La Côte-d’Ivoire, pays béni de Dieu ?

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La nouvelle année approche à grands pas, et comme d’habitude, nous allons tous prendre de petites et grandes résolutions que nous nous efforcerons de respecter. Pendant que nous y sommes, et si nous en prenions aussi pour notre pays ? Pour le sauver. Au fait, nous arrive-t-il de le regarder ? Les Ivoiriens aiment beaucoup leur pays et ils n’ont pas tort.

Certains disent même qu’il a été béni de Dieu. Ils n’ont pas totalement tort. Jugez-en vous-mêmes. Nous sommes bordés par la mer, et nous avons au sud-est et au sud-ouest de très belles plages qui font rêver n’importe quel touriste, notre littoral est constellé de superbes lagunes. Nous avons, sur la moitié sud du pays, une magnifique forêt et dans la partie septentrionale une savane tout aussi magnifique.

On trouve dans ces forêts et savanes des espèces animales très rares pour lesquelles des touristes fortunés paieraient très cher rien que pour les voir. Nous avons ainsi des éléphants, animal que tout le monde a envie de voir au moins une fois dans sa vie, et le nom de notre pays vient d’ailleurs de l’abondance des éléphants qu’il y avait. Savez-vous que nous avons dans la forêt de Taï des espèces de chimpanzé très rares dont le comportement ressemble beaucoup à celui de l’homme et que l’on ne trouve nulle part ailleurs ?

Tout ça, c’est en fait ce que notre pays était. La belle lagune Ebrié sur laquelle des vacanciers venaient faire du ski nautique dans la baie de Cocody ? Nous l’avons laissée pourrir tranquillement. Et c’est lorsque la baie de Cocody a failli se fermer totalement pour devenir un champ de bananiers que nous sommes allés chercher des Marocains pour la rendre à nouveau praticable.

Pendant ce temps que faisons-nous des autres lagunes ? Allez voir celle de Bingerville, du côté du quartier Gbagba et vous comprendrez. On y déverse toutes les eaux usées de Bingerville, on a installé sur ses pourtours des porcheries, elle est totalement polluée et elle est en train de mourir. Lorsqu’elle sera totalement inutilisable et invivable pour ses riverains, nous irons chercher à nouveau des Marocains, ou des martiens cette fois-ci, pour venir nous la rendre à nouveau propre.

Le plus simple n’est-il pas d’éviter de la salir ? Notre décharge se trouve à Akouédo, laquelle cité est aujourd’hui en plein milieu de la ville. Nous sommes les seuls au monde à avoir une décharge en plein milieu de la plus grande ville du pays où vivent des millions de personnes et à ne pas savoir comment s’en débarrasser. Toutes ces ordures vont bientôt se déverser dans la lagune.

Comment font les autres pays pour ne pas avoir des montagnes d’ordures à ne pas savoir quoi en faire ? Les techniques existent pour les détruire et même à en tirer profit, mais apparemment, certains chez nous trouvent un intérêt à ce que les choses restent en l’état, sans se soucier de la santé des millions de personnes. Et nous autres habitants de cette ville, puisque visiblement le milieu dans lequel nous nous sentons le mieux est celui des ordures, nous ne trouvons rien à dire.

Prenez n’importe lequel des quartiers d’Abidjan, n’importe laquelle de nos villes. La première chose qu’un visiteur remarque, ce sont les ordures jetées et abandonnées dans les rues. Et les cochons que nous sommes devenus ne les remarquent même plus, ne les sentent plus. Yamoussoukro, la ville du « père fondateur » qui est notre capitale officielle, est elle aussi envahie par les ordures ; les beaux lacs qui y avaient été créés sont abandonnés et en train de mourir. Est-ce que ce peuple est sérieux ?

Qu’avons-nous fait de notre forêt ? Nous l’avons consciencieusement détruite, les espèces animales qui y vivaient y comprises. L’année dernière, à cette même époque, je suis allé avec ma famille dans le parc de la Comoé qui est l’un des plus grands d’Afrique de l’Ouest. Nous n’y avons rencontré aucun animal, en dehors de quelques petits singes et une antilope aperçue de très loin. Au sud, les forêts classées et parcs sont tous occupés par des planteurs de cacao.

Sous Laurent Gbagbo, on avait même failli détruire la forêt du Banco, l’une des plus belles forêts de ce continent et qui permet aux habitants d’Abidjan de respirer un air pas trop pollué. Le sud-ouest de notre pays, là où se trouvent nos plus belles plages qui, dans un passé pas très lointain, attiraient des touristes a complètement été abandonné. Il n’y a plus de route pour s’y rendre.

