L’insubmersible empire des Libanais de Côte-d’Ivoire: Big business, communautarisme, circuit fermé…

blank
Visite du President Michel-Sleman Liban a Abidjan

Par Julien Clémençon Jeune-Afrique

En un siècle, malgré les crises, ils ont bâti un empire. Les Libanais possèdent les plus grosses entreprises ivoiriennes et pèseraient 8 % du PIB national. Enquête sur cette communauté aussi discrète qu’omniprésente, nourrissant tous les fantasmes.

Le maire Aby Raoul sait ce que sa commune doit aux Libanais. Véritables barons de l’économie ivoirienne, ils sont nombreux à s’être installés à Marcory, où ils possèdent les plus grandes entreprises. Fin 2017, l’édile leur offrira à son tour un cadeau hautement symbolique en inaugurant une rue de Beyrouth.

Le projet, porté par Joseph Khoury, président de la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (CCILCI), sera l’occasion de célébrer en grande pompe l’attachement infini que ces immigrés vouent à leur terre d’origine. Le jour J, ils seront réunis en masse, affichant, une fois n’est pas coutume, leur puissance.

Comme en 2013, lorsqu’ils avaient organisé un grand meeting en l’honneur du président libanais, Michel Sleiman, à l’occasion de sa visite en Côte d’Ivoire. Une première en Afrique depuis l’indépendance du pays du Cèdre, en 1943.
Partenaires

En attendant, les hommes d’affaires ivoiro-libanais continuent de tisser des liens entre leurs deux patries. Mi-juin, deux banques libanaises, Fransabank et Banque Misr-Liban, sont venues à l’invitation de la CCILCI faire la promotion de leurs bureaux de représentation à Abidjan.

Dans les repas d’affaires, dans la rue, la présence de ces lointains descendants des Phéniciens alimente les conversations. Mais, au plus haut sommet de l’État, personne ne parle jamais ouvertement d’eux. En Côte d’Ivoire, les Libanais sont à la fois l’objet d’un tabou et d’une attention permanente. Tout autant révérés, appréciés, que craints et voués aux gémonies à la moindre occasion.

À la fin de la crise postélectorale, en 2011, les ressortissants de ce petit pays montagneux du Proche-Orient détenaient selon leurs dires 40 % de l’économie nationale

Estimée à plus de 80 000 individus, dont 90 % résidant à Abidjan et la plupart possédant la nationalité ivoirienne, cette diaspora libanaise – la plus importante d’Afrique – fonctionne en circuit fermé dans les affaires, élit chaque année sa Miss, évite généralement les mariages mixtes et ne se soigne que dans ses propres cliniques. De quoi alimenter la machine à fantasmes.

Poursuivez la lecture sur le site de Jeune-afrique

blank
Les libanais de Côte d’Ivoire sont majoritairement propriétaires des plus grosses entreprises du pays. Selon certaines sources, ceux-ci fonctionnent en circuit fermé dans les affaires. La communauté libanaise de Côte d’Ivoire a une Miss (symboliquement la plus belle). En général, la communauté évite les mariages mixtes. Les libanais ivoiriens ont leurs mosquées, écoles, cliniques, tous fréquentés par leurs proches. En outre, les libanais de Côte d’Ivoire ont largement investi dans l’immobilier. D’après la CCILCI, les Libanais posséderaient entre 50 % et 60 % de la valeur du parc immobilier de la capitale économique, à Marcory, parfois appelée « little Beyrouth ». Les communes de Treichville, Yopougon et Adjamé ne sont pas épargnées. Ce sont les Rois dans les secteurs de la grande distribution en Côte d’Ivoire. Ils y sont absolument incontournables, car ils possèdent des entreprises telles que,(Prima Center, CDCI, Prosuma), de la distribution automobile (Rimco, Kia), de l’ameublement et de l’équipement (Orca, Galeries Peyrissac, Nasco), de l’outillage et des matériaux de construction (Bernabé, Technibat), de l’agroalimentaire (TOG, Sipro-Chim, Carré d’Or, Yoplait, Pepsi), du commerce du cacao (Safco, S3C) et du bois, mais aussi dans la petite et moyenne industrie (Sotici, Sotaci, Cotiplast, Aciéries de Côte d’Ivoire). (capitalafrique.com)

Commentaires Facebook

3 réflexions au sujet de “L’insubmersible empire des Libanais de Côte-d’Ivoire: Big business, communautarisme, circuit fermé…”

  1. Par principe, je n’ai absolument rien à soutenir contre une communauté qui investit, s’investit pour créer de la richesse. La seule chose que je déplore néanmoins ce sont les abus du code du travail dans l’embauche (et la maltraitance) de nos compatriotes qu’ils emploient dans leurs businesses. Des bas salaires, aux abus sans oublier leurs non-déclarations de ces derniers et dernières. Ils se croient tout permis. En clair de l’exploitation sous nos yeux et dans notre pays. Mais, le respect de cette déontologie doit être forcé ou appliqué par le gouvernement. En clair, c’est notre faute à nous. Que les lois soient respectées et appliquées dans ce domaine !

    A part cela, on encourage les bosseurs d’où qu’ils ou elles viennent !

  2. « Mais, le respect de cette déontologie doit être forcé ou appliqué par le gouvernement. En clair, c’est notre faute à nous. Que les lois soient respectées et appliquées dans ce domaine !
    A part cela, on encourage les bosseurs d’où qu’ils ou elles viennent ! »
    Je  » daccorise » avec ça comme on le dit à la gare de GBAKA.
    Comme ici et ailleurs le marché noir du travail existe mais c’est la capacité des dirigeants et même des ONG ( cas de l’Italie de l’Espagne par rapport aux migrants) de réduire ce phénomène à sa plus brève expression.

    À chacun sa lorgnette !!!

  3. Au frère @quoi

    Je suis d’accord que le marché noir est passé par là, mais je crois que pour un phénomène qui est si prévalent pour une communauté qui pèse autant dans l’économie d’un pays, on est bien au-delà du marché noir, c’est systémique. Par ailleurs, ils ne font pas ainsi avec leurs concitoyens ivoiro-libanais, mais (essentiellement) avec leurs concitoyens ivoiriens noirs. Et même dans les autres pays de la sous-région, cas de figure pareil.

Les commentaires sont fermés.