Un éditorial du Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun, Paris-France
Commençons par indiquer le cap de Bonne Espérance fixé par Guillaume Kigbafori Soro lors de la Crush Party de Paris, l’événement politique le plus important en ce mois d’août 2019 dans la sphère politique ivoirienne. Ce Cap a illuminé tous les visages venus à la rencontre de Guillaume Soro à Paris. En quoi consiste-t-il ?
Faire du citoyen de Côte d’Ivoire, l’acteur et non le spectateur du changement politique dans son pays, rendre le pouvoir au Peuple de Côte d’Ivoire, afin de le mieux servir en justice et vérité.
La rupture Soro
La Crush Party de Paris pour Guillaume Kigbafori Soro aura montré que cela est non seulement possible, mais qu’avec Guillaume Soro, cela se réalise en plus et en vrai : près de 12000 euros de contributions spontanées des Ivoiriens et Amis de la Côte d’Ivoire pour accueillir et écouter le Leader de l’opposition actuelle ; près d’un millier de personnes engouffrés dans une salle Seven Spirits du 13ème arrondissement parisien qui a dû refuser du monde, tellement elle était pleine à craquer ; une ambiance chaleureuse, vivante, réflexive et tout simplement mémorable ; et une cathédrale de vérités crues délivrées par Guillaume Kigbafori Soro à l’opinion nationale ivoirienne et à l’opinion internationale, devant ses militants, sympathisants et amis sûrs de la place capitale de Paris. IL fallait être à Paris ce samedi-là ! On ne ratait point la saveur historique de la séquence. Une révolution de la citoyenneté venait d’être éloquemment, élégamment et magistralement illustrée. Racontons-la à présent, avec les mots du vécu et ceux de la réflexion.
Dans un contexte politique ivoirien dominé par la politique alimentaire des citoyens sardinards qui n’adhèrent à une cause politique qu’à coups de pains-sardines, de billets de banque, de chiffons et de slogans sans foi ni loi, Guillaume Kigbafori Soro opère en réalité tous les jours la démarcation fondamentale qui signe sa manière inimitable de faire autrement la politique. C’est dans cet esprit que sa précédente tournée dans 133 localités du Nord de la Côte d’Ivoire lui avait permis de tester avec succès sur le terrain, la doctrine du développement endocentré et écologique qui dotera la Côte d’Ivoire, dès 2020 d’un véritable élan de développement durable porté par les intelligences et volontés ivoiriennes elles-mêmes. En outre, Le président du Comité Politique se pose en champion de la politique argumentaire et de l’empowerment des citoyens, en instaurant une nouvelle tradition de démocratie participative authentique au cœur de la Côte d’Ivoire.
La séquence parisienne en fut l’illustration magistrale. A Paris le samedi 10 août 2019, devant près de 800 citoyennes et citoyennes engagés par leur propre contribution citoyenne à lui réserver un accueil et une écoute mémorables, le Che Bogota a fait de nouveau reculer la tentative de capture de l’Etat de Côte d’Ivoire en cours sous le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara, en annonçant tambours battants l’inexorable réorganisation du champ politique ivoirien. Tienigbanani stoppe net l’imposture d’une majorité artificielle fabriquée à coups de ruse, de violence et de corruption par le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara, en montrant que la véritable diversité ivoirienne n’est pas celle des nombreux comptoirs ethniques, régionalistes, sectaires, opportunistes et profito-situationnistes tenus par les pontes du RHDP, amateurs de postes juteux et de luxe ostentatoire au mépris de la misère des gens du peuple.
La véritable diversité citoyenne est celle qui rassemble des citoyens émancipés de la peur, débarrassés des réflexes primaires d’appartenance tribale, régionale ou religieuse, et engagés résolument dans l’assomption de leurs propres existences comme libertés, projets, décisions et actions assumées en soi et pour soi-même. Guillaume Soro, pour tout dire, a entamé à la racine le Grand’œuvre de la construction d’une véritable Nation Ivoirienne, dans une grandeur intérieure puisée aux sources de la plus féconde des humilités : celle qui exige de commencer par aimer son prochain comme soi-même, par l’acte fondateur du pardon et de la réconciliation nationale, sources d’amour universel qui constituent le ciment symbolique de toute véritable république en ce monde.
