Côte-d’Ivoire: 56 ans après, le Lycée Mermoz va enfin adapter ses cours d’histoire-géo au contexte ivoirien

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Le programme en histoire-géographie du lycée international Jean Mermoz d’Abidjan sera adapté au contexte ivoirien. Le document relatif à ce changement a été officiellement remis à la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Kandia Camara.

Jean-François Rousset, proviseur du Lycée Jean Mermoz, explique ce projet. «Il consiste à adapter le programme français au contexte ivoirien, voire africain. Une équipe de professeurs du lycée et de professeurs du primaire a travaillé sous la direction du Pr Christian Bouquet. Ce qui a permis de rédiger un document synthétique de thématiques précises ». Toute chose que la ministre apprécie.

« A l’occasion de la réouverture de cet établissement (après la crise qu’a connue le pays), il a été convenu que le cursus du nouvel établissement respecterait, à tous les niveaux de la scolarité, un programme d’enseignement de l’histoire à la géographie », a-t-elle indiqué.

Avant d’ajouter que ce projet s’enracine dans la volonté de tenir compte de l’implantation depuis longtemps du lycée Mermoz en Côte d’Ivoire grâce à la volonté de son premier Président, Félix Houphouët-Boigny. Il répond aussi au souci de tirer le meilleur parti de la forte proportion d’élèves de nationalité ivoirienne ayant l’opportunité d’échanger avec leurs camarades de diverses nationalités.

« Sur 2000 élèves que compte le lycée Mermoz, 30% sont de nationalité ivoirienne, issus pour la plupart de familles mixtes. Il est donc impossible, dès lors, de concevoir leur éducation sur un modèle qui ne serait pas adapté à une telle situation. Adapter donc les programmes est une chance d’enrichir le dialogue entre nos deux cultures et nos peuples, d’une part, et de promouvoir la compréhension mutuelle, la culture et la solidarité, d’autre part », a affirmé Kandia Camara.

« Ce projet d’adaptation des programmes d’histoire et géographie raisonnés et pertinents qui vient d’être proposé, après avoir été soumis au ministère français de l’Éducation nationale, s’inscrit dans ce cadre. Il a l’avantage de prendre en compte les réalités nationales et africaines et nos relations avec la France, l’Europe et le reste du monde dans le réseau des établissements français implantés en Afrique de l’Ouest », dira-t-elle.

Pour Kandia Camara, c’est ainsi qu’on parviendra à façonner l’image d’une Côte d’Ivoire résolument engagée sur le chemin de l’émergence. Signalons, par ailleurs, qu’un concours baptisé « C’est ton droit » a réuni plusieurs établissements d’Abidjan autour du thème « L’accès à une école pour tous ». Un concours qui met en relief la solidarité et la coopération entre Français et Ivoiriens.

Eugène YAO
Fraternité Matin

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3 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: 56 ans après, le Lycée Mermoz va enfin adapter ses cours d’histoire-géo au contexte ivoirien”

  1. Ah, mes compatriotes Africains ! Allez voir pour nous dire combien de lycées français ou américains ou allemands font uniquement des programmes d’histoire-géo TYPIQUEMENT/MAJORITAIREMENT africains dans leur pays. Et cela pendant 56 ans. Allez voir !

    Vraiment !!?!?!?

  2. La problématique demeure et on se trompe de combat !!

    Ces lycées et collèges sont constitués à plus de 70% d’enfants de diplomates, expatriés et d’autres coopérants, qui une fois leur travail abattu, rentrent majoritairement dans leur pays d’origine (France, USA, Allemagne, etc.)

    L’intégration d’enfants locaux, fortement minoritaires dans les établissements, est assez récente et jamais le programme n’aura été orienté par rapport aux besoins de ceux-ci.

    Alors oui, la grande question est bien celle-ci :

    Que ferait un fils de diplomate français, qui rentrerait après son service en France, de connaissances relatives à la géographie ou à histoire de Cote d’ivoire ou de l’Afrique ??

