Côte-d’Ivoire: Le Pr. Badjo explique la grève dans les Universités publiques pour non-paiement des heures complémentaires

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Grève des enseignants:

Après le Professeur Kra, les explications de sa collègue Professeur Badjo, agrégée des facultés de droits

« À chaque rentrée académique des grèves des enseignants-chercheurs des universités publiques pour non-paiement des heures complémentaires dues par leur employeur. »

Difficilement compréhensible cette gouvernance trompeuse de l’opinion qui consiste à faire croire que les enseignants-chercheurs des universités publiques en leur qualité de fonctionnaires refuseraient d’exécuter leur service en s’abonnant aux grèves générales, illimitées et sauvages.

Ils sont parfois jetés à la vindicte populaire et traités même d’inconscients professionnels.

Et pourtant, sans rien revendiquer de plus, ils ne font qu’exercer leur droit. Ces derniers qui, en plus de leur service normal, exécutent dans des conditions difficiles, inhumaines et dégradantes un service supplémentaire excédant parfois quatre fois le service normal (la moyenne du nombre d’étudiants en amphi L1 ,L2 et L3 variant entre 900 et 1500) n’ont-ils pas le droit d’user des voies de recours légaux pour amener leur employeur à honorer ses engagements quand celui-ci ne les respecte pas?

La question est posée.

Aucun enseignant-chercheur ne serait en situation irrégulière s’il exécute son service.

Si Chaque enseignant-chercheur prend son service normal régulièrement, il restera des milliers d’étudiants abandonnés qui se retrouveraient sans enseignements pour défaut d’enseignants. C’est ce que refusent les enseignants dans le respect de leur vocation quand ils ont accepté le service supplémentaire, objet des heures complémentaires.

Le service supplémentaire persiste dans la mesure où en l’état actuel des choses, le nombre d’enseignants par étudiants est largement en deçà des standards internationaux.

Évidemment, le nombre d’étudiants dans les UFR notamment à l’UFR SJAP ex fac de droit et dans les amphis, atteint le seuil de l’intolérable en inadéquation totale avec le nombre d’enseignants-chercheurs, surtout de rang A.

Peut-on encore parler d’un nombre raisonnable dans les amphis quand dans un amphi prévu pour 300 étudiants, sont entassés plus de 1000?

Cette inadéquation entre le nombre d’étudiants dans les amphis et le nombre d’enseignants-chercheurs a engendré le service supplémentaire et donc des dépenses supplémentaires à la charge de l’employeur.

C’est la recherche d’une solution alternative a priori temporaire qui s’éternise avec la pratique du service complémentaire couramment appelé « Heures complémentaires » et exécuté par les mêmes enseignants-chercheurs au delà de leur service.

Les enseignants-chercheurs exécutent ce service complémentaire avec l’accord de leur employeur et devraient être naturellement rémunérés comme convenu dans le respect de leur droit sans que cela ne soit considéré comme une faveur.

Dans le droit de la fonction publique et de la comptabilité publique les principes respectifs de l’exécution du service par le fonctionnaire et le service fait , sont d’application rigoureuse.

L’opinion ignore que les enseignants-chercheurs ont toujours exécuté leur service et même au delà pour que le service soit effectivement et totalement fait. Quoi de plus légal qu’ils soient payés.

De ce qui précède, il ressort que les heures complémentaires constituent un prolongement du service que le fonctionnaire en activité, qui accepte d’exécuter avec l’accord de son employeur en vertu du statut réglementaire dans lequel celui-ci se trouve et sans lequel le service ne serait pas fait. Car un service mal fait ou insuffisamment fait ou encore incomplet est considéré comme non fait.

Avec le service complémentaire, les enseignants-chercheurs du service public de l’Université se mettent au service de la nation en acceptant d’assurer le surplus de service non assuré faute d’enseignants.

A cet égard, ceux-ci consentent à assurer en plus de leur service, celui de plus de 5 enseignants en dispensant leurs enseignements et en évaluant plus de 5000 étudiants soit l’équivalent de 5 amphis en moyenne au prix de leur vie.

Avec une politique efficace de prévision, de programmation et une bonne foi, l’État devrait éviter ces crises récurrentes dans le service public de l’enseignement supérieur qui dénaturent sa noble vocation d’assurer la formation de l’élite.

Il a le choix entre une politique rationnelle de recrutement et de promotion des enseignants-chercheurs et payer les heures complémentaires.

AUCUNE FAVEUR, JUSTE UN DROIT. OR, UN DROIT S’EXERCE. C’EST CE QUE NOUS FAISONS. NOUS NE SAURIONS Y RENONCER. »

Prof. Badjo
Agrégée des facultés de Droit

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