Nouvelle loi sur la presse en Côte-d’Ivoire: Une grande imposture du RDR (par Silver Konan)

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Par André Silver Konan

La nouvelle loi sur la presse en Côte d’Ivoire est une grande imposture du RDR. Rien que par le bon sens, elle devrait être retirée, purement et simplement.

Ce qui me fait marrer, c’est que dans 3 ans, le RDR ne sera plus à l’Exécutif et au Judiciaire (on se comprend), et c’est à ce moment que la nouvelle loi sur la presse en Côte d’Ivoire, qu’il tente de faire passer, deviendra intéressante. Savez-vous pourquoi ? Parce que le délit par voie de presse, qui ne n’applique pas qu’aux journalistes, sera servi à ses cadres les plus critiques.

Cette loi qui promeut le recul, au lieu de contribuer à l’avancée démocratique, sera utilisée non seulement contre le RDR, mais contre les animateurs des médias proches de lui. Si c’est cela que les députés du RDR veulent, tant pis pour eux.

Ne vous associez pas à cette imposture !

Quant aux autres députés de l’Assemblée nationale, ceux du PDCI, de l’UDPCI, de l’UPCI, du FPI, de Lider et des Indépendants, je vous le demande avec insistance et respect: ne vous associez pas à cette imposture démocratique, elle n’est pas digne d’une démocratie du 21è siècle.

« PIQÛRE DE RAPPEL. EN 93, OUATTARA A FAIT ADOPTER LA LOI ANTI-CASSES, EN VISANT GBAGBO ET SON FPI. EN 99, C’EST CETTE LOI QUI A ÉTÉ BRANDIE PAR BÉDIÉ, POUR ENVOYER DES DIRIGEANTS DU RDR EN PRISON »

Petite piqûre de rappel. En 1993, Alassane Ouattara a fait adopter la loi anti-casses, en visant Laurent Gbagbo et son FPI. En 1999, c’est cette même loi qui a été brandie par Henri Konan Bédié, pour envoyer des dirigeants du RDR en prison. En 2003, Laurent Gbagbo a reconnu la compétence de la CPI, en visant Soro et ses rebelles. En 2011, c’est lui qui s’est retrouvé à la CPI.

Je n’ai même pas besoin de vous relater la morale de l’histoire, elle se décline d’elle-même. En fait, quand dans un pays, les autorités commencent à corser la loi sur la presse, c’est qu’elles deviennent de plus en plus agacées face à la critique. Aussi simple que ça.

Mais elles ne devraient pas parce qu’elles ont mieux à faire que de gérer des critiques, à savoir gérer un pays. Quand on arrive à l’agacement face aux critiques de la presse, alors que ce n’était pas le cas au début du mandat, cela veut dire qu’on développe soi-même un complexe.

De deux choses l’une: soit on travaille modérément mais on espère que la presse dise que tout est beau et bien dans le meilleur des mondes. Soit on communique mal sur ce qu’on fait, parce que d’une part, on le fait sans tenir compte des vrais besoins des cibles, d’autre part, en le faisant de façon inéquitable.

Dans tous les cas, un pouvoir qui veut restreindre les libertés de la presse et accessoirement celles des sans-voix qui utilisent le canal de la presse, pour donner de la voix ; est un pouvoir qui s’apprête à être davantage liberticide parce qu’il ne supporte plus la critique. Ceci n’est pas un bon signal. Je répète: ceci est un mauvais signal !

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