Serge Alain KOFFI
L’ancien député d’Abobo, Tefhour Koné, l’un des challengers d’Hamed Bakayoko lors des prochaines élections municipales dans cette commune abidjanaise, s’est présenté comme le « candidat de Guillaume Soro »’, le président de l’Assemblée nationale, estimant que « (sa) politique de proximité avec »’ les électeurs lui « donne (sa) chance »’ face au ministre de la Défense, dans une interview dimanche à Alerte Info.
Vous aviez annoncé depuis des mois votre volonté d’être candidat à l’élection municipale à Abobo où vous êtes déjà député. Maintenez-vous votre candidature ?
C’est en janvier 2017 que des amies de ma défunte mère, qui sont généralement des présidentes d’associations, se sont réunies au centre culturel d’Abobo et m’ont invité à m’investir et de porter le flambeau de la population en acceptant d’être candidat aux municipales de 2018 parce qu’elles estiment avoir été trompées et abandonnées depuis tout ce temps. Elles pensent que je peux être un bon maire pour la commune d’Abobo. Depuis que j’ai accepté, il faut reconnaitre que ce sont des organisations de la société civile et socioprofessionnelles qui me rallient et m’encouragent. En clair, je maintiens ma candidature avec aisance et plaisir. Aller en candidature indépendante est le meilleur choix parce que c’est le choix des populations d’Abobo. J’ai accepté de me constituer en espoir de cette population en maintenant ma candidature en indépendant.
Que pensez-vous de la candidature du ministre Hamed Bakayoko ?
Le ministre Hamed Bakayoko est un grand-frère que j’apprécie bien mais je ne peux pas accepter que quelqu’un qui est député à Séguela, ministre, puisse être candidat à Abobo ici. C’est son droit d’être candidat mais Abobo n’acceptera pas parce que c’est Abobo qui m’a demandé d’être candidat. Aucun candidat ne pourra prendre Abobo en dehors de ce que les populations d’Abobo auront décidé. Mais une fois ce combat gagné, je vous assure que je travaillerai à améliorer l’image du président de la République que mes ainés du RDR ont contribué par leur mauvaise politique à faire baisser la côte à Abobo. C’est un challenge pour moi de gagner ce combat.
Craignez-vous sa candidature ?
Pas du tout parce que pour moi la meilleure des politiques qu’il faille mener, c’est la politique de proximité, d’être proche et à l’écoute des populations. C’est d’agir pour la transformation sociale de ces populations. Quelle politique Hamed Bakayoko a-t-il mené ici à Abobo ? Les problèmes fondamentaux de la population d’Abobo qui se résument tout simplement en des actions d’utilité publique existent mais on vient, on cible la jeunesse du RDR, on donne 20 millions de FCFA, les femmes du RDR, on leur donne 10 millions FCFA. Allez voir si cet argent à transformé la vie de ces populations. Aucunement. Après le cas Toungara qui a promis monts et merveilles à Abobo, on veut montrer aujourd’hui aux populations que c’est la même politique qui revient alors que la population a changé, les lignes ont bougé.
Quelles sont vos chances face à ce candidat qui, en plus de son statut de ministre d’Etat, a derrière lui, une machine politique comme le RDR ?
Je vous cite quelques exemples, en 2013, le ministre Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du RDR, conseiller spécial du président de la République avec rang de ministre, président du groupe parlementaire RDR a perdu les élections municipales face à un candidat qui était un candidat de terrain, proche de la population et qui n‘avait pas de gros moyens. L’émancipation des populations ivoiriennes est ma chance. Le ministre Adama Toungara est plus riche que le ministre Hamed Bakayoko, je vous l’apprends, on a vécu son expérience ici. Dans le conseil municipal, nous avions trois ministres Adama Toungara, maire de la Commune d’Abobo, Jeanne Peuhmond, 1ère adjointe, Kandia, 2e adjointe, quelle transformation sociale ont-ils apporté à Abobo ? Aucune transformation sociale. En 2016 lors des élections législatives, nous avons vu l’exemple de Gnamien N’goran à Daoukro. C’est cette politique de proximité avec les populations qui me donne la chance face à Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, milliardaire. Les exemples sont légions, où des milliardaires sont tombés.