Et une très belle ville comme Sassandra est devenue n’importe quoi. Et on parle de développement du tourisme dans ce pays ! Est-ce que nous sommes sérieux ? Nous voulons qu’un touriste vienne ici pour regarder quoi ? Nos ordures ? Nos lagunes pourries ? Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard.

Nous sommes en train de tuer notre pays. Dieu a peut-être béni la Côte d’Ivoire. Mais nous sommes, nous, Ivoiriens, certainement en train de la maudire.

Venance Konan

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4 réflexions au sujet de “La Côte-d’Ivoire, pays béni de Dieu ?”

  1. merci monsieur konan
    un bon journaliste doit pointer du doigt ce qui n’est pas
    bien. et ici, tu touche un sujet sensible.
    la promotion du tourisme en Côte-d’Ivoire !
    il ne manque en effet que ses trois maux.
    les ordures et les voies praticables et des sources de visites
    (parcs, forêts classées, plages etc etc…)
    que faire?
    s’inspirer des pays comme la Chine, le Brésil etc..
    là-bas, il a fallu traquer et punir les récalcitrants.
    il faut agir dans ce sens.

  2. « Sous Laurent Gbagbo, on avait même failli détruire la forêt du Banco, l’une des plus belles forêts de ce continent et qui permet aux habitants d’Abidjan de respirer un air pas trop pollué.”

    Est-ce-que bété crasseux et sale, même dans son trou de rat, a une quelconque considération pour la salubrité et l’environnement. Voyons ! Faut pas être surpris de ce constat. Il a même fait pire. Ces abominables de la refondation n’ont-ils pas accepté les déchets radioactifs des blancs ? Précisons que TOUS les pays contactés par cette compagnie ont refusé clair et net. Seul le pouvoir de gbagba pour de l’argent a accepté. Cela résume la mentalité abominable de cette clique dirige par ce bâtard ignare de gbagba : 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite…Je vous laisse terminer…

    Et dire que ce sont ces microbes qui viennent donner des leçons aujourd’hui…Rions encore…

  3. Ce pays n’est certainement pas béni avec la mentalité pourrie de ces citoyens. Vous voulez qu’on aille où dans un pays où personne ne respecte les règles. Chacun décrète a son niveau personnel que les règles lorsqu’elles deviennent contraignantes ne s’appliquent pas à lui.

    J’ai lu sur ce même site que la police allait être plus vigilante sur les infractions et autres incivilités routières et pourtant hier j’étais dans la circulation quand un agent de police a demandé à un monsieur dont le téléphone était vissé sur sa joue de se garer sur l’accotement. Le monsieur a sorti sa carte professionnelle pour la montrer à l’agent et devinez quoi….le monsieur en question est lui même policier (très certainement plus gradé vu le salut énergique auquel il a eu droit de la part de l’agent)
    Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mais dites moi où est ce que vous voulez qu’on aille avec ça?

  4. « Sous Laurent Gbagbo, on avait même failli détruire la forêt du Banco ».
    Journaliste aux ordres, est-il (sera t-il) possible un jour à Venance Konan d’écrire un article n’incriminant pas la tête de Turc favorite du régime ? Bien sûr que non : la haine continue contre l’ancien régime commande à ce « journaliste » une petite claque, un coup de coude et un croc-en-jambe à Gbagbo, qui lui vaudra une récompense, des félicitations un beau nonosse à ronger. Et je ris de lire « on avait même failli détruire ». Qui est ce pronom imbécile « ON » ? Il ne le dira pas, puisqu’il satisfait à la légende urbaine sur ce brouteur qui aurait vendu ladite forêt à des investisseurs arabes qui envisageaient un projet immobilier, emmenant avec eux graders, excavateurs et autres engins avant d’être stoppés par les Autorités. Alors, c’est qui est ce fameux « on » ?

    Heureusement qu’il s’agit de « on » et que « on » a seulement « FAILLI DÉTRUIRE » sans y parvenir. Le journaliste aux ordres focalisera sur la tentative et feindra d’ignorer le fait accompli, ici sous nos yeux : où est donc passée la ceinture végétale constituée pour permettre la vie et la respiration dans une ville, la deuxième du pays, censée accueillir jusqu’à 2 millions d’âmes, j’ai nommé Bouaké ? Venance ne sait-il donc pas que la forêt de tecks de Bouaké a été méthodiquement et systématique détruite, récoltée par la rébellion dans un très juteux commerce d’essences avec le Burkina Faso ? Mais chut ! il est interdit d’en parler vu que le coupable (cela serait difficile autrement) n’est pas Gbagbo. Donc, parlons plutôt de la forêt du Banco qui « a failli être détruite » et oublions celle de Bouaké qui l’a été.

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