Nathalie Yamb | LIDER | 7 février 2018
En Afrique du Sud, des faits sont en cours qui devraient intéresser les Ivoiriens à plus d’un titre. Projecteur.
La semaine passée, les partis d’opposition Economic Freedom Fighters (Eff) et Democratic Alliance (Da) demandent le report de l’adresse annuelle à la Nation du président de la République devant l’assemblée nationale (Sona) après la démission de Jacob Zuma ou la tenue d’un vote de défiance au parlement.
Le directoire (Top Six) de l’African National Congress (Anc), au pouvoir, rencontre Zuma dimanche pour lui demander de démissionner. Zuma leur fait, au sens propre du terme, un doigt d’honneur.
L’Anc saisit à son tour le parlement pour demander le report du discours de Zuma (prévu le 8 février), jusqu’à ce que son sort soit décidé en interne.
Mardi, la présidente de l’assemblée nationale, Baleka Mbete (Anc), informe Jacob Zuma que le parlement a décidé de reporter son discours, jusqu’à nouvel ordre.
Cyril Ramaphosa, nouveau président de l’Anc (élu en décembre 2017) et actuel vice-président d’Afrique du Sud, rencontre encore une fois Zuma pour le convaincre de démissionner, plutôt que de contraindre son parti à écourter son mandat de façon moins élégante.
Conformément à la constitution sud-africaine, en cas de démission de Zuma ou de décision du parlement ou de son propre parti (Anc) de lui retirer sa confiance, le vice-président (Ramaphosa) prêtera serment comme président de la République et terminera le mandat en cours jusqu’à la tenue des prochaines élections législatives en 2019. Ce sera lui qui effectuera l’adresse à la Nation. On se souvient que déjà, en 2008, l’Anc avait contraint Thabo Mbeki, alors président de la République, à démissionner avant la fin de son mandat. Il avait été remplacé à la tête de l’Etat par le vice-président Kgalema Motlanthe.
Le show down sud africain en cours et la chute prochaine annoncée de Jacob Zuma démontrent toute l’efficacité du régime parlementaire tant prôné par LIDER. Lorsque le chef de l’exécutif déraille, se caractérise par la corruption, les mensonges ou ne tient pas ses promesses, les populations insatisfaites ou spoliées ne sont pas forcées d’attendre la fin du mandat de l’impétrant ou de prendre les armes contre lui pour le sanctionner et obtenir le changement.
La démocratie parlementaire est le système institutionnel qui permet le mieux de garantir le contrôle de l’exécutif par les citoyens. Que ce soit à l’initiative de l’opposition (à travers un vote de défiance) ou de son propre parti, qui peut voir dans les dérives de l’exécutif une mise en danger de l’avenir politique de ses candidats lors des prochaines législatives, le mandat du président de la République peut être écourté, sans effusion de sang et sans que cela induise la tenue de nouvelles élections dans la foulée.
Il est donc également le moins coûteux. Il se tient une seule élection à un tour, les législatives. Le parti qui arrive premier à l’issue de ce tour unique, dont les résultats seront connus en 24 heures, désigne celui qui conduira l’exécutif (que ce soit sous l’appellation de président de République ou de premier ministre). Le parti arrivé deuxième devient automatiquement leader de l’opposition parlementaire.
Avec Mamadou Koulibaly à la tête de l’Etat en 2020, chaque semaine, le jour suivant le conseil des ministres, l’exécutif se rendra au parlement et rendra compte devant les députés (et devant les citoyens, puisque les débats seront retransmis en direct à la Rti transformée en télévision parlementaire), de la gestion et de l’avancement des dossiers, de l’usage de la dette et des fonds publics, de la pertinence des voyages et missions des membres du gouvernement, du traitement des problèmes sociétaux etc.
La renaissance de la Côte d’Ivoire passe inéluctablement par la rupture avec le système hyper présidentiel appliqué depuis 1960 et qui a été poussé à son paroxysme par Alassane Dramane Ouattara avec sa constitution en 2016, qui a vu un renforcement des pouvoirs de l’exécutif déjà omnipotent auparavant. Le régime parlementaire n’empêchera peut-être pas l’accession d’un gredin ou d’un corrompu à la tête de l’exécutif, mais sa beauté réside en son efficacité à se débarrasser d’un tel prédateur, dans l’intérêt du pays et des populations.
Le seul candidat à l’élection présidentielle à avoir inscrit la mise en place d’un tel régime parlementaire dans son projet de société est MamKoul (LIDER). On sait donc tous ce qu’il nous reste à faire en 2020, et d’ici là, il nous reste à observer avec intérêt l’inéluctable transition pacifique du pouvoir entre Jacob Zuma et Cyrille Ramaphosa, qui ne devrait pas manquer d’intervenir dans les prochains jours/semaines.
E-mailImprimer
Moi j’opterai plutôt pour un régime à l’américaine car je pense qu’il n’est pas bon qu’une des trois grandes institutions écrase les autres. Le génie des pères fondateurs des USA réside dans le fait d’avoir su garantir l’indépendance réciproque des trois grandes institutions. Ainsi, le Président de la République peut être demis de ses fonctions et traduit en justice pour crime et délit. Il peut lui être interdit par le congrès de nommer des corrompus à d’importants postes. Il n’a aucun contrôle sur la justice car les juges de la cours suprême sont nommés à vie.
La tâche historique des Ivoiriens sera de détruire ces constitutions monarchiques que nous avons depuis 1960 et d’instituer un système à l’américaine qui réduit les risques de dictature et de corruption.
Je ne pense pas que le régime parlementaire soit la solution connaissant le manque de culture de nos politiciens.