Manuella YAPI
La signature de l’accord politique marquant la création d’un parti unifié regroupant les six formations membres de la mouvance présidentielle en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, créé en 2005), a été rendue officielle le 16 avril. Mais la confusion demeure sur la méthodologie à adopter, tant les discours des responsables sont discordants à ce sujet.
S’il est mentionné dans l’accord que « les succès politiques enregistrés par le RHDP » aux élections présidentielles de « 2010 et 2015 ont convaincu ses responsables de la nécessité de transformer cette alliance, groupement de partis politiques, en un parti unifié » dénommé également « RHDP », il se trouve que la transformation évoquée est expliquée tantôt comme la fusion des partis de l’alliance en un seul parti, tantôt comme une entité au sein de laquelle chaque parti garde son identité.
« Je n’accepterai jamais la mort subite » du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), a affirmé samedi le chef de l’Etat Alassane Ouattara, président d’honneur du RDR, assurant qu’ »aucun parti membre du RHDP ne disparaîtra », lors du 4e congrès extraordinaire de sa formation politique.
Des propos qui laissent perplexe quand on sait que trois jours plus tôt, le 02 mai, l’un des vice-présidents du RDR, Adama Bictogo, expliquait longuement dans une tribune d’un quotidien ivoirien, que le parti unifié, expression de la « conjugaison (des) forces » de ses membres, requiert des « mutations ».
M.Bictogo a par ailleurs évoqué une « période transitoire » en vue de « partir de l’existence de six sections de différents partis à une seule section, partir (de) six comités de base en un seul comité de base » ou encore « de différentes directions pour arriver à une seule direction, tout en tenant compte des sensibilités des uns et des autres ».
« Dès lors que l’accord politique vient d’être signé on a plus besoin de parler de parti unifié, on est de fait RHDP unifié », avait-il poursuivi, ajoutant par la même occasion s’être « accordé » avec le Mouvement des forces d’avenir (allié) « pour ne plus qu’il s’appelle MFA (mais plutôt) RDHP ».
Un changement de dénomination ne semble toutefois pas être à l’ordre du jour au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principal allié du RDR), son leader Henri Konan Bédié exposant un point de vue beaucoup plus proche de celui du président ivoirien, quand il soutient (face à la presse le 19 avril) que l’accord n’est « pas un manifeste (et) ne signifie nullement la dissolution » de sa formation politique.
Le projet ne semble d’ailleurs pas constituer une priorité au PDCI, dont des cadres n’ont de cesse de conditionner leur adhésion au parti unifié à une alternance en leur faveur, pour la présidentielle de 2020. Ce parti reste le seul à ne pas avoir annoncé de date pour se prononcer sur l’adoption du projet.
Face à ce « contexte où le discours du RHDP est devenu gris, contradictoire et codé que l’immense majorité des Ivoiriens ne comprend pas », l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) dont le président Brahima Soro est pourtant signataire de l’accord politique, a rejeté à la surprise générale le projet à 94,87% lors d’un congrès, le 28 avril à Abidjan, réclamant plus de « clarté » et de « cohérence ».
« Le vote d’un congrès qui est par essence souverain ne s’explique pas. Nos militants ne sont pas prêts à voir disparaître leur parti », a commenté M. Soro lors d’une émission diffusée sur la toile, relevant que « le projet de parti unifié (a) vocation à terme de voir disparaître l’ensemble des partis qui rentrent dans ce processus ».
Le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) a pour sa part adopté à l’unanimité le projet fin avril et l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) devrait suivre la même voie le 12 mai à Abidjan.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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