Confirmez-vous que vous êtes le poulain et le candidat soutenu par Guillaume Soro à cette élection ?
Vous savez un parti politique, je ne dis même pas un individu, aussi puissant soit-il et bénéficiant d’un financement de l’Etat, ne peut remporter une élection sans des personnes pour l’aider. Guillaume Soro, je ne le connaissais ni d’Adam ni d’Eve avant mon entrée au parlement. C’est en 2014, ayant vu les activités que je menais à Abobo, il a été séduit et a commencé à m’aider chaque fois que je le sollicitais. Ce n’est pas lui qui m’a demandé d’être candidat, le RDR le sait. Je suis d’abord citoyen ivoirien avant d’être militant du RDR. Si le RDR ne veut pas faire ma promotion, moi-même, je ferai ma promotion. J’ai invité Guillaume Soro à une rupture collective du Jeun lundi dernier (Ndlr : lundi 11 mai), je lui ai présenté ma population à qui il a dit que Tefhour est mon ami. Si cela suffit pour dire que je suis le candidat de Soro, je réponds oui je suis le candidat de Guillaume Soro parce les autres sont aussi candidats d’une personne. Hamed Bakayoko ne s’est pas désigné pour être candidat. Il a été désigné par un homme pour être candidat. Le RDR aurait pu organiser des primaires pour que les militants désignent leur candidat mais cela n’a pas été cas à cause du diktat des cadres du RDR qui aiment placer leurs amis à des postes stratégiques pour que ceux là soient demain leurs leviers.
Avez-vous fait acte de candidature en interne au RDR ? Si non, pourquoi ?
Moi, je sais que cela aurait été peine perdue de déposer mon dossier de demande de candidature au siège du RDR ; tout simplement parce que je ne peux pas déposer mes dossiers à un juge qui lui-même compétit en même temps que moi puisque Jeanne Peuhmond, vice-présidente du RDR avait déjà déclaré qu’elle était candidate à Abobo, Adama Toungara, vice-président du RDR avait déclaré aussi qu’il était candidat, La ministre Kandida Camara est adjointe au maire et en même temps secrétaire générale du RDR, elle est l’amie de Jeanne Peuhmond et d’Adama Toungara. Généralement, la direction du parti nous dit de patienter estimant que nous sommes jeunes et que, vu notre jeunesse, nous avons encore le temps devant nous. En 2016, j’avais déposé mon dossier de demande de candidature pour les législatives pour revendiquer un siège à Abobo en tant que député sortant. Ce dossier avait été rejeté et on m’avait mis en suppléance de Jeanne Peuhmond.
Votre candidature contre celle du ministre Hamed Bakayoko n’est-elle pas le signe que le RDR se divise entre partisans de Soro et les partisans du président Ouattara ?
Souvenez-vous de 2013, Jeanne Peuhmond et Adama Toungara, tous les deux membres du même conseil municipal, avaient annoncé leurs candidatures. Avait-on parlé de Guillaume Soro ? Est-ce que Avait-on accusé Guillaume Soro de soutenir un candidat ? Aux élections de 2013 et 2016, il y a eu beaucoup de candidats indépendants au sein du RDR, Guillaume Soro était-il leur parrain ? La dynamique de l’évolution d’un parti politique répond aussi aux contradictions en interne. C’est de cela qu’il est question. C’est pour cela que des partis politiques organisent des primaires pour résoudre ce genre de problèmes. Il n’ ya pas de pro-Soro, de pro-Amadou Gon ou de pro-Ouattara. La dynamique de la démocratie est réclamée au RDR qui est en train de mourir à Abobo du fait de ces milliardaires qui, une fois élus, n’ont plus de temps à consacrer à la population. Au RDR, les dirigeants gèrent par copinage et par amitié. Vous verrez qu’après mon élection le RDR va m’appeler pour me demander de reverser ma victoire au parti.
