La chambre de première instance de la Cour Pénale Internationale (CPI), dans une décision publiée ce 25 septembre 2017 refuse une énième fois la liberté provisoire au président Gbagbo.
Les raisons évoquées sont les mêmes que les fois précédentes et appellent quelques analyses.
Sur la présence de puissants réseaux de soutien au président Gbagbo, je note qu’ à aucun moment, les juges ne définissent clairement ce qu’ils entendent par réseaux. Il me semble évident que le président Gbagbo, qui a, des années durant parcouru la Côte d’Ivoire pour faire connaitre sa vision de notre pays puisse avoir encore des partisans qui se revendiquent de lui. D’ailleurs, nous ne nous en cachons pas. Nous organisons des manifestations à la Haye, initions des pétitions et des rencontres diplomatiques pour faire connaitre sa situation. Mais jamais nous ne nous engagerons dans une voie qui tend à violer la loi pour le soustraire à la justice une fois en liberté. Le président Gbagbo qui tient à ce que toute la lumière se fasse sur la crise que nous avons connue s’y opposerait d’ailleurs.
Avant d’être transféré à la CPI, le président Gbagbo a été détenu à Korhogo, c’est-à-dire en Côte d’Ivoire. Mais jamais, ses partisans n’ont entrepris le moindre acte illégal pour le faire libérer. Pourquoi le feraient-ils aujourd’hui où le monde entier suit le procès à La Haye et où la faiblesse des charges retenues contre lui commence à transparaitre ?
L’autre argument avancé est que le président est toujours présent dans le débat politique en Côte d’ivoire et que certains de ses partisans annoncent sa candidature à l’élection présidentielle de 2020. Cet argument vient lui aussi confirmer le fait que la CPI se maintient plus dans un rôle politique que dans celui d’une instance de justice. Devons-nous comprendre que le but de sa détention est de l’éloigner de l’arène politique ivoirienne ?
Par ailleurs, en quoi est-ce que cela est de la responsabilité du président Gbagbo si des personnes se mobilisent pour lui et si de hautes personnalités politiques ivoiriennes et souvent même ses opposants demandent à le voir et font le déplacement à la prison de Scheveningen ? De quels moyens dispose-t-il pour faire arrêter les mobilisations en sa faveur ?
Bien au contraire, les différentes mobilisations mais aussi la fréquence et la qualité des visiteurs du président Gbagbo devraient faire prendre conscience à la Cour et à l’opinion internationale que sa libération, même provisoire contribuerait à apaiser le climat socio-politique en Côte d’Ivoire en vue de faciliter la réconciliation nationale tant attendue par notre peuple.
Comment, pour finir, ne pas évoquer les aspects liés à la détention du président Gbagbo ? Le droit en l’espèce veut que la détention soit l’exception et la liberté la norme mais le président est détenu depuis avril 2011 alors qu’il n’est pas condamné. Que se passera-t-il quand il sera reconnu innocent à l’issue du procès ? Comment la CPI et la communauté internationale compte-t-ils lui rendre toutes les années qu’il aura passé derrière les barreaux injustement ?
En tout état de cause, j’estime que cette décision, comme toutes les autres auparavant revêt un caractère purement politique qui tend à priver le président Gbagbo de sa liberté afin de l’éloigner de la politique ivoirienne. C’est pourquoi, en ce moment où la CPI cache plus sa mission, il appartient au peuple de Côte d’Ivoire de maintenir sa mobilisation pacifique et légale en faveur d’une justice plus libre et équitable. C’est de notre abnégation et de notre courage que viendra la libération que nous appelons de tous nos vœux. Non pas pour se venger ou pour plonger le pays dans la violence comme veulent le faire croire certains mais pour donner un coup d’accélérateur à la réconciliation et la paix dans notre pays.
Les ivoiriens ont besoin de paix, les ivoiriens ont besoin de se retrouver et il ne faut pas que la CPI constitue un obstacle à cette volonté manifeste du peuple.
PSK
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