Côte-d’Ivoire: Les critiques «superficielles» de Pierre Soumarey contre Soro «un catalogue de banalités affligeantes»

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Une tribune de Lawrence Atilade
Doctorant en science politique- EHESS-Paris
Manager, Mysoluz Consulting Group

II se produit en ce moment en terre d’Eburnie une métempsycose sourde, lente, insoupçonnée et progressive qui aboutira à une crise, sinon à une révolution politique. En effet, un grand nombre d’analystes, nostalgiques du passé et sceptiques de l’avenir se sont persuadés que les intellectuels et acteurs politiques de notre époque ne font pas assez d’introspection, qu’ils ne sont pas suffisamment méthodiques, profonds pour réfléchir par eux-mêmes, pour eux-mêmes, sur eux-mêmes.
Ces penseurs de la « vieille école » estiment que les « jeunes parvenus » n’ont aucun souci des codes de représentations nationales et internationales, qu’ils se préoccupent plutôt exclusivement de calculer leurs intérêts immédiats, qu’ils ne méritent pas leurs places à cause de leur fébrilité d’une part et de leur incompétence notoire d’autre part. Rien que des effets de mode et de manche !

Voici en substance la triste réaction du sieur Pierre Soumarey aux derniers propos de Guillaume Soro en déplacement au Canada :  » Lorsqu’on exerce de hautes responsabilités, on doit respecter la fonction et inspirer la considération de ses concitoyens » (1).

Or, surprise sans égale, cette conception des choses bute face à un constat immédiat et, pour le moins irréfragable : le Président de l’Assemblée nationale est le substratum de toute l’histoire politique ivoirienne des deux dernières décennies. Il a été de tous les combats au péril de sa vie. D’où proviennent donc ces écarts de pensée de Pierre Soumarey et comment les canaliser ?

Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de montrer, arguments à l’appui, en quoi la superficialité de ces propos constitue une tentative de ruine mémorielle pour la reconstruction générationnelle amorcée dans un premier temps, et nous chercherons ensuite quelles sont les conclusions à en tirer.

Analyse des arguments avancés contre Guillaume Soro

Dans une énième sortie médiatique manquée, Pierre Soumarey relève ce qu’il considère comme des manquements à la fonction d’homme d’état. Notons en quatre :
D’emblée, parlant du chef du parlement, il avance que : « lorsqu’on exerce de hautes responsabilités, on doit respecter la fonction et inspirer la considération de ses concitoyens ».

Pour dire simplement les choses, Guillaume Soro n’a aucune considération pour le statut parlementaire, et par ricochet pour les citoyens qui l’ont élu. Pire, il a du mal à porter le costume présidentiel parlementaire. Qui pourrait prendre ces propos au sérieux ? Il suffit de regarder dans le rétroviseur pour les rejeter en bloc et voir à quel point le parcours de l’homme-Soro impressionne. Du syndicalisme à la politique, son exigence politique suprême a de tout temps été le respect scrupuleux du bien Commun : ce qui est juste, utile et bon pour tous.

Très tôt à la tête de la puissante FESCI en 1994, Guillaume Soro va se retirer en 1998 pour laisser à d’autres le soin de diriger le mouvement. De 2001 à 2007, après avoir conduit la résistance militaro-politique des MPCI/Forces Nouvelles, il exhorte officiellement ses camarades à rejoindre chacun l’obédience politique de son choix. Premier ministre pendant cinq années, dont quatre avec Laurent Gbagbo et une avec Alassane Ouattara, Guillaume Soro cède volontiers son fauteuil de premier ministre afin que le Chef de l’Etat accomplisse sa promesse envers son grand allié, le PDCI-RDA du président Henri Konan Bédié.
N’oublions pas qu’en 2010, le même Guillaume Soro organise l’élection présidentielle, n’y participe pas, et veille à la restitution fidèle des résultats sortis des urnes par souci d’impartialité, de paix et d’égard envers les électeurs ivoiriens. Qui mieux que lui, s’est le plus illustré en termes d’actions décisives pour la sauvegarde des intérêts de ces pairs ? En oblitérant tous ces détails, en occultant le désintéressement personnel de GKS dans la constance politique, notre Pierre Soumarey fait preuve d’un négationnisme sans pareil.