Quelle analyse faites-vous des propos du président de la République, Alassane Ouattara, qui a affirmé, dans une récente interview à Jeune Afrique, que « la nouvelle constitution (l’) autorise à faire deux mandats à partir de 2020 » ?
Au moment du vote de cette constitution qui a consacré la 3e République, je faisais partie des députés qui siégeaient à la Commission des affaires générales et institutionnelles (CAGI). C’est nous qui avions travaillé sur ce texte. Le président de la République à travers son émissaire qui défendait cette constitution le ministre de la Justice Sansan Kambilé a été soumis à cette question. Ce débat est forclos aujourd’hui et le président de la République a suffisamment dit qu’il ne sera pas candidat en 2020. A partir de cet instant, moi je pense qu’il n’y a plus de commentaire à faire. Et on doit lui faire confiance.
Mais c’est encore lui qui dit maintenant que la constitution l’autorise à faire deux mandats à partir de 2020…
Moi, je crois fondamentalement à sa première réponse, il ne sera pas candidat en 2020. Quelle héritage le président Alassane Ouattara va laisser à la nouvelle génération, à la Côte d’Ivoire s’il dit qu’il est candidat en 2020 ? Il sait mieux que quiconque le souvenir du Burundi, du Togo, de la RD Congo. L’héritage qu’il va laisser à la Côte d’Ivoire en étant encore candidat en 2020, c’est l’héritage d’un pays où il y aura des troubles. Nelson Mandela est rentré dans l’histoire parce qu’il a fait un mandat. Alassane Ouattara doit finir son 2e mandat, organiser une élection inclusive, transparente et démocratique comme il les a lui-même réclamées quand il était opposant pour que la Côte d’Ivoire puisse véritablement consacrer la stabilité.
Etes-vous favorable à une candidature de Guillaume Soro à la présidentielle de 2020 ?
Il appartient à Guillaume Soro de dire s’il est candidat ou pas en 2020. Mais je pense que ce sont les populations elles-mêmes qui vont réclamer sa candidature. On a l’impression que lorqu’on parle de la candidature de Soro en 2020, cela trouble le sommeil de certains. J’appelle de tous mes vœux que Guillaume Soro soit président en 2020 parce que ce sera la consécration de ce que le chef de l’Etat Alassane Ouattara nous a dit au parlement en 2016 quand il est venu nous présenter la nouvelle constitution. Il a dit : “cette nouvelle constitution va consacrer le passage de flambeau d’une génération à une autre’’. Donc que la volonté ou la prophétie du chef de l’Etat se réalise.
Au regard des dysfonctionnements au RDR que vous avez évoquiez pour justifier votre candidature indépendante, pensez-vous que Guillaume Soro a encore un avenir politique au RDR ?
Le RDR réclame Soro parce que le parti est en train de sombrer. Si les dirigeants actuels du parti aiment véritablement le RDR, qu’ils ouvrent les bras à Guillaume Soro. La promotion des valeurs devrait être la meilleure politique d’un parti politique. Mettez Guillaume Soro à la tête du RDR en 2018, vous verrez comment il va exploser, va revivre comme il l’a fait en 1994 avec à sa tête Alassane Ouattara. Moi, je suis commissaire politique. Je puis vous dire que la base elle-même réclame Guillaume Soro parce qu’elle avait pensé à un moment donné que lorsqu’Alassane Ouattara deviendrait président en 2010, que tout naturellement le parti serait confié à ce jeune qui a fait ses preuves, qui est un rassembleur, un conciliateur. Guillaume Soro est le meilleur au RDR. Il suffit simplement d’organiser un congrès. Vous avez vu le dernier congrès, il n’y a pas eu d’élection, mais plutôt des nominations.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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