(Agence Ecofin) – C’est le Lundi 3 septembre 2018, que l’Autorité de régulation des télécommunications/Tic de Côte d’Ivoire (Artci) a officiellement lancé la portabilité des numéros. Pour les consommateurs, c’est le début d’une nouvelle ère marquée par leur toute-puissance. Désormais, c’est le client qui décidera s’il quitte ou demeure fidèle à son fournisseur de services télécoms, en fonction de sa qualité de service.
Sur les craintes des consommateurs d’un possible refus de leur opérateur de les laisser partir, ou encore sur une éventuelle indisponibilité de son numéro pendant l’opération de portage, VIPNET, le gestionnaire de la portabilité rassure. « Il n’y a quasiment aucune rupture de service pour les usagers dans la mesure où la déconnexion de l’opérateur initial et la connexion à l’opérateur de destination se font de façon transparente et automatique sans aucune véritable intervention de ces derniers, hormis les validations. Cependant, bien avant, l’usager doit s’assurer de son éligibilité auprès de son opérateur d’accueil ». En matière d’éligibilité, par exemple, un client ne pourra pas être porté s’il a des factures de services impayées auprès de son opérateur d’origine.
En lançant la portabilité, la Côte d’Ivoire rejoint la courte liste des pays qui ont déjà adopté cette fonctionnalité sur le continent. Il s’agit de l’Afrique du Sud en 2006 ; du Ghana en 2011 ; du Kenya, du Nigeria et de la Tunisie en 2013 ; du Sénégal en 2015 et du Cameroun en 2017.
Une mesure davantage cosmétique, nos autorités ayant tendance à prioriser l’impression d’être à la page, plutôt que de tenir compte de la réalité pratique du marché. Depuis la disparition de Green, Commium et du fantomatique Café Mobile, les Ivoiriens n’ont plus « que » 2 portables chacun, là où certains se baladaient avec souvent jusqu’à 5 portables il y a quelques années. Pourquoi donc cette attitude ?
1. S’assurer de ne pas rester en rade en gardant tous ses œufs dans le même panier, vu le peu de fiabilité des opérateurs ;
2. Et surtout, surtout, surtout, contourner les frais d’interconnexion qui explosent le crédit de communication.
Du coup, avec les smartphones Android à 2 slots de puces, 2 portables suffisent pour être à la fois sur Orange, MTN et Moov. Alors, pourquoi s’emballer sur la portabilité des numéros ? Elle n’a aucun avantage pratique au regard des habitudes de consommation acquises depuis plus d’une décennie. Chez nous, cette mesure « joue bidet », simplement. S’il reste toutefois agréable de savoir qu’on est libres et affranchis des opérateurs, ce n’est pas ce qu’attendent le plus les consommateurs. Donc : bof !
Un autre aussi qui a « joué bidet », c’est le chouchou des autorités, j’ai nommé Orange. Le leader annonce des travaux d’amélioration sur son réseau depuis 3-4 mois. Si l’entreprise a apprécié le report de la date d’entrée effective de la portabilité des numéros (espérant qu’elle corresponde à la fin de ses travaux), elle « joue bidet » parce que dans la commune de Cocody, certains quartiers goûtent peu le black-out de fait : inaccessibilité du numéro et impossibilité d’appels depuis l’intérieur des maisons. Depuis presque que 4 mois. Comme le consommateur n’est pas un mouton, il se sert depuis lors moins de son numéro Orange, et bien plus de Moov et MTN. Donc, portabilité ? Bof !