Deuxièmement, Pierre Soumarey fait observer que « le Président de l’Assemblée Nationale(…) appartient encore aux instances dirigeantes du Parti qui exerce le pouvoir. Dès lors, il est indécent de se désolidariser de ceux-ci, de caricaturer le pays que l’on représente et de mettre en cause ses dirigeants ».  » Mange et tais-toi, semble vouloir suggérer notre auteur. C’est méconnaitre GKS qui n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche et qui n’a pas l’âme d’un héritier en attente d’une hypothétique passation de flambeau ou de pouvoir. Au moment où nous écrivons ces lignes, Guillaume Soro est vice-président du RDR et rien ne justifie à ce jour qu’il le quitte. Cela étant, en tant qu’homme du peuple, il a toujours voulu rassembler le pays, toucher les cœurs, bien au-delà de son seul parti d’appartenance : « Tout parti avec lequel je peux parler, je le ferai librement. Je ne suis pas dans la guéguerre des partis ». En outre, représenter le peuple ivoirien, légiférer et contrôler l’action du Gouvernement, tel est le triptyque qui guide l’action parlementaire. « On peut donc être président de l’Assemblée nationale et faire des reproches au gouvernement. C’est ça la démocratie ». Répond Guillaume Soro.

Troisièmement, « si la Côte d’Ivoire avait une société politique responsable, une représentation nationale digne de cette noble mission, à elle confiée, une haute idée de notre pays et des fonctions publiques, elle s’offusquerait et condamnerait de manière unanime les attitudes et propos de certains responsables politiques, lorsqu’ils sont inadmissibles ». Ainsi donc Pierre Soumarey s’offusque de ce que tout le monde ne n’attaque pas GKS à l’unanimité. Pour quels motifs d’ailleurs ? L’auteur ne prend pas la peine de mentionner ici les faits, mais se contente seulement de remettre en cause les institutions de la république qui, selon lui, manquent de responsabilité. En restant allusif, Pierre Soumarey encourage le mépris institutionnel.

Quatrièmement, Pierre Soumarey se dit « consterné par la qualité de cet entretien. La tenue, le niveau, le langage, et les propos de cette causerie/rencontre n’honorent ni la fonction, ni l’Institution(…) Un tel comportement est l’indication de son degré de maturité et de responsabilité. Quel serait selon notre moralisateur le style verbal-type pour un président d’une institution, telle que l’Assemblée Nationale de Côte d’ivoire ? Devrait-il s’exprimer comme ses prédécesseurs, les présidents Félix Houphouët-Boigny (1953-1959), Philippe Yacé (1959-1980), Henri Konan Bédié (1980-1993), Charles Donwahi (1994-1997), Mamadou Koulibaly (2001-2012) ? Le suggérer ainsi, c’est ignorer qu’aujourd’hui, avec la révolution numérique qui donne aux citoyens de nouveaux outils d’expression directe, tous les dirigeants doivent encourager non seulement la participation citoyenne à la « chose publique », mais aussi s’adapter aux changements qui surviennent dans les nouveaux codes langagiers, afin de produire des réponses idoines aux préoccupations de leurs administré(e)s. Dès lors, parler en politique, c’est déjà agir, produire une vision collective du monde par le langage qui est le moyen de communication le mieux adapté pour se rapprocher les uns des autres, s’écouter, se comprendre. Et c’est ce que rappelait cette boutade de GKS, lors de la « crush party » du dimanche 29 Octobre 2017, un événement éloquent, fusionnel avec ses contemporains par le biais du langage et du temps : « Tu ne peux pas diriger un peuple et ne pas comprendre son langage ». Entendez « tu ne peux pas diriger un peuple et ne pas savoir parler comme lui. » Ces échanges à bâtons rompus entre Guillaume et ses hôtes canadiens traduisent, de ce fait, au moins trois facultés :
• La capacité d’adaptation de l’homme d’Etat à descendre de son piédestal pour venir à la rencontre de ses frères et sœurs. Guillaume Soro de par son éloquence reconnue de tous sait parfaitement distinguer les différents registres oratoires : meetings, conférences, séminaires, discours publics, conviviaux, familiaux etc. A cet effet, nous recommanderons chaudement à notre Pierre Soumarey, l’interview que GKS a accordé à une radio canadienne, le même jour.

