. Nous n’oublierons jamais son franc-parler ; nous nous souviendrons toujours qu’il fut l’un des rares hommes politiques sénégalais à révéler que l’argent issu des casses de la BCEAO de Bouaké et de Korhogo avait été blanchi à Dakar. Abdoulaye Wade, qui menaça de le traîner devant les tribunaux, fit finalement marche arrière lorsque Charles Konan Banny promit de publier la liste des hautes autorités sénégalaises ayant blanchi l’argent de Bouaké et Korhogo. Des militaires français avaient profité de cet argent volé alors que leur pays n’arrête pas de parler d’exemplarité et d’intégrité.
Amath Dansokho n’aura pas vu Laurent Gbagbo libre sur la terre de ses ancêtres mais il part dans l’autre monde, le cœur en paix et avec la conscience tranquille car il est de ceux qui n’ont pas trahi l’ami et le camarade. De ce combattant de la liberté qui vécut en exil à Prague, on dira tout simplement que c’était un Homme, c’est-à-dire un homme vrai, libre et debout !
Jean-Claude DJEREKE
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