Par Connectionivoirienne
Le 18 juillet 2018, le gouvernement ivoirien a fait une importante annonce par la voix de son nouveau porte-parole, Sidi Touré. Selon le communiqué qui a sanctionné le conseil des ministres de ce jour, l’Etat de Côte d’Ivoire s’est porté garant d’un emprunt de 179 milliards de FCFA, auprès de la Banque d’import-export (Afreximbank) au profit d’Ebomaf (Entreprise Bonkoungou Mahamadou et Fils) en vue de la construction de 224 km de route.
Cette décision du gouvernement a été diversement appréciée dans les milieux politico-financiers en ce qu’elle comporterait des zones d’ombre. Le mode d’attribution du marché et le mécanisme de financement en particulier.
Selon des sources proches du dossier, ce marché attribué à Ebomaf est du type PPP (Partenariat public privé) octroyé sur des bases claires. C’est le même mode de financement qui a servi à réaliser le 3e pont, à réhabiliter la piste d’atterrissage de l’aéroport de San Pedro ou à construire la route Ferkessédougou-Kong. En effet, il s’agissait pour l’Etat de trouver un opérateur crédible ayant une ligne de crédit auprès d’une banque commerciale et qui grâce à cette ligne peut emprunter des fonds importants pour financer lui-même les travaux quitte à justifier les travaux réalisés. L’offre faite par Ebomaf cadrait bien avec ce dispositif.
Selon nos informations, l’entreprise Ebomaf remplirait bien les conditions au regard de sa grande expérience en Afrique et en raison de sa capacité financière. Cette entreprise dont le Pdg est Bonkoungou Mahamadou de nationalité burkinabè possède en effet une ligne de crédit de plus d’un milliard de FCFA chez Afreximbank, la banque africaine d’import-export.
Comment seront alors décaissés les 179 milliards de FCFA garantis par l’Etat de Côte d’Ivoire ? Un connaisseur du dossier explique : « Dans le protocole, l’Etat de Côte d’Ivoire à travers sa garantie, donne son quitus à Afreximbank de payer, si Ebomaf exécute des travaux et qu’il présente les décomptes des travaux effectués ainsi que les certificats d’exécution produits par le Bnetd (Bureau national d’étude technique et de développement, ndlr). A partir de là, les taux d’intérêt sont calculés et la facture payée. De façon simple et imagée, avec la garantie de l’Etat, la société contracte un prêt chez AfreximBank et lorsqu’elle réalise par exemple 20 km de route, d’un montant de 30 milliards, ladite société qui exécute les travaux écrit à Afreximbank pour qu’elle lui verse les 30 milliards après avoir vérifié tous les documents qui certifient l’exécution des travaux ».
Le montant de 179 milliards de FCFA, toujours selon nos sources, n’est pas décaissé en une tranche. C’est une dette garantie sur 12 ans avec deux ans de différé et l’argent est versé au fur et à mesure que les travaux sont réalisés et certifiés par le Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), la structure ivoirienne de contrôle et de réalisation de grands travaux. Parmi les voies à réaliser à travers ce prêt, figure l’axe Sassandra – San Pedro, qui sera une autoroute de deux fois deux voies, longue de 71 Km. Les travaux seront lancés bientôt.
L’entreprise Ebomaf qui réalisera ces travaux est déjà présente à San Pedro où elle réhabilite la piste d’atterrissage de l’aéroport. Elle n’est pas à son premier contrat du genre. Il y a à peine deux mois, le Burkina Faso a garanti à son profit, 181 milliards de FCFA pour des travaux routiers à la périphérie de Ouaga. Idem au Liberia où le gouvernement de Georges Weah qui projette de réaliser des centaines de Km de route a garanti 250 milliards de FCFA.
SD
L’omniprésence des Burkinabés très opportunément devenus grands hommes d’affaires commence quand-même à se remarquer : la LDC de la semaine lève un coin de voile sur l’affairisme d’Etat notamment avec un trio constitué du petit frère de son Grand Frère, du général de l’air Abdoulaye Coulibaly et du même Mahamadou Bonkoungou d’Ebomaf, pour la création d’une compagnie de Jets privés. On prend les mêmes et on recommence ailleurs, sur les infrastructures dans des attributions de gré à gré. Bon appétit les gars, « c’est pour vous qui est arrivé » comme on dit en Ivoirien Ancien. Mais j’ai comme le pressentiment qu’après 2020, il va être très difficile à Ebomaf d’avoir même un marché de tracé de piste villageoise en Côte d’Ivoire. Certaines choses sont comme ça, cycliques : l’intelligence, la force de travail, l’énergie au travail, le savoir-faire, l’ambition, etc.
Ouattara dit qu’il n’est pas un Burkinabé; mais , subitement des entreprises du Burkina nous envahissent depuis 7 ans