Pluies diluviennes en Côte-d’Ivoire: Des sinistrés de la Riviera, partagés entre le départ et la résignation (REPORTAGE)

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Manuella YAPI

Depuis les pluies diluviennes qui ont inondé mercredi et jeudi des quartiers d’Abidjan, causant des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels, les habitants, notamment ceux de la Riviera, dans la commune de Cocody (est d’Abidjan), retiennent leur souffle dès qu’une averse s’annonce.

Au quartier Bonoumin où des habitations encore inondées ont été désertées, Djénéba et sa famille regagnent leur logis sous une fine pluie, après trois jours d’absence: “on a pris quelques affaires et on s’est sauvés quand la pluie est entrée dans nos chambres”, explique cette lessiveuse d’une trentaine d’années, mère de trois enfants en bas âge.

Sur le terrain clôturé abritant six cabanes dont celle de Djénéba, les traces de l’inondation sont encore visibles: des planches de bois servant de mur aux logis légèrement mouillées à une hauteur d’environ un mètre, des pneus et ordures de tout genre jonchent ce qui semble être l’arrière-cour et se fondent dans le décor avec du plastique noir, des meubles usés et des vêtements sur des cordes à linge.

“S’il faut partir, on va partir. Mais nous avons besoin d’aide”, dit-elle, son fils de moins d’un an dans les bras, demandant aux autorités de traiter le caniveau qui jouxte l’arrière de son habitation: “c’est parce qu’il est bouché que l’eau entre chez nous avec les déchets”.

Responsable d’un garage situé dans un bas-fond, devenu un terrain vague boueux avec une sorte de ruisseau où coulent les eaux à flots, Edmond Kra ne compte pas attendre une quelconque aide et est bien décidé à quitter les lieux, après avoir vu la douzaine de véhicules stationnées dans son établissement, totalement endommagée par l’inondation.

“Maintenant que le niveau de l’eau a baissé, nous sommes en train de faire sortir les voitures pour quitter les lieux. On va sur un autre site, vers le CHU d’Angré (dans la même commune)”, dit-il, l’air déçu. A la question de savoir s’il compte revenir une fois la saison des pluies passée, la réponse est sèche:”non. C’est fini, on ne peut pas toujours rester à avoir les mêmes problèmes”.

Il faudra une vingtaine de minutes à cinq mécaniciens, les bottes aux pieds, pour dégager sur un peu plus de 5 m un véhicule embourbé, avant qu’une remorque ne prenne le relais sur un sol moins glissant.

Mamadou Baldé, un tapissier et gérant de cabine téléphonique, n’en est pas à son premier sinistre mais se résigne à rester: “ma maison a été inondée comme en 2014, j’ai presque tout perdu, matelas, habits, portables, etc”, explique, le regard vide, ce jeune homme d’environ 25 ans qui dit ne pas avoir “d’autre endroit où partir”, faute de moyens financiers.

A moins de 10 mètres de la cabine téléphonique de Mamadou, à la cité Mel, Martial essaie tant bien que mal de reprendre ses activités, sans se soucier de la pluie qui s’abat sur lui.

Trois bassines dont une posée sur deux briques, deux bidons d’eau d’environs dix litres, un banc et une brosse à laver, c’est tout ce qui reste de son pressing après l’effondrement d’un pan de la clôture de cette cité sur sa baraque.

Faute d’alternative, comme Mamadou Baldé, Martial lave les vêtements de ses clients en plein air et les fait sécher sur les vestiges de ce qui était son lieu de travail.

Près d’une dizaine de personnes sont mortes en deux jours de fortes pluies à Abidjan, dans les communes de Yopougon (ouest d’Abidjan) et Cocody. Une situation qui rappelle celle de 2014, où au moins 12 personnes ont perdu la vie dans la capitale ivoirienne.

Comme en 2014, les autorités ivoiriennes recommandent aux populations vivant dans les zones à risque de quitter les lieux.

MYA
Alerte info/Connectionivoirienne.net

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