Y a-t-il une différence entre un menteur compulsif et un mythomane ? Oui mais on peut trouver des gens à la fois menteurs et mythomanes comme nous le verrons plus loin. Le menteur compulsif raconte de gros mensonges tandis que le mythomane s’invente constamment une fausse vie, de fausses origines, de faux exploits, une fausse majorité, de faux satisfecit, etc. Il dira, par exemple, que son bilan est inattaquable, que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont contents de sa gestion, qu’il a réalisé ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a réussi à faire, etc. Les gens qui sont autour de lui savent que tout cela n’est que mensonge mais ce mensonge est important pour lui car il lui permet de fuir une réalité qu’il refuse d’admettre ou d’affronter : une haine de soi et un manque de confiance en soi car le mythomane ne s’accepte pas tel qu’il est. En se maquillant, en s’adonnant au faux, en mentant continuellement, il veut se donner une contenance, prouver qu’il est important. À la différence du menteur, le mythomane est inconscient de son mensonge. Il croit vraiment les balivernes qu’il raconte, il n’est sincère qu’avec lui-même. Mais la chose dont le mythomane souffre le plus, c’est la mégalomanie ou folie des grandeurs. Il se lancera ainsi, s’il est à la tête d’un pays, dans des travaux somptuaires alors que les besoins élémentaires de ceux qu’il dirige ne sont pas satisfaits.
Alassane Dramane Ouattara, dont un partisan vient de reconnaître que le charnier de Yopougon attribué à Laurent Gbagbo en 2001 par le Rassemblement des Républicains (RDR) était un montage, a affirmé, lundi 11 février 2019, qu’il n’a jamais rencontré Luis Moreno Ocampo, le premier procureur de la Cour pénale internationale (« je l’ai eu au téléphone une ou deux fois ») alors qu’il existe des vidéos de la Radio Télévision ivoirienne (RTI) qui le montrent discutant avec le juge argentin. Selon une révélation de Médiapart en 2017, Ocampo détiendrait des comptes et des sociétés dans des paradis fiscaux. Si Radio France internationale (RFI) était une Radio sérieuse et non-complaisante, elle n’aurait pas laissé passer cet énième mensonge du dictateur d’Abidjan.
Un ami d’Abidjan avec qui j’échangeais sur l’interview accordée par Ouattara à RFI me demanda si Laurent Gbagbo pouvait rentrer rapidement en Côte d’ivoire. Sans hésiter, je lui répondis que cela ne dépendait ni de Ouattara ni de la France mais uniquement des militants et dirigeants du FPI ainsi que des souverainistes ivoiriens qui vivent en Côte d’Ivoire car, à mon avis, les avocats et les Ivoiriens de la diaspora ont déjà fait leur part. C’est à ceux qui sont au pays de jouer maintenant leur partition ; c’est dans leur camp que se trouve désormais la balle.
Je ne sais pas ce que Henri Konan Bédié a en tête, j’ignore ce qu’il met dans le mot « plateforme » mais, si l’ancien président voit cette plateforme comme un instrument qui devrait permettre à tous les partis politiques de se retrouver pour trouver la meilleure manière de chasser Dramane Ouattara avant 2020, je ne peux que saluer et encourager cette initiative car, de mon point de vue, seule une union sacrée peut sauver la patrie qui ne s’est jamais portée aussi mal que sous ce régime liberticide et tribaliste, contrairement aux mensonges de Ouattara. Ceux qui refuseront cette union, ceux qui voudront faire cavalier seul, c’est-à-dire aller à l’élection présidentielle de 2020 sans que tout n’ait été mis à plat, sans qu’un consensus n’ait été obtenu sur la commission électorale, les listes électorales, le découpage électoral et la composition du Conseil constitutionnel, échoueront inéluctablement. Pourquoi mordront-ils la poussière? Parce que Ouattara, habitué à tricher, utilisera tous les moyens pour conserver le pouvoir et, tous, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
Penser que le président reconnu et installé dans le sang par la fameuse communauté internationale ou le candidat qui sera soutenu par lui peut être battu par un candidat de l’opposition en 2020 avec une Commission électorale et un Conseil constitutionnel aux ordres du RDR me semble illusoire. C’est l’union qui peut faire gagner l’opposition et cette union sacrée doit être mise en place et agir en 2019. Ceux qui sont friands d’alliances les noueront après que le pays aura été libéré par cette union sacrée.
“ Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu”, avertissait Bertolt Brecht, dramaturge allemand. Les partis qui sont dans l’opposition et les mouvements de la société civile peuvent changer le destin de la Côte d’Ivoire s’ils acceptent de s’unir et d’aller au combat, la main dans la main. Concrètement, il s’agit, pour eux, de faire taire leur ego, de penser d’abord et avant tout au pays, de faire ensuite corps pour voir ensemble comment dégager Ouattara qui a fait du faux de bout en bout pour arriver au pouvoir et continue de promettre monts et merveilles alors que ses premières promesses, nombreuses et farfelues, n’ont pas été tenues. Cette union sacrée devra faire preuve de courage et de détermination comme on le voit chez les Gilets jaunes de France qui sont dans la rue depuis 3 mois et qui estiment que « la France n’est pas généreuse avec les pays du Sud car elle ne possède ni mines d’or ni pétrole ni cacao mais a recours au pillage et à l’échange inégal ». Si le Mouvement italien 5 étoiles et les Gilets jaunes méritent d’être salués pour avoir dénoncé haut et fort le néocolonialisme de la France, il n’en demeure pas moins que ce n’est pas à eux de faire le palabre des Africains. Ces derniers devraient prendre le relais le plus tôt possible, se mettre en ordre de bataille et s’insurger contre les ambassades et entreprises françaises partout en Afrique francophone. Car il est temps que les Africains qui utilisent cette monnaie nazie qu’est le franc CFA se lèvent pour se libérer de la domination française.
Jean-Claude DJEREKE
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