    Et par extension, que ferait un ivoirien inscrit dans une école française de connaissances sur la république française, la géographie et l’histoire de la France, s’il ne compte pas s’y rendre un jour prochain ??

    Comme toujours, seule la majorité définit ce qui se fait ou se décide. Introduire un peu de sel ivoirien dans le programme des écoles françaises ?? Oui, pourquoi pas ?? Mais tant que ce sont des français qui y sont inscrits en majorité, cela ne se fera pas au delà de l’acceptable, et avec raison !!

    Que les ivoiriens militent pour la création d’écoles performantes purement ivoiriennes, et qu’ils n’espèrent pas que les écoles françaises, américaines ou allemandes se transforment en pole d’échange interculturel !!

    Ces établissements n’ont jamais été créés dans ce but !!

    Par contre, il serait souhaitable, parallélisme des formes oblige, que des écoles ivoiriennes voient le jour en France, à l’endroit d’enfants de diplomates ou d’expatriés ivoiriens, qui comptent revenir un jour dans leur pays, en sachant chanter l’abidjanaise et en connaissant le nom de grands fleuves du pays (le modèle serait les écoles coraniques que l’on voit par exemple à paris, où on enseigne l’arabe entre autre) !!

    Mais voilà, l’état français n’en veut implicitement pas (les critères d’établissement imposées par le gouvernement sont draconiens) !!

    Allez chercher pourquoi !!

    Ne nous trompons donc pas de combat.

    Laissons les écoles françaises imposer le programme qu’elles veulent et luttons pour que des écoles africaines voient le jour en France !!

    Épilogue !!

  3. Analyse pertinente, je dois l’avouer, et je la comprends tout à fait. Elle repose pour beaucoup sur le fait que le retour dans leur pays d’origine ne justifierait pas un curriculum avec contenu local. Ce raisonnement est malheureusement correct car nous sommes des pays pauvres qui nous-mêmes, à plus d’un titre, avons écrit des livres d’histoire qui glorifient beaucoup plus ou à égalité l’ouest comparativement à nos propres hauts faits et héros. Même nos livres romantisaient ou saupoudraient l’esclavage pour ne pas “offenser” le blanc qui l’imprimait. Par ailleurs, dans aucun livre d’histoire a-t-on entendu parler de « tirailleurs » français. Tous les « tirailleurs », terme péjoratif, sont Sénégalais ou Africains noirs, n’est-pas ? Pas une simple coïncidence. Quand les obus, et les Panzer, allemands créaient les tremblements de terre TOUT LE MONDE devenaient tirailleurs. Simple.

    Où voudrais-je en venir ? L’argument du retour pourrait être nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour justifier un tel statu quo pendant près de 6 décennies. Changeons un tout petit peu les rôles pour mieux comprendre. Les écoles françaises dans les autres pays développés ont un contenu local quitte à les présenter en français, ce qui ne constituerait pas un problème chez nous car étant francophones. Voilà la réalité. La problématique posée reste valide seulement parce que nous et notre histoire sont regardés de bas.

    Pour ma part, je pense que ce sont nos dirigeants qui ont manqué de fermeté sur ce volet. Et puis, cet enfant de diplomate une fois rentrée ne pourra jamais conjurer le fait qu’il ait étudié sur le continent où son père était stationné. Les enfants de centaines de milliers de soldats américains basés à Okinawa au fil des près de 8 décennies passés par les USA dans ce pays sont toujours FIERS de dire qu’ils connaissent l’histoire, la culture, et peuvent écrire et articuler des mots/phrases en japonais. Pourquoi pas des enfants de diplomates français pour dire avec FIERTE cela et manipuler quelques phrases Bété, Dioula, Agni, Baoulé, ou Gouro… Pourquoi pas ?

    A mon sens, voilà la vraie problématique. Donc, n’encourageons le rabais de nos atouts géo-historiques sur l’autel du retour au pays natal de certains diplomates. Non !

    En vérité, en vérité, le monde se fout pas mal, à tort ou à raison de notre histoire. Le monde a versé 100 fois plus de larmes pour l’holocauste que pour l’esclavage. C’est un fait. Hélas !

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