https://www.facebook.com/100005970818760/posts/859946760881010/. Il pourra y découvrir une autre facette de l’orateur chevronné qu’est GKS.

b) La capacité à penser collectif, là où d’aucuns pensent seulement à leurs intérêts propres. Au lieu de se morfondre, Guillaume Soro décide tout simplement d’avancer en payant, encore une fois de plus, le prix du sacrifice pour le renforcement de sa relation avec les ivoiriens.
c) L’humour remarquable de Guillaume Soro. Naturellement, il présente un autre aspect qui élève la fonction. Il nous permet d’avoir une autre idée, image de notre pays et de nos hommes politiques.

Pour conclure momentanément, nous reconnaissons qu’à force de vouloir vilipender le président de l’assemblée nationale, l’exposé de l’auteur nous aura permis de contribuer à la manifestation de la vérité suivante : comme nombre de ses confrères, Pierre Soumarey est davantage inspiré par l’aigreur d’écrire que par la rigueur de penser.

Notes :
1) http://www.afriquessor.com/pierre-soumarey-reagit-aux-derniers-propos-de-guillaume-soro-au-canada-lorsquon-exerce-de-hautes-responsabilites-on-doit-respecter-la-fonction-et-inspirer-la-consideration-de-s/
2) https://www.facebook.com/100005970818760/posts/859946760881010/

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2 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: Les critiques «superficielles» de Pierre Soumarey contre Soro «un catalogue de banalités affligeantes»”

  1. Soumarey et Atilade participent de la même imposture. Les deux sont les griots de deux sanguinaires. Le premier défend Dramane alors que le second, sous influence de nyamsi geint pour Soro.

    Mais au final ils défendent quelque chose qui ressemble soit au choléra, soit à la peste.

    Atilade croit qu’il suffit d’afficher « Doctorant » pour que les âneries qu’il débite deviennent des vérités révélées. En cela, il singe son maître « agrégé », le bonimenteur Nyamsi.

    Soro se pavane au Canada, s’invente un personnage et glose, alors qu’il demeure muet en Eburnie où, dit-on il serait le Président d’une assemblée nationale.

    Quant à Soumrey très prolixe sur les réseaux et ailleurs; quand on le lit, on s’aperçoit qu’il veut convaincre par des banalités, du bien-fondé de l’avènement de Dramane au pouvoir en Côte d’Ivoire.

    Que Atilade puisse dire de Soumrey que ses critiques contre Soro sont superficielles et relèvent plus d’un catalogue de banalités affligeantes, que dire des siennes ? L’hôpital qui se moque de la charité !

    Ces deux amuseurs publics ne peuvent pas faire oublier aux ivoiriens que si le pays se trouve aujourd’hui dans ce délabrement, ce chaos où l’insécurité et le crime prospèrent et jalonnent le quotidien de leur existence, ils le doivent à Dramane Ouattara et à Kigbafori Soro.

    Quel que soit le maquillage, notamment les discours trompeurs et mensongers, dont sont coutumiers Soumarey et Atilade, pour détourner l’attention des ivoiriens, les faits ont un avantage. Ils ne changent pas.

    Les faits sont têtus. Dramane et Soro sont souillés à jamais par leur passé et même actuel de criminels.

  2. Je ne sais pas pour vous, mais SORO, à partir du moment où il a conduit une rébellion qui a produit des centaines de milliers de victimes innocentes, et que ces personnes n’ont toujours pas reçu justice, c’est de fort mauvais gout d’oser faire de lui un homme politique de valeur.

    GBAGBO LAURENT est conduit à la HAYE comme un vulgaire criminel pris en « flagrant délit » quand SORO se pavane dans les beaux salons canadiens.

    Il y a quelque chose qui cloche !!

    Vous me direz que tout est politique ??

    Oui, pourquoi pas, mais ne nous faites pas passer des vessies pour des lanternes !!

    Les ivoiriens n’oublieront pas tout ce sang déversé dans les campagnes et les villages ivoiriens !!

    Dabakala !!

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