Et c’est sur le fond de cette lumière intérieure du changement de cap politique, de la rupture avec la politique ringarde, cupide, violente et mensongère qui retarde et attarde les Ivoiriens sous la férule de plus en plus cynique et indifférente d’un pouvoir au summum de sa mégalomanie que Guillaume Soro a égrené le chapelet de vérités qu’il tenait à partager avec les siens .
L’autonomie du destin politique de Guillaume Soro
« Je repète : j’ai 47 ans révolus et je ne serai sous la tutelle de personne en Côte d’Ivoire. Je n’irai demander à personne l’autorisation d’être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2020 ».
Homme d’Etat d’expérience, Guillaume Soro n’a plus rien à prouver dans les arcanes de l’art politique : leader syndical, chef de la résistance militaro-politique contre l’idéologie discriminatoire et criminelle de l’ivoirité de 2002 jusqu’en 2011, Ministre d’Etat puis Premier ministre de 2003 à 2012, Président de l’Assemblée Nationale élu et réélu de 2012 à 2019, le Président du Comité Politique n’a pas besoin de démontrer qu’il est éminemment apte aux fonctions de Président de la République.
Mieux, ses propos ci-dessus mis en exergue adressent un avertissement sans frais à toute la classe politique ivoirienne, qu’elle soit du pouvoir ou de l’opposition. Guillaume Soro sonne définitivement le glas du paternalisme, du grand-frérisme et de toutes les formes de condescendance politique que certains s’autorisent dans ce pays en vertu d’une mauvaise entente du koroya ou droit d’aînesse. C’est en réalité la sagesse qui fonde les vraies hiérarchies, et non l’âge chronologique des personnes, puisqu’il y a des vieux de 10 ans et des enfants de 90 ans ! Au nom d’une génération qu’on a voulu assigner à l’enfance éternelle alors même qu’elle a déjà des petits-enfants à travers toute l’Afrique, Guillaume Soro siffle énergiquement la fin d’une recréation de complaisance dans toutes les familles politiques de son pays.
L’économie fla-fla d’Alassane Dramane Ouattara mise à nu
Comment comprendre que les Ivoiriens souffrent encore gravement de pauvreté, de chômage et de sous-emploi, d’insécurité urbaine et campagnarde, de départs de migrants sauvages, de drames dans les hôpitaux, de nombreuses crises scolaires et universitaires depuis de longues années, alors que le gouvernement Ouattara, toutes voiles dehors, pompe l’air au monde entier avec sa croissance supposée exceptionnelle, ses grands travaux infrastructurels surfacturés, son président qui se proclame lui-même inégalé par tous les Présidents Ivoiriens à commencer par Félix Houphouët-Boigny ?
Guillaume Kigbafori Soro n’y est pas passé par quatre chemins et n’y est pas allé de main morte : « La croissance d’Alassane Dramane Ouattara, c’est du fla-fla ». Le mot est lancé ! Comment le dictionnaire français, que le leader a demandé à la salle de consulter immédiatement, définit-il cette expression de fla-fla ? « Ostentation, étalage prétentieux ; recherche des effets : En voilà des fla-flas. »[1], nous dit le dictionnaire Larousse.
Avouons que le mot n’est pas de trop, quand on sait que près de 50% des Ivoiriens vivent en-deça du seuil de pauvreté de 2 dollars/jour/personne ; quand on sait que selon la Banque Africaine de Développement[2], basée à Abidjan, de 70 à 90% des Ivoiriens en âge de travailler demeurent au chômage malgré les promesses mirobolantes d’Alassane Ouattara ; oui, cette croissance qui se conjugue avec la pauvreté relève du fla-fla, quand on sait qu’à l’indice du PNUD, lDH (Indice du développement humain), la Côte d’Ivoire est classée 170ème pays sur 208, dans la catégorie des pays à faible développement ; quand on sait que l’espérance de vie des Ivoiriens est bloquée à 53 ans, alors qu’elle est de 67 au Sénégal et de 58 au Cameroun, pour ne citer que cela. Et comme l’a montré l’orateur en verve du soir, comment peut-on ignorer que le Niger a fait 11,8% de croissance en 2011 sans fatiguer toutes les oreilles du monde, et tout en demeurant un pays pauvre ? Comment ignorer qu’avec moins de 0.5% de croissance, la France demeure un pays riche, alors qu’avec ses soi-disant 7% la Côte d’Ivoire est encore un pays classé Pauvre et Très Endetté ? L’arrogance et la mégalomanie du régime Ouattara doivent cesser !
