Abidjan a accueilli du 12 au 14 aout 2019 une consultation régionale des jeunes femmes africaines qui ont passé au peigne fin les 12 engagements pris par la conférence internationale de Beijing sur les droits de la femme, il y a 25 ans. Une initiative de ‘’Onu femmes’’ en collaboration avec la Commission économique des Nations unies et l’organisation Oxfam.
Au cours d’une conférence de presse, ces jeunes femmes, pour la plupart des leaders dans différents domaines ont décliné les points abordés au menu de cette rencontre d’Abidjan.
A Beijing en 1994, douze engagements clés avaient été pris en vue d’améliorer les conditions de vie des femmes et de la petite fille. Ce sont entre autres, le défi de la pauvreté, la question de l’éducation et de la formation, la santé, la violence, les conflits armés, l’économie, le pouvoir… 25 ans plus tard, le constat qui est fait dans une note transmise à la presse, est clair : ‘’Alors que les femmes ont enregistré des avancées dans certains domaines, leur mise en œuvre a été trop lente dans beaucoup de domaines mais la poursuite sérieuse de nombre de ces engagements s’estompe et la menace de régression est croissante. En Afrique, aucun pays n’a atteint l’égalité des sexes et dans certaines régions, l’écart entre les hommes et les femmes continue de se creuser, les femmes jouissant de moins de droits et ayant moins de possibilités’’. Ces questions ont fait l’objet d’une analyse minutieuse de même que les nouveaux problèmes qui se sont ajoutés depuis lors.
Répondant à une question sur le nouveau fléau de l’immigration qui était moins intense dans les années 90 au moment où se tenait la conférence de Beijing, Blessing Bakashaba Nashim (Oxfam Ouganda) a pointé du doigt la corruption qui mine les gouvernements africains. ‘’C’est parce que nos gouvernements sont corrompus et qu’ils n’offrent pas de perspectives meilleures que les jeunes décident de partir’’, relève la jeune femme. Sur le même sujet, Sonia Mendes du Cap Vert fait observer que son pays ne connait pas ce problème d’immigration clandestine. Toutefois, elle dit croire au potentiel du continent africain qui est capable de créer des opportunités pour les jeunes. ‘’Nous participons au changement du monde. Il y a des choses merveilleuses en Afrique. Les pays vers lesquels vous allez ne sont pas devenus grands en un jour. C’est à force de travail qu’ils sont arrivés à ce niveau’’, relève pour sa part Blessing Mary Ocheide du Nigeria comme pour interpeller les jeunes africains et les gouvernements sur leur responsabilité à être les moteurs du développement de l’Afrique.
Aux côtés des jeunes femmes, Chief Adeleye du conseil africain des chefs traditionnels, venu du Nigeria, a quant à lui reconnu que le poids des traditions, les coutumes demeurent encore un frein aux droits des femmes. Il fait cas de l’âge du mariage dans certaines régions africaines. ‘’Nous sommes en train de briser les liens pour aider les femmes. Nous suggérons une coalition de leaders traditionnels africains afin de voir comment nous pouvons modifier et harmoniser les lois coutumières pour les rendre conformes au contexte international’’, a-t-il soutenu.
Au total, les conférenciers ont indiqué que globalement la condition de la femme évolue sur le continent, des femmes occupent de plus en plus de postes de décision dans leurs pays, elles sont dans les assemblées élues. Les réseaux sociaux, ont-ils relevé, portent de plus en plus le combat des femmes et font avancer les droits des femmes. Ils sont une opportunité pour les femmes. Toutefois, les jeunes femmes présentes à Abidjan ont invité les gouvernements et les leaders africains à s’impliquer davantage dans l’amélioration des droits de la femme en appliquant les lois qui sont prises en sa faveur.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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