«Paradise Papers»: La reine Elisabeth II, l’entourage de Trump et de Trudeau…épinglés pour évasion fiscale

Dix-huit mois après les « Panama Papers », une nouvelle enquête internationale mobilisant 96 médias, dont « Le Monde », lève une partie du voile sur les coulisses de la finance offshore.

LE MONDE

C’est un nouveau coup de projecteur sur l’opacité de la finance mondiale. Les 13,5 millions de documents étudiés pendant un an par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses 96 médias partenaires, dont Le Monde, révèlent notamment les structures complexes utilisées par la Couronne britannique et par l’entourage de chefs d’Etat, comme celui de Donald Trump, aux Etats-Unis, et de Justin Trudeau, au Canada.

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Pour la première fois, des documents prouvent que la reine d’Angleterre, Elisabeth II, a détenu — et détient encore — des intérêts dans plusieurs fonds d’investissement dans des paradis fiscaux. L’une des plus grandes fortunes du monde, via le duché de Lancastre, a notamment effectué un investissement de 7,5 millions de livres (8,4 millions d’euros) en 2005 dans le Dover Street VI Cayman Fund LP, une structure des îles Caïmans, qui est allée nourrir un autre fonds américain, qui a lui-même investi dans des sociétés de capital-risque du monde entier. Le directeur financier du duché de Lancastre a assuré n’en avoir dégagé aucun avantage fiscal.
Egalement gênant pour la Couronne britannique : la participation du même duché de Lancastre dans la controversée société BrightHouse, une chaîne de 270 magasins britanniques d’électroménager, accusée d’exploiter des milliers de familles pauvres et de personnes vulnérables. L’entreprise, qui a toujours nié ces accusations, s’est aussi distinguée pour avoir minimisé le montant de ses impôts en accordant un prêt important à une holding luxembourgeoise. La Couronne assure ne pas être au courant de cette participation, réalisée au travers d’un fonds d’investissement — illustrant l’opacité du fonctionnement de ces structures. Quoi qu’il en soit, ces révélations ne peuvent que relancer le débat sur le devoir de transparence de la famille royale.

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« Paradise papers », dans l’enfer de l’évasion fiscale (L’Humanité)

Dix-huit mois après la révélation des « Panama papers », l’ICIJ (Consortium international des journalistes d’investigation), par le biais de 96 médias répartis dans 67 pays (en France, Le Monde, Radio France et France Télévisions), a lancé à 19 heures un nouveau pavé dans le marigot de la finance. Les « Paradise papers » dévoilent plusieurs affaires d’optimisation fiscale, la première vague, nous promet l’ICIJ, d’une série qui devrait s’égrener tout au long de la semaine au moins. Ce sont « des milliers de milliards de dollars qui échappent toujours aux fiscalités des Etats et aux autorités de régulation », rappelle Le Monde.

L’enquête a commencé il y a un an, dans un journal allemand, le Süddeutsche Zeitung, qui a reçu par des informateurs anonymes « plus de 13 millions de documents », expliquait dimanche soir sur France Info Jacques Monin, le chef de la cellule d’investigation de Radio France. Ils viennent « du cabinet conseil Appleby», une des « Rolls-Royce de la finance offshore », selon Le Monde, qui travaille dans les îles Caïman, les Bermudes, les îles Maurice, et « un autre cabinet de Singapour ». Et contrairement aux « Panama papers », qui selon Jacques Monin « laissaient penser » que les paradis fiscaux étaient « une anomalie », ici la preuve serait faite que « de nombreux groupes et personnalités y transfèrent leur argent en toute légalité ». « Cette nouvelle enquête concerne moins le blanchiment d’argent sale, issu de la fraude fiscale et d’autres activités illicites (trafics d’armes, de drogue…), que des schémas légaux montés par des bataillons d’experts en optimisation fiscale », écrivait le moindre dimanche soir. « L’argent, ici, a le plus souvent été soustrait à l’impôt de façon légale ou aux frontières de la légalité, grâce aux failles du système fiscal international. » Placer son argent à La Barbade, à l’île de Man ou à Jersey, « rien d’illégal » assurent les groupes et personnalités visés. Et c’est bien là le problème…

Les premiers noms viennent d’outre-Atlantique ou d’outre-Manche: Wilbur Ross, secrétaire d’Etat au Commerce du président des Etats-Unis Donald Trump, qui aurait placé de l’argent d’affaires réalisées avec des partenaires russes; Steven Bronfman, proche du premier ministre canadien Justin Trudeau; ou la reine d’Angleterre… De grands groupes multinationaux, comme Nike ou Apple, sont aussi cités dans les documents. Pour l’instant, aucun Français n’est cité, mais les médias associés à l’ICIJ laissent entendre qu’après les États-uniens, les Anglais ou les Russes, les pratiques de nos compatriotes, qui n’étaient pas en reste dans les « Panama papers », pourraient être dévoilées.

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