Côte d’Ivoire: Rôle des intellectuels dans les mutations sociopolitiques, la fondation Friedrich Naumann suscite le débat

Dr Gaoussou Karamoko, Dr Djofolo Doumbia, Pr. Jean Marie Kouakou et Dr Konaté Ahmadou Siendou lors du panel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce que des universitaires pensent du processus démocratique dans leur pays

Il y a de cela quelques jours, à l’initiative de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, une institution politique allemande qui soutient l’idéologie libérale, un panel était organisé autour du rôle des intellectuels dans la démocratie ivoirienne. Le thème central : « Les intellectuels et les mutations socio-politiques en Côte d’Ivoire, des origines à nos jours » a réuni un parterre d’universitaires dans différents domaines de la pensée.
Ce sont entre autres, Dr Gaoussou Karamoko de l’Université de Korhogo, Pr. Jean Marie Kouakou de l’Université Houphouët-Boigny ou encore Dr Konaté Ahmadou Siendou des universités Houphouët-Boigny et internationale de Grand Bassam. Chacun d’eux a traité un thème autour de la notion de l’intellectuel. Qui est l’intellectuel ? Quel est son rôle dans la société ? L’intellectuel peut-il être militant politique ? Autant de questions qui auront permis de cerner le débat sur ce que devrait être le rôle majeur du mouvement intellectuel en Côte d’Ivoire.
Pour Dr Gaoussou Karamoko, l’intellectuel s’assimile généralement aux universitaires, aux gens qui sont allés à l’école et qui ont un niveau d’instruction ou de culture mais il relativisera en se basant sur la logique du philosophe grec Platon pour dire que l’intellectuel est celui qui a acquis de la connaissance, qui fait usage de son savoir pour combattre l’ignorance. « L’intellectuel doit être quelqu’un qui sait. Un ignorant ne peut y prétendre. C’est parce qu’on a un certain savoir qu’on peut anticiper sur certains faits de la société. Alors on peut être intellectuel sans aller à l’école », lève-t-il l’équivoque avant de poursuivre sur la notion de démocratie et ce que l’intellectuel peut y apporter. Après avoir passé en revue les différentes formes de démocratie selon ses origines grecques, il parvient à la conclusion suivante : « le rôle de l’intellectuel, c’est de prendre en charge le débat public (radio, assemblée, télévision…). En exerçant ainsi, il prend le pouvoir ».

‘’Le politique ou l’intellectuel ?’’

Cela est-il vraiment une réalité en Côte d’Ivoire ? C’est le professeur Jean Marie Kouakou qui en donnera la réponse dans son intervention sur le thème : « L’intellectuel ou le politique ? »
Morceau choisi : « L’intellectuel ou le politique ? Cette question vaut affirmation pour ce qui est des intellectuels africains dans leur rapport à la politique. On observe une capitulation et un renoncement à nos propres droits. On refuse de s’approprier ce que nous avons recherché (c’est-à-dire la liberté). S’agit-il d’une concession de direction de conscience ? Parce qu’on a cédé la direction de notre conscience aux politiques. (…) Ce renoncement à notre liberté nous rend irresponsables. Le politique nous oriente malgré nous. Ce qui est gênant c’est quand le renoncement devient volontaire. Pourtant c’est bien marquer à l’entrée de notre constitution ‘’République de Côte d’Ivoire’’. Or la République, c’est la liberté. Pour moi, la liberté définit l’intellectuel car on ne peut penser que lorsqu’on est libre. (…) Il y a ici un curieux phénomène d’aphasie (perte de la parole). L’intellectuel se tait et laisse le politique. »
Avant de clore son propos, l’universitaire a invité ses pairs à ne plus se taire parce que l’intellectuel est l’architecte de la réflexion et son travail est de regarder notre société pour relever ce qui ne va pas. « L’intellectuel n’est pas une fonction mais un devoir. Ne nous contentons plus de nous taire. Aujourd’hui, le Sénégal est en progrès, le Ghana est en progrès parce que là-bas, ils arrivent à concilier démocratie et intellectualisme. La Côte d’Ivoire doit radicalement changer », a martelé le professeur de philosophie sans sourciller.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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