Paris: 12 membres d’un réseau international libanais de blanchiment devant le tribunal de grande instance

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Douze personnes sont renvoyées devant le tribunal de grande instance de Paris à partir de ce mardi. Quatre complices présumés restent en fuite.

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A en croire le dossier judiciaire, ce réseau de blanchisseurs fonctionnait comme des gestionnaires de fortune rayonnant dans le monde entier. Nul besoin de démarcher les clients, ces derniers sollicitaient leurs services. De plus, il est apparu, dans ce dossier, largement nourri par l’agence antidrogue américaine (DEA), qu’une partie des commissions prélevées par le réseau pourrait avoir alimenté, in fine, les caisses du Hezbollah, le mouvement chiite libanais soutenu par l’Iran, qualifié de terroriste par les Etats-Unis.

Réseau à trois niveaux
La tête supposée du réseau, Mohammad Ammar, dit Alex, résidait entre la Colombie, le Liban et les Emirats arabes unis. Membre d’une famille déjà connue pour son implication dans le blanchiment international, ses liens avec les trafiquants de drogue colombiens avaient été mis en évidence, dès avril 2015, lors de conservations téléphoniques avec un certain « Pica Pica » sur l’expédition de cocaïne vers l’Afrique et l’Europe. Un contrat de collecte de l’argent aurait été négocié avec El Chapulin, basé en Colombie, et aurait aussi bénéficié, selon la DEA, au cartel Jalisco Nueva Generacion.

La justice a distingué trois niveaux dans ce réseau. Les coordinateurs se trouvaient à Beyrouth. Parmi eux, Mohamad Noureddine possédait un bureau de change dans la capitale libanaise et Abbas Nasser supervisait un réseau qui s’étendait de l’Europe jusqu’à Hongkong, Dubaï et Singapour. « Les montants, assure l’ordonnance de renvoi, se comptant parfois en millions, en dizaines, voire en centaines de millions d’euros. »

Viennent ensuite les collecteurs, divisés en trois équipes, selon la justice, recevant leurs ordres des coordinateurs. La remise des fonds par les réseaux criminels se faisait dans des lieux divers, un salon de coiffure, à Anvers (Belgique), un grand hôtel à Paris, un restaurant, à Montreuil ou encore un café à Enschede aux Pays-Bas. Le 29 mars 2015, M. Noureddine informe l’un des chefs d’équipe que 500 000 euros sont disponibles à Naples. Le 31 mars 2015, il faut, cette fois-ci, remonter des fonds d’Espagne. Les techniques de transport sont souvent les mêmes : des caches dans les véhicules. Rien qu’entre le 14 février 2015 et le 13 janvier 2016 ces trois équipes récupèrent 11 128 480 euros en petites coupures.

Voitures de luxe en espèces
L’argent ne rentrait pas dans le système bancaire. Il revenait, en partie, en Colombie par un système de compensation informel, connu dans les pays musulmans sous le nom d’hawala, qui consistait dans ce cas à déposer une somme au Liban, puis de retirer le même montant en Colombie. Les fonds étaient également blanchis dans l’achat, en espèces, de véhicules de luxe, Porsche, BMW, Mercedes ou Range Rover et expédiés, par bateau, vers l’Afrique de l’Ouest, le Liban ou Dubaï.

Parmi les garages se prêtant à ce trafic, on relève Ryad Auto, à Dijon, Massy auto-service ou Arc de triomphe auto, à Paris. L’autre moyen de blanchiment était les montres de grande marque. Des centaines de milliers d’euros ont ainsi été versés à des bijouteries pour l’acquisition de Patek Philippe, de Rolex ou d’Audemars Piguet, notamment à un bijoutier allemand dit « Monsieur Thomas ». Elles étaient exportées d’autant plus facilement au Liban qu’à l’aéroport de Beyrouth la complicité du chef du bureau du renseignement, le général Abdallah Daher, était garantie.

(…) Le service américai antidrogue (DEA) a également souligné les liens entre Mohamad Noureddine et Mohamad Ali Chour, arrêté le 7 juin 2016 à l’aéroport d’Abidjan, alors qu’il transportait sur lui 1,7 million de dollars destiné au Hezbollah.

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Par Jacques Follorou

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