La justice en Côte-d’Ivoire joue à nouveau sa crédibilité dans l’affaire de la cache d’armes de guerre à Bouaké

Saura-t-on un jour la vérité sur l’affaire, cache d’armes de guerre découvertes à Bouaké ? La question mérite d’être posée, au regard des personnalités qui y sont impliquées et du contexte sociopolitique dans lequel se trouve la Côte d’Ivoire actuellement. En tout cas, pour l’heure, Adou Richard Christophe, du nom du Procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, rassure que les résultats de l’enquête vont aboutir. En effet, communiquant publiquement sur l’évolution judiciaire de cette affaire, le 21 juin dernier à Abidjan, au cours d’une rencontre avec la presse, il a indiqué que l’enquête était au stade préliminaire, avec déjà 15 auditions de sept personnes dont des officiers militaires, en plus du chef de protocole du président du parlement ivoirien, Koné Karamaté Souleymane alias Soul to Soul, chez qui les armes étaient dissimulées à Bouaké. Pour mieux corroborer l’hypothèse d’une enquête qui bouge, le Procureur a révélé la disparition dans la nature d’une partie des armes qui avaient été découvertes. Il rassure à ce propos que la justice s’efforce non seulement de les retrouver, mais aussi qu’elle est sur les traces d’autres caches d’armes sur le territoire ivoirien. Si cette sortie du Procureur Adou Richard a de quoi rassurer les Ivoiriens, l’on peut tout de même se poser des questions sur la sérénité de la justice, eu égard aux différentes implications dans cette affaire. En effet, aux lendemains de la découverte de cette cache d’armes dans la nuit du 11 au 12 mai 2017 à Bouaké par des mutins, le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, avait d’abord gardé un certain mutisme avant de sortir de sa réserve alors que les rumeurs les plus folles ne cessaient d’enfler. Comme pour voler au secours de son proche collaborateur Soul to Soul, le principal présumé suspect pour le moment, Soro, tout en lui recommandant de se mettre à la disposition des enquêteurs, avait, à demi-mot, évoqué sa  »responsabilité », allant même jusqu’à laisser entendre qu’il avait parlé de cette cache d’armes au chef de l’Etat, Alassane Ouattara.

La justice ivoirienne a l’obligation de « faire éclater la vérité »

Cet épisode n’est peut-être pas assez  »têtu » pour être une des pièces maîtresses de l’enquête, mais le fait que le nom d’une personnalité comme Guillaume Soro revient dans cette affaire de cache d’armes, l’on peut dire que celle-ci risque de glisser vers le terrain politique. Et lorsque l’ancien président, Henri Konan Bédié, dit tout de go que le chef du perchoir ivoirien est son protégé, il y a de quoi renforcer la conviction de ceux qui pensent que cette enquête ouverte n’ira nulle part. Si tant est que c’est le dossier qui guide le juge, il ne sera pas trop surprenant de voir la procédure judiciaire embarquée par une histoire de « secret défense » qui va classer l’affaire sans suite. Mais on n’en est pas encore là. Le Procureur se dit confiant, même si on est encore au stade des enquêtes préliminaires, sans aucune arrestation. En tout cas, dans cette affaire, la justice ivoirienne joue sa crédibilité. C’est vrai que compte tenu du caractère hautement sensible de cette affaire, elle sera amenée à marcher sur des oufs, mais elle a l’obligation de « faire éclater la vérité », comme promis par le Procureur Adou Richard.

Drissa TRAORE
Lebanco.net

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1 réflexion au sujet de « La justice en Côte-d’Ivoire joue à nouveau sa crédibilité dans l’affaire de la cache d’armes de guerre à Bouaké »

  1. Oui, la « justice ivoirienne » a toutes les obligations, dont -accessoirement- celle de faire éclater la vérité. On l’aura vu se retrousser les manches pour lier des faits disparates et sans rapport pour obtenir des verdicts ridicules contre Dogbo Blé, déterminer en dépit des textes et de la réalité représentative, qui est président du FPI. Et plus récemment encore, livrer son verdict sur une affaire de chefferie traditionnelle, là où le trône à Sakassou pourrait trancher en 1 semaine maxi. N’oublions pas dame Meyo, ménagère de son Etat, qui a goûté aux « joies » du goulag pour atteinte à la sureté de l’Etat. Certainement qu’elle préparait des bombes de très forte capacité destructive à base de piments, d’oignons et de tomates, sans rire.

    Mais là, la justice s’attaque à un gros morceau : SoulToSoul, homme de main du VRAI président de la Côte d’Ivoire, j’ai nommé Soro Guillaume, tapis dans l’ombre avec son arsenal personnel de 300 tonnes d’armes de guerre (c’est les enquêteurs de l’ONU qui avaient levé le lièvre), dont 1/100è surgi opportunément de sous le lit de Ma Dalton a suffi a tourner en déconfiture l’ambition d’aller mâter héroïquement du mutin de Bouaké. Alors le Procureur peut faire ses effets de manches devant les média à Abidjan. SoulToSoul boit du petit lait, fortifié dans la conviction que la justice, et beh son cher patron lui pisse à la raie.

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