Guillaume Soro n’a donc rien exagéré. Le concept de fla-fla est une description parfaite de la démagogie d’un régime du RHDP, qui malgré les rapports critiques de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de l’ARNMP, tous dénonçant la montée en flèche de la corruption et de la mal-gouvernance sous Alassane Dramane Ouattara, continue de nous servir des mantras mensongers pour couvrir sa forfaiture. La flafla-économie, la fla-fla-flokoéconomie est donc née sous nos yeux. Aux Ivoiriens de la virer du destin de la Nation !
Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire
Guillaume Soro n’a pas lésiné sur les moyens pour dire clairement son refus de se soumettre au diktat du nouvel autocrate des lagunes :
« Je n’accepterai aucune dictature, d’où qu’elle vienne. Je suis sur mes positions depuis l’Université. Moi je n’ai pas changé, ce sont ceux qui croient que j’ai changé qui doivent changer de lunettes, ils doivent faire ce que les anglo-saxons appelle, « to update », bien se mettre à jour »
Limogeages en cascade, chantage divers, concentration des trois pouvoirs de l’Etat dans les mains du seul Alassane Ouattara, assassinats de militants de l’opposition, arrestations arbitraires, intrusions armées dans les domiciles des leaders de l’opposition, tels le Professeur Bamba Moriféré, mise en action de nouveaux escadrons de la mort…Guillaume Soro a indiqué par ces faits saillants les raisons pour lesquels il se désolidarise absolument du second mandat d’Alassane Dramane Ouattara à la tête du pays. Un mandat consacré à confisquer le pouvoir d’Etat, à trahir ses alliés, à brimer et ensauvager le Peuple souverain de Côte d’Ivoire ! Un mandat marqué par une évidente dérive dictatoriale.[3]
Contre quoi Guillaume Soro a affirmé l’incontournable nécessité d’une réouverture des négociations autour de la réforme consensuelle de la CEI (Commission Electorale Indépendante) et l’inanité d’un projet de confiscation du pouvoir par la force en Côte d’Ivoire. Le mépris de l’opposition par Alassane Dramane Ouattara, loin d’être un signe de puissance, est plutôt signe de frilosité, tels ces chars fourmillant de partout qui montrent la dérive militariste concomitante. Guillaume Soro a prévenu, maniant habilement l’ironie : « Les Chars de la République sont des chars impolis », faisant jaser toute la galerie des complotistes obsessionnels du pouvoir.
Loin d’annoncer quelque grabuge, Guillaume Soro a voulu rappeler aux amnésiques l’évidence même : les hommes passent, la république reste. Nul Chef de l’Etat avant Alassane Dramane Ouattara ne s’est fait enterrer avec un char ; mieux certains ont été chassés par les chars qu’ils avaient eux-mêmes fait acheter. L’impolitesse des chars n’est donc que l’autre nom de l’imprévisibilité de l’histoire humaine…
Et c’est sur le fond du grand événement de septembre/octobre 2019, la naissance annoncée du Grand Mouvement GPS, que Guillaume Kigbafori Soro a clos son propos du soir, dans une salle galvanisée, inspirée et survoltée par les vérités délivrées. La séance de questions/réponses n’en était rendue que plus aisée, l’orateur ayant littéralement cassé à volonté la baraque et mis les pieds dans tous les plats, brisant l’omerta de la langue de bois régnant en Côte d’Ivoire. Incontestablement, il fallait être à Paris le 10 août 2019, et si vous n’y étiez pas, j’espère que ces lignes et les nombreux reportages disponibles sur la GKS TV vous y replongeront. Afin que nul n’en ignore…Les places de Londres, Berlin, Rome, New York, Ottawa, Montréal, Washington, seront les prochaines élues des Crush-parties. Restons donc à l’écoute ! Et tous en mouvement avec GKS !
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