Conflit foncier ente Malinké et Baoulé à Marabadiassa: Le préfet de Béoumi suspend la délimitation des territoires villageois

Les communautés malinké et baoulé invitées au calme. Des séances de sensibilisation et d’information auront lieu.

L’opération de délimitation du territoire de la sous-préfecture de N’Guessankro et des villages qui y sont rattachés sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Ainsi en a décidé Meledje Mel, préfet du département de Béoumi, au cours de la réunion qui s’est déroulée, mardi dernier, dans les locaux dégradés du centre culturel de Marabadiassa, en présence des autorités préfectorales, des élus, des cadres, des chefs traditionnels des communautés baoulé et malinké et d’une population qui s’est fortement mobilisée.

Une réunion qui a été convoquée en urgence par le préfet de Béoumi, à la suite de l’opération de délimitation du territoire de la sous-préfecture de N’Guessankro et des villages rattachés qui, malheureusement, a viré à des affrontements violents qui ont opposé, le 27 octobre dernier, la communauté malinké de Marabadiassa et les baoulé du village de Blemplo. Bilan de ces affrontements : de nombreux blessés plus ou moins graves par armes à feu et armes blanches et des dégâts matériels importants.

Dès l’entame de la réunion, le préfet de Béoumi a tenu à faire cette mise au point. « La réunion d’aujourd’hui n’a pas pour objet de trancher une question. Encore moins pour dire qui a tort et qui a raison. Elle n’a pas non plus pour but de se jeter la balle de la responsabilité », a-t-il fait savoir sur un ton ferme. « La réunion d’aujourd’hui a pour objet d’adresser la parole à tout sachant, pour nous permettre de comprendre ce qui s’est passé pour qu’on en arrive à cette situation conflictuelle », a-t-il précisé.

Des incompréhensions à l’origine du conflit

Prenant la parole la parole, les sous-préfets de Marabadiassa et de N’Guessankro ont confirmé que c’est une opération de délimitation du territoire piloté par un commissaire enquêteur dépêché par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural qui est à l’origine de cette altercation entre deux communautés qui cohabitent depuis plus de deux siècles. Une information confirmée par Kouassi Koffi Pascal, directeur régional dudit ministère. Pour lui, cette délimitation qui est une initiative du gouvernement, prendra en compte toutes les localités de la Côte d’Ivoire. « Pour l’heure, c’est la sous-préfecture de N’Guessankro qui est concernée. Le tour de Marabadiassa viendra », a-t-il rassuré. C’est à ce niveau que surviennent les incompréhensions.

Souleymane Touré, chef du village de Marabadiassa, ne comprend pas qu’une telle opération puisse se dérouler sans qu’il n’ait son point de vue à donner alors que sa localité fait frontière avec N’Guessankro. « Nous ne sommes pas contre l’opération. Mais c’est son déroulement que nous ne comprenons pas », a-t-il précisé. Un point de vue que ne partage pas le chef de N’Guessankro, Nanan Mangoua Konan Hervé, même s’il était absent à cette réunion. Pour sa part, le chef de village de Blempo, Aho Kouamé René a confirmé qu’il a été informé par le chef de N’Guessankro de l’opération de délimitation. « C’est après avoir matérialisé notre frontière commune que des jeunes de Marabadiassa nous ont séquestrés et pris neuf d’entre nous qu’ils ont gardé à vue dans ce centre culturel pendant deux à trois heures de temps », a-t-il expliqué.

Après avoir écouté les uns et les autres, Meledje Mel a fini par comprendre que ce sont les incompréhensions et un déficit d’information sur le déroulement de l’opération qui est à la base de ce conflit. Par conséquent, il a enjoint le directeur régional de l’Agriculture et du Développement rural d’entreprendre une tournée de sensibilisation, d’information et de formation de toutes les populations des villages concernées par cette importante opération.

Il prévoit d’organiser, dans les jours à venir, une réunion à Bouaké avec toutes les parties prenantes. Avant de lever la réunion, il a demandé aux présidents de jeunes des villages en conflit de prendre l’engagement, devant tout le monde, de ne plus s’affronter. Ce qui a été fait.

Le préfet espère maintenant « que les présidents de jeunes ainsi que les chefs de village vont respecter les engagements qu’ils ont pris d’aller à la paix.

Notons que contrairement à certaines rumeurs, il n’y a eu aucune perte en vie humaine, lors des affrontements. Parmi les blessés évacués au Chu de Bouaké, il n’y a qu’un seul qui est encore hospitalisé parce que son cas nécessite une intervention chirurgicale.

CHARLES KAZONY
Fratmat.info

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1 réflexion au sujet de « Conflit foncier ente Malinké et Baoulé à Marabadiassa: Le préfet de Béoumi suspend la délimitation des territoires villageois »

  1. Ce préfet n’est pas courageux.
    Depuis l’arrivée au pouvoir des « nordistes+Burkinabés »,lorsqu’un conflit implique les nordistes ou des Burkinabés, les autorités locales paniquent.

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