Côte-d’Ivoire: De la contradiction principale, par Docteur Ahipeaud Martial

Ette Jean, un de nos encadreurs après la création de la Fesci le 21 avril 1990, nous disait constamment « n’oubliez pas, en toute chose, quelle est la contradiction principale et focalisez-vous dessus. Le reste est pure distraction car la contradiction principale relève de la stratégie et le reste de la tactique ». Il continuait souvent, lorsque je discutais avec lui, en me disant que la stratégie relève du but ultime et la tactique des moyens intermédiaires.

En d’autres termes, lorsque la contradiction principale est constante dans nos dispositions tactiques, on atteint le but ultime que l’on vise.
Question alors à 1 Million de dollars : quelle fut la contradiction principale que je gardai en esprit lorsque je pris la décision de rejoindre le combat pour la démocratie et le progrès socioéconomique au travers de la Fesci ? La réponse est dans la question et ce, a la dernière ligne : combat, démocratie, progrès socioéconomique.

Le but ultime reste d’atteindre, par le combat, la démocratie que nous croyons être le meilleur moyen pour avoir une société de progrès pour le bénéfice de tous. Dans cette optique, parce qu’il n’a de combat sans combattants, la 1ere phase était de former une Elite dirigeante politiquement consciente, techniquement compétente et socialement responsable. Les trois vont ensemble. Tout dysfonctionnement des trois conduit à une distorsion de l’élément, la cible principale : Le Soldat de la démocratie et du progrès socioéconomique.

D’où vient la conscience politique ? D’une part de sa propre expérience et d’autre part de son choix idéologique. D’où vient la compétence technique ? D’une école qui a pour objectif de servir de cadre de transformation de l’enfant pour le préparer à répondre aux défis de sa société et de l’humanité.

D’où vient alors la responsabilité sociale ? Du choix idéologique et de la volonté de rupture ou de continuité avec sa propre expérience. En d’autres termes, il ne peut y avoir de rupture ou de contradiction entre l’engagement et son résultat pratique. Toute distorsion entre ces deux composantes est tout simplement le reniement soit de son choix idéologique, soit de sa volonté de rupture ou de continuité avec son expérience personnelle.

Ainsi, Marx pouvait, tout comme Fidel Castro ou Che Guevara, consciemment rompre avec sa propre expérience et s’engager à la défense des plus faibles. Ou alors le capitaliste vouloir la continuité de son expérience si son héritage le lui impose ou la rupture si son héritage est contraire à son engagement idéologiques. Un pauvre qui veut devenir riche en un mot devient capitaliste parce qu’il veut se séparer de son histoire.

En somme, la contradiction principale est le moteur de notre vie. Sans elle, nous nous sentons perdus parce que nous avons conscience qu’il y a une rupture entre notre être profond et le résultat de ce que nous vivons. C’est de la que nait l’ultime force qui nous conduit au sommet de notre art parce que nous voulons combler ce vide en soi. Est-ce ta situation en ce moment précis? A SUIVRE

Titulaire d’un PhD obtenu à Londres, Dr. Ahipeaud Martial est enseignant-chercheur à l’Université de Bouaké en Côte-d’Ivoire. Il est aussi le 1er secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte-d’Ivoire, la FESCI, de 1990